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INSTINCT NOCTURNE
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Écrit
par Baptiste Jacquet |
a été publié sous l'appellation
"Nuits Mobiles" jusqu'au
22 nov. 06 dans l'hebdomadaire
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MERCREDI 9 JANVIER
2002 _ #158 |
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Star
Rings zee Bell (chapitre deux)
Suite
du Spécial Rétro Nuit 2001. Après les
meilleurs clubs de l'année (Dark's, Medley,
Marquise), les personnalités (Reine Claude, Carla,
Gaelle Communal et Jérôme d'Art Canut)
et les bars (Vertubleu, Modern Bar et Buvette du
Pont Wilson), voici, en toute partialité, les fêtes,
les disques, les médias et les truands qui ont marqué
l'année.
Zee Festen
2001
aura été une année de farniente "à
la lyonnaise". À contre-courant du revival punky et
rude exploré dans les grandes métropoles européennes,
la ville s'est rétamée dans un Lounge vieillot et
pantouflard. Si Lyon a gagné de très beaux lieux (àKGB,
First, Mushi-Mushi, Seventh's, Millénium, Modern Art
Café, Type 34) qui ouvrent des perspectives de sorties autres
que la disco avec son miroir à chorégraphie ou le
resto à quenelles sur nappe vichy, il s'est en même
temps empatté dans une musique soft pour petite bourgeoisie
poseuse et peu festive. Difficile ainsi de trouver une grande fête
marquante. Restera gravé pour l'année, le mix néo-eighties
parfait de Miss Kittin à la soirée Archi
2001 (en mai). La fête de la musique avec le duo
3 mai sera dansée avec l'enthousiasme de funky people
et se posera comme un petit classique de bonheur et de délices
du 21 juin. Enfin, la Soirée des K de Lyon à
feu Cabaret Baroque rafle la mise de la nuit mondaine la plus déjantée (en
mars). Sans oublier la soirée inaugurale du Festival de Pérouges
à la Centrale du Bugey, verrouillée par la gendarmerie (en
mai), et le premier festival électro lyonnais, Aéronite (en
octobre), les deux fêtes hors sujet mais les plus mémorables
se trouvent loin des clubs locaux : Herbert fera plier
le Sonar Festival de Barcelone aux dernières heures de l'édition (en
juin) et le week-end organisé par Fred et Pierre-Le-Magnifique
dans leur ferme iséroise (en août) exaltera nos
tréfonds campagnards. Clignez des paupières.
Da music
Pour ouvrir grand les yeux sur ce qui tourna dans la tête en 2001 (et
pour encore plus loin), les boîtiers CD s'ouvrent sur les
incompris Daft Punk ("Discovery") et Basement Jaxx ("Rooty").
Suivent Felix Da Housecat ("Kittenz And Thee Glitz"),
les grenoblois Miss Kittin & The Hacker ("The
First Album") et l'intégral remastéré
des Pet Shop Boys (petit faible pour "please").
Médiamants
Heureuse
surprise que ce Belles et Bien, sur TLM. Ronny et toute son équipe
vous accueillent dans un univers féminin surfait et pimenté
de non-reportages. Le nec plus ultra du Blédina télévisuel
comatique à rediffuser d'urgence tous les soirs en fermeture
des programmes. Tapiole.com continue son bénévolat
internet avec toujours autant d'humour et de lite & sexy style.
Enfin, pour tous ceux qui se sentent à la traîne des
modes, Sleazenation demeure le mensuel le plus prétentieux
et adorable de la presse.
Zee Bells
Les
prétendants au titre de "grosse cloche 2001" se
bousculent et je ne sais par où commencer. Prenons l'inauguration
des Subsistances (en janvier) : dîner où
les colliers des bourgeoises tanguent sous les coups d'assiettes
au centre de la verrière suite à un service débordé
par le nombre des convives ; égos explosant des cultureux
en tous genres (surtout le mauvais) ou dancefloor vidé
prématurément. Autre moment, l'élection historique
de Gérard Collomb à la mairie centrale (en
mars) m'aura mouillé jusqu'ici dans un appel à voter
pour le candidat socialiste. Au final, je ne regrette rien de mon
engagement mais me pose la question : "Il est où
le changement ?". Plus fort, la Biennale d'Art Contemporain
se disperse sur trois lieux pour un ensemble linéairement
minable. Les organisateurs sauvent la face et croisent très
fort les doigts (bientôt l'amputation ?) pour ne
pas se faire piquer l'événement par Paris. Vient la
grosse cloche 2001 qui sonne des étrennes toujours creuses
pour Lyonpoupoules. com (mèrages), site Internet politiquement
partial et "people" auto proclamé. "Souris
à l'objectif et je ferais de toi une star-pouffiasse ou un
homme politique branchouille", le tout griffonné
au Tipex par quelques bimbos et commerciaux entre deux contrats
à deux zéros derrière l'euro. Ma première
rencontre avec Marco du sus-dit site résume à elle
seule le web-bug. Le "farmer" s'étonne en me croisant :
"je t'imaginais plus parisien". De loin la phrase
la plus stupide de l'année si l'on se pose la question :
"Parisien fréquentant Oberkampf ? Le Marais ?
Bastille ? Pigalle ? Les Champs ? Saint Germain-des-prés ?".
Depuis, le courrier des lecteurs du site (tenu par des "correspondants
maison") se déchaîne sur Nuits Mobiles dans un
style proche de celui de vieux réacs, lecteurs paumés
du Figaro. Presque flatteur au regard de ce que mon maître-nightclubber (Alain
Pacadis) se prit dans la gueule jadis ("ses papiers
sont écrits par son amant", etc...) Fermez les paupières
sur une nouvelle année, un nouveau chemin pour chacun.
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MERCREDI 16 JANVIER
2002 _ #159 |
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Tu
la fermes ou je t'empaille
L'atrium
de l'Hôtel de Ville s'ouvre sur une file d'attente qui s'allonge
jusqu'à la fontaine dans laquelle je pris jadis un bain clandestin
matinal avec Jean-Yves Augagneur, bourré comme un coin et
qui criait "Mais regarde enfin ! Regarde le portrait
de mon grand-père. Là, en haut, à droite".
Les voeux de Gérard Collomb, mercredi, rassemble le
Tout Lyon institutionnel dynamité par une foule de jeunes
créateurs. Il y a peu, les grappes de cristal scintillantes
du Grand Salon éclairaient invariablement des 60 ans et plus.
Pour ce nouvel an, cette réception se la joue "cigarettes,
champagne, un peu de marijuana et electronica" pour
pré-quadra. Nous croisons dans le désordre et dérangés
par des défilés de modes inopportuns qui se rythment
sur une musique euro-dance malvenue : Helena et Gregoire Roche, Michel Essertier de Rue Royale Architectes, Mon Épouse,
Christophe Montfort, Françoise Rey (qui me fait toujours
la gueule), Tornon (le regard bienveillant), Guillaume et son
amour protégé, ou Philippe Faure que je refélicite
pour son "Moi Tout Seul". "C'était bien
d'entendre Mirwais en fond sonore ?" se félicite
Jean-Pierre Bouchard. "Et puis, la petite odeur de
shit dans un salon à côté" surenchérit
Hubert Lafférière. Alors que Dj Fraggle s'apprête
à mixer et que le champagne s'est évaporé depuis
22h, je félicite Paul Satis (TLM) pour ses prestations
télévisuelles de qualité et en rajoute sur
Ronny et son merveilleux Belles Et Bien. "Vous me
dites ça au second degré" avance le journaliste,
persuadé que tout compliment en direction de son antenne
est une moquerie. Non, Belles et Bien se pose comme la meilleure
émission de la chaîne locale (on se taira sur
l'" humour" de Pascal Coulan ou le Lyon-clubimbos nocturne).
Nous clignons des paupières sur cette soirée rafraîchissante
en offrant à Kamel au Mushi-Mushi une rose blanche
chapardée à la maison-mère. Jeudi, au Modern
Bar, Christophe Boum devient jaune moutarde : "Hier,
je suis allé prendre un verre au Rouge-Gorge, rue de la
Bourse. Ce soir, la proprio me voit avec mon jeans de plâtrier
et me vire d'un "ici, on ne prend pas les ouvriers".
T'y crois ?". Hélas oui et souhaitons à
ce bar une courte vie. Vendredi, je me trempe la queue au Double
Side et enchaîne, sans y croire, trois mecs sur le skaï
d'un cabine. Clignez des paupières. À l'invitation
de Dj Arnie et Didier Lestrade, samedi, nous flashgordons
un TGV en direction de Paris pour courir un apéro à
La Fabrique enchaîné au vernissage du canapé
design "Diamond Sofa" de Edra au Le Bihan Show Room (rue
Faubourg Saint Antoine, quartier Bastille). Simple occasion pour
un siège tubé en plastique rose de se bourrer la gueule
entre arty people et fashion victims. Avant un souper au Café
De L'industrie, Le Bimb déclare forfait pour nous
rejoindre à la K.A.P.B de Lestrade : "Je suis
avec des amis et ils sont plutôt branchés pour
L'Élysée Montmartre : hétéros,
gens de pub et cocaïne". À la Boule Noire,
dès 0h30, la disco est à la limite du blindage. K.A.B.P,
c'est ça : une communication pointue et ciblée,
des djs intransigeants, un dancefloor paraffiné et un public
majoritairement gay mais près à danser sur tout ce
que Patrick Vidal malaxe. Peu après son mix "warm-up",
Roussia nous salue et part au bras de Romain. Dans un backstage
transformé en salon VIP pour journalistes et petites frappes
R'N'B, Patrick Thévenin (Nova, Têtu) me balance :
"Je ne comprends pas pourquoi tu me vouvoies. Pour
le papier un peu méchant écrit dans Têtu
sur Kylie Minogue, j'ai reçu des appels de mecs qui
voulaient m'enculer (c'est plutôt bien) puis me
casser la gueule. T'imagines si je touche à Madonna ?".
Plus loin, le journaliste amusant se gaufre : "Mon
truc, c'est de faire en sorte que chaque fois que je baise
avec un mec, il ai envie de me rappeler et qu'il le fasse."
Nous clignons des paupières sur une nuit dépaysante
et débarquons à 10h sur Lyon endormi. En soirée,
Mademoiselle B, pute dans tous ses états et couvant son caniche
dans ses bras, m'agrippe au Modern Bar. À chaque aboiement
de sa peluche vivante, la dame s'énerve et frappe :
"Tu la fermes ou je t'empaille. Les chiens, ça
doit se taire et juste remuer la queue quand ils sont contents".
Fermez les paupières.
Club
operator. Mercredi, Attila Sound System et Ghost
Note lutteront féroce à Dub Organic au Monde à L'Envers. Jeudi, Just A Taste
Of mélangera la deep
house insipide de Lea Lisa et le beaucoup plus inspiré Dj
Touch à L'Ambassade. Vendredi,
la techno "shpong-shpong" de Jeff Mills accouplée à l'électro plus raffinée
de Kiko au Fish rivalisera avec la bande latino des
Favela Chic, Spider et Rucangola au Transbordeur sous chapotage de
La Marquise. Samedi, Beauty invitera les soul-purists à danser
avec Allen et Manoo à L'Ambassade. L'américain dj
Spen sera la vedette et le Plan Vital de la Semaine du week-end à
la soirée Pure du Fish.
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MERCREDI 30 JANVIER
2002 _ #161 |
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Le
présent te ment
Jeudi
marque la reprise effective de la post-période de fin d'année.
Tous en sortie. La Galerie Houg prête sa Red Room
à la collection privée de Jérôme Vital-Durand.
Accompagné du peintre terrien et sexy Philippe Moncorgé,
nous buvons le projet du collectionneur pour un Hôtel-Dieu
"au quai recouvert de verdure jusqu'aux berges du Rhône.
Des galeries d'Art, restaurants, une crèche pour les touristes"
à nous faire rêver. Une coupe sur belles toiles nous
rapprochent d'un autre vernissage plus bruyant et mondain, moins
bourgeois. Le Rectangle ouvre l'exposition de Gérard Traquandi
sur de grands tableaux bleutés dont j'oublie la froideur
en jouant au lâché des "bonsoir, ça
va ?" plus ou moins sincères. Christophe Montfort,
en phase de débronzage montagnard, annonce l'arrêt
de sa collaboration avec l'Auditorium. Denis Trouxe avance
toujours une main conventionnelle et sèche alors que son
successeur Patrice Béghain me gifle d'un "vous
faites les vernissages d'art maintenant ?". Carla
et Z2 nous attrapent afin de se déguinder à la Galerie
Tator et son exposition alternative Sidesonic de Matali
Crasset. Un boomer en plastique gonflable jaune poussin crépite
de beats électro devant une pyramide rose désaxée,
ovni à classer entre le radeau pour voyage psychédélique
et le landau pour adultes inactifs. Étudiants aux Beaux-Arts
aspirent gobelets de rouge, expirent un brouillard de fumée
et s'essaient aux discussions présumées engagées.
Je chasse quelques turbulents pour une suite nocturne plus libérée.
Dans la rue, nous attaquons un Antonin inconnu qui patiente à
l'interphone d'un immeuble. Son allure de jeune homme "début
du siècle" me plaît autant qu'elle amuse Agnès
("il est tout mignon, le petit"). L'échevelée
en jupe-culotte roule sa provocation ("Les mecs me
prennent soit pour la gentille fille à pds, soit pour une
transsexuelle") avant de montrer ses seins au Comptoir
Saint-Hélène où Jean-René frise la crise
de nerfs devant notre agitation à faire valser les verres
à vin. Gaelle Communal, ultra-" vavavoum"
en robe blanche à plumes, et Jérôme d'Art
Canut se sauvent sur leur scooter puis notre groupe explose
à en perdre Carla. Au Bastringue, sur un plateau de fromage
et charcuterie allégé par un Busy Line sirupeux
de Rose Murphy, Philippe M. avance que "l'amour ne dure
que par la totale liberté que tu donnes à autrui".
Je prolonge : "la liberté de l'autre, c'est uniquement
ne pas projeter ses propres merdes sur lui, c'est la tranquillité
de soi" alors que Marie-Chantal s'énerve au portable :
"Vous avez dix minutes pour nous rejoindre à La Ruche".
Au bar, tout en classique, Julien-Justin ne se libère
toujours pas de ses "j'adooorre". Marie-Chantal aguiche
tous les clients ("Rodgers, enfin Roger, il a voulu me
piquer ma coupette"), le serveur ("Frédérique !!!!",
en hystérique, "Il a l'air li-bi-di-neux", la moue
en dégoût) pour finir par bécoter un bellâtre
à l'United Café. Nous clignons des paupières
devant Laurent Radix recouvrant de neige synthétique Florent
de La Table d'Hyppolite, en surchauffe et allongé au milieu
du dancefloor. Vendredi, Rue Royale Architectes commet la première
belle fête de l'année et se moque des castes :
Sophie Descroix (M6), Anne et Pierre Obrecht, Gilles
Buna, Christophe Boum et Primabella, Jean-Pierre
Bouchard, Paul Satis (TLM) au bras de Philippe Chaslot,
Helena et Gregoire Roche, Gaelle qui sort son
Eric "sympathique" Thouvenel de cousin, Elie et Jérôme
d'Art Canut, Emma et Alain Turgeon, Carla, Vincent
Carry (Lyon Poche), Jean-Luc du Vertubleu et tous les borderliners
de la ville se brassent dans un carré d'expos authentiques
et belles (les photos de nus "boisés" d'Olga
Mansilla, la pièce rouge en courbes et lumières des
Art Canut ou les dizaines de papillons plombés dans la cour
de l'immeuble). Laconque me fait sortir de ce brillant événement
et je me retourne une dernière fois sur l'installation grandeur
nature de Laurent Vailler : une image en livre-relief pour
enfant où Fred de Boccard fait face à un coucher de
soleil rougeoyant, son chien assis à ses côtés
et tenu en laisse par une guirlande électrique. Un petit
effet Forrest Gump, une immensité de poésie naïve.
Au Mushi-Mushi, Laconque s'épanche en mangeuse
d'homme sur Kamel alors que j'attire un Benjamin, curieux anglais
de 1m95 aux yeux doux et à l'accent exotique qui "ne
joue pas dans la même équipe" (présumé
hétéro). Nous l'embarquons pour fermer un Funambule
heureux et transpirant d'afro beats et clignons des paupières
au Medley où la beauté de Benjamin fera tourner
les yeux de Line et des effrontés Pascal et Laurent. Samedi,
ce ne sont ni les caprices de Sylvain assis sur le comptoir de Tombé
du Ciel, ni le regard joueur de Carla ou encore mon entrejambage
imprévu de Philippe M. et Marie-Charlotte toujours en
survolt ("Demain, on va à la messe et à
midi, je fais une purée maison. Cette nuit, on partouze"),
ni l'invitation à un dimanche à la campagne ("très
Philippe M." selon Julien-Justin) qui me relèvera
de cette jolie semaine. Fermez les paupières.
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MERCREDI 06 FEVRIER
2002 _ #162 |
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En
mimant Dean Martin
Mardi,
Gaelle Communal en bob ciré rouge et Jérôme
d'Art Canut, qui étrenne sa nouvelle chemise trempée
dans un velouté de groseille, m'accompagnent à la
petite fête organisée par Cricri, ami rare,
pour le 200e numéro de son Petit Bulletin. Mon Épouse
attaque direct sur une nouvelle "embrouille" suite à
un name-dropping dans Nuits Mobiles. Super Pénélope
et Julien Micro-P. m'achèvent après seulement deux
cuillerées de paella : "Jamais tu nous appelles ?
Puisque c'est ça, je te fais la gueule" feint Super
Pénélope avant de rire : "J'ai surpris
Julien en train de regarder Belles et Bien". Pulsé par
des bleeps eighties, je m'évade quelques minutes avec Françoise
Rey pour parler d'amour, d'amitiés, d'un coeur qui vibre
fort, ou souhaiterait vibrer plus fort. Je baise et rebaise à
compter mes coups comme un couple amoureux compte les jours, puis
les semaines, voire les mois, de bonheur partagé. Peu importe,
ma vie n'est ni déprimante, ni navrante. Juste trempée
d'un joyeux cynisme, d'un façading incassable. Après
l'invitation faite par Carla pour Je Crois au Théâtre
des Ateliers, Super-Pénélope se déchaîne
en petite peste jalouse : "Oui, et à La Croix-Rousse,
tu ne viens jamais !". Philippe Chareyron, comédien
et "père de famille" ébouriffé, se
place dans la provoc sexuelle ("Viens aux Subsistances
à partir du 11 février. Je serai nu pour Rire
de Gorges Deployées") sous le regard effilé par
un sourire de Jean-Paul Brunet. Cricri rase les murs,
muet, et après salutations de Petit Poucet, je cligne
les paupières sous perfusion du "Is that your boyfriend ?
Is that your boyfriend ? Is that your boyfriend, it was last
night ?" de Me Shell N'degéocello. Dissertation
autour du mot "projet commun", mercredi, sur un dîner
au Café de la Mairie (quai Pierre Scize) en compagnie
de Tornon, homme d'une douce amourette, toujours aussi affectueux
et attentionné. C'est quoi un projet commun dans un couple ?
La maison ? La voiture pour les vacances ? Mon projet,
c'est le présent. Ma mère passa ses dix dernières
années à retaper une grande ferme pour finir coffrée
"Six Feet Under", quelques mois après l'occupation
présumée définitive et paisible de son "projet".
Une nuit, il y a quinze jours, Albert, beau gaillard, glisse sous
une barrière de sécurité en moto et sa vie
bascule. (Babby du Modern Bar, Christophe Boum
et Primabella, tous, nous pensons à toi, Albert, et
te souhaitons une nouvelle vie, forcément un peu pas pareil,
forcément tout aussi enjouée). Cligner des paupières.
Vendredi, l'adaptation du Je Crois d'Emmanuel Bourdieu par Denis
Podalydès au Théâtre des Ateliers dérange
d'intelligence. Le mot "projet" revient au galop dans
la folie jusqu'au-boutiste partagée par un frère et
sa sur à travers leur jeu du "je" deviens "tu"
et inversement. Cette petite "projection" du Soi sur l'Autre
déteint sur le spectateur, à sortir de la représentation
un peu changé, beaucoup troublé. Tout s'accélère
au Mi Mots Arts où Carla et Z2 écrasent trois
mégots avant de courir plus loin. Laconque surveille
l'arrivée de Géant Benjamin lorsque Mon Épouse
et Marie-Eve s'installent : "Nous sortons des Ateliers.
N'allez pas voir La Cheminée. Le genre de pièce où
tu regardes ta montre ou pique du nez." En cuisine, Jean-Marc
manie les poêles en chantant. Tartine nous frappe d'une "châtaigne"
à haut degré de chauffage dans de trop grands verres
pour finir sobres. Après courtage du bouquet de lavande de
Jean-Marc à Wonderful Kamel au Mushi-Mushi, Laconque
freine l'entrain dans un United Café qui soupire de
jeunes minets de Bourg-En-Bresse, gays post-pubères en crise
"Madonna-Mylène-L5" identitaire. Clignez des paupières.
Acoudé au bassin, sur le ventre, le corps laisse pousser
sa jambe jusqu'à ma cuisse et, de frôlements tests
subaquatiques en frottements sûrs, nous déplongeons
du bain à remous pour verrouiller une douche à clé.
Samedi, au Double Side, je bouffe du sexe faible et joue
au jeu aisé de mes partenaires : branle, suce, sodomie
et au suivant. Fascinant. À 4h, le Medley danse dans
tous les recoins. Fabrice s'accroche à mon cou et me vole
un french kiss défensif. Line me tanne ("Chéri,
il faut que tu écrives quelque chose sur moi") lorsque
je m'aimante à un Mathieu étrange. L'homme recadre :
"Tu m'as déjà abordé, il y a peu et tu
as été assez désagréable. Tu voulais
m'apprendre à ne pas danser "comme un nigaud" sur
la techno. Danser sur du huit temps". Nous prenons en témoin
une jeune comédienne et Mathieu se lance dans la romance
de La Belle du Seigneur ("Solal a trois heures pour conquérir
Ariane avec "il de merlan puis saut de carpe"). Tandis
qu'il perd le fil de son jeune convoité plaqué contre
un grand rustre, que notre drunky comparse continue dans le littéraire ("Je
vais jouer une adaptation de Risibles Amours de Kundera"),
je pose les yeux au bout du comptoir où deux travelottes (lookées
Demis Roussos) ferment les paupières.
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MERCREDI 13 FEVRIER
2002 _ #163 |
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La
nuque surlignée
Le
Café Bellecour disserte autour du thème "la mode
gay existe-t-elle ?" pour un nouveau rendez-vous des "cafés
de la Mode" de Nadine Gelas. Occasion, ce mardi,
de retrouver Claire, princesse absente de mes nuits depuis plusieurs
semaines. La machine à découdre pique chiffons sur
chiffons et se tord l'aiguille sur "Et la mode lesbienne ?
Qu'en est-il ?" Nous décrochons de ce débat qui
patine dans le vide et marquons un arrêt au Modern Bar
(rue Thomassin, quartier République). Le comptoir se chauffe
aux discussions pré-électorales où je cale
mon premier bulletin pour... François Bayrou. "Vous
allez faire croire que c'est du dernier chic que de voter centriste
?" se moque ma Princesse. Non, votez Bayrou, c'est voter mou,
sans danger idéologique. Un choix propre et sans incidence.
Le genre de vote que l'on ne risque pas de regretter (enfin, je
n'en suis pas encore sûr). Nous prolongeons les échanges
politisés Chez Carlo (rue des Quatre-Chapeaux, quartier
Cordeliers), pizzeria de haute qualité avant de cligner des
paupières. "Les chiottes sont propres + jupe en jeans
+ parfum + Petit T-Shirt" s'inscrit sur le portable, jeudi.
Laconque invite Géant Benjamin pour un dîner
en tête-à-tête pendant que Sébastien C.
s'enfonce dans les profondeurs du cul, attablé au Café
203 : "C'est clair qu'à La Jungle tout
n'est pas nickel. Les mecs baisent devant tout le monde sur les
canapés du bas..." Rien de surprenant. Le bordel
gay sent le sexe et se révèle excitant (et surtout
pas "glauque") pour ça. Nous clignons des paupières
au Funambule. Seek Julien se défend toujours de sa
carrure massive par une pirouette : "Mon sport, c'est faire
l'amour". jeudi,
Tombé du Ciel (rue du Port-du-Temple, quartier République)
croule sous de gentle people pour son cinquième anniversaire.
Chatte Rouge enrôle de beaux gaillards sous des tubes frenchies
intemporels après une petite prise de température
: "Ce soir, j'étais invitée à un Trivial
Pursuit sexe mais j'ai décliné l'invitation. Je ne
suis plus dans une phase de consommation sexuelle compulsive".
Plus avant : "Le film de Daniel Carlin (dans lequel Chatte
Rouge est sujette à portrait sur sa sexualité "particulière"
-ndrl) sort le 15 avril dans les salles". Julien Micro P.
décrit ses fantasmes sur affiche publicitaire devant Carla,
le regard brillant et magnétique à rendre aveugle
tous ceux qui l'approchent, et un Z2 comme absent, perturbé.
Philippe Moncorgé me galoche menotté à
une rose blanche givrée dans une feuille de plastique "glaciale"
offerte par Marie-Charlotte. "Je crois que nous sommes amoureux"
s'enivre le peintre. "Tu ne m'as pas demandé mon
avis ?" rechigne d'un coup de tête cabotin Marie-Charlotte
pour ajouter, en fin de parcours : "Allez, on rentre. Je dois
te sucer". Un frottis du bas-ventre sur Asstouch m'encourage
à fermer L'ambassade, rayonnant de bulles blanches lumineuses
projetées par une boule à facettes statique. Un clignement
de paupières sur un "Stand By Me" à frissons
repris par Nikko sur le Paris Dernière - Volume 2 (Disques
Naïve). "Nous sommes les pédettes du bar"
officialisent Anne-Lise (On Stage Production) et Laconque
à l'apéritif-anniversaire de Christophe Boum.
vendredi,
le Modern Bar se saoule de charcutaille et des élans
"dalidesques" de René : "Pour ne pas vivre
seule...". Ta gueule en roulant les "r" ! Laconque
s'autocongratule : "Je n'ai pas couché avec Géant
Benjamin. Nous nous sommes juste embrassés. C'est romantique,
non ?" Romantique tel le dîner chez Koutoubia
de Guillaume attendri par Loïc ou de Sébastien C. drunky
surpris par le franc-ressenti de Shéra, fabuleuse serveuse
en quête permanente de l'amour accrocheur. Une danse sur le
"Petit Bal Perdu" de Bourvil pour clore le Mushi-Mushi
de Wonderful Kamel par çi, une eau de vie giffleuse au Mi
Mots Arts où Jean-René du Comptoir Saint Hélène
se déchaîne dans la fausse méchanceté,
par là et nous chutons au Medley. Christophe Boum
et Primabella achèvent la nuit par frottements sexy
éthyliques sur tout ce qui bouge lorsque je cligne des paupières.
Même club, samedi,
je balance deux anciens ASSA (Amant Sans Suite Amoureuse) sur le
sexe de Yann pour m'enticher d'un Alexis distant et beau. Dans un
dernier sursaut, l'homme m'accompagne pour un café en appartement.
A la renverse, je suis de ma langue le chemin dessiné par
ses cheveux sur une nuque qui s'abandonne. Un long moment tendre
où nous fermons les paupières alors que Vanessa Daou
susurre "I think Of You. I think of You, On sunday afternoon".
Rendez-vous. Jeudi,
Dj Seek flambera les platines de La Marquise pour l'hebdo
Pack The Buzz avec tous ses amis. Vendredi,
le Voxx-Mushi-Mushi's crew inaugurera le restaurant des Subsistances.
On ne sait pas encore quel est le nom de ce nouveau repère
ni si un pot est prévu. A voir. Samedi,
Mo'Horizons fera valser La Marquise de musiques funky et
soul.
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MERCREDI 20 FEVRIER
2002 _ #164 |
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Force
est l'obscurité
A
quatre pattes dans un cube en verre, nous narguant derrière
une vitre sans teint, projetant leurs corps au sol, se tabassant
la tête contre la vitre... les acteurs de Gorges Déployées
balancent entre le narratif et le sensitif dans un juvénile
bordel. Aux Subsistances, mardi,
la Compagnie Haut et Court tente de nous faire "rire"
et de jouer avec "l'obscénité". Mal tombée.
L'ensemble tourne dans le gentillet godiche sans poser question,
pire, imprime aucune émotion sur le spectateur. Mathieu se
tait sur le chemin du retour : "Je n'ai rien à dire
pour l'instant au sujet de cette représentation. Je devrais
?". Nous nous attelons au trio féminin Mon Épouse,
Marie-Êve et Karine autour d'une table à La
Gousse d'ail (place Sathonay, quartier Terreaux), dressée
pour les thèmes "le secret que tu sais mais ne dois
pas dire" ou "Pour qui voter au premier tour de
la Présidentielle ?". Les petits yeux curieux et
en perles, Mathieu suit nos échanges agrémentés
d'un service en salle glacial. "Nous vous avions prévenu
que c'était un mauvais plan que de venir dîner ici"
confirment Mon Épouse et Fred C. Clignez des paupières.
Dans la série "sortie culturelle nocturne décevante",
nous persistons au Modern Art Café, jeudi,
au vernissage de l'expo d'Olivier Auguste. Voilées de tissus
blancs perforés pour laisser apparaître quelques morceaux
de chair, les oeuvres se découvrent en une double pénétration
et un clitoris béant sans véritable surprise ou malaise.
"C'était mieux avec le voile" rit un beaux-ardeux
affairé à buter les préservatifs en bodruche
qui se retirent du plafond. La notion de "transparence"
agite mon cerveau : Pourquoi demandons-nous à Tout voir,
Tout comprendre ? Les médias nous décortiquent leurs
travaux internes et le fonctionnement des sociétés.
Les habitants de grandes cités demandent à être
surveillés, prêts qu'ils sont à se faire scanner
par de sales caméras. On dépouille du regard son environnement,
tout en se laissant dépouiller. Que faisons-nous de l'obscur
? des ombres ? du pudique ? Pas trop pudique devant Mathieu que
je harcèle ("le romantisme, ça va une semaine.
Mais si nous ne couchons pas ensemble d'ici dimanche, ciao")
sous les rires de Super Pénélope et Julien
Micro P. Au comptoir, les verres s'accumulent. Jean-Pierre
Bouchard et Patrice Béghain y vont de concert
sur "C'est vous qui avez laissé entendre dans vos
colonnes que j'étais un grand nightclubber ?" trinque
l'adjoint à la Culture. "Hubert Lafférière
l'a mauvaise : Il s'afficherait partout où il ne faudrait
pas ?" complète Monsieur Nouvelles Musiques. Non,
disons que Hubert Lafférière se charge de la besogne
nécessaire des Lyon Clubbimbos (sur TLM) et Lyonpoupoules
(sur le net) pendant que la paire fréquente les milieux un
peu plus undergrounds et branchouilles. Le trio municipal couvre
ainsi toute la nuit locale (j'oublie volontiers Thierry Braillard
car son pôle d'action semble trop complexe à définir).
"Tu fais trop de lèche aux politiques" me
pique Marie-Êve. Non, j'ai juste une réelle
sympathie pour l'adjoint à la culture. Z2 hurle en levant
un verre, coiffé d'un slip logoté "No Sex
Is Sex ?" devant Carla en échange théâtral
avec Tornon. Un sourire à Helena et Gregoire Roche pour courir se faire refouler Des Demoiselles de Rochefort
malgré une confirmation de Super-Pénélope ("C'est
bon. Il y a de la place. Venez" au portable. "J'ai
honte : ils ne servent plus" in situ). A La Luz (rue des
Feuillants, quartier Terreaux), nous savourons assiettes de jambon
et rillettes. Tornon boit le verbe malin et alerte de Mon Épouse.
Mathieu joue au pingre provocateur ("Des trois vins que
nous avons goûté, lequel est le moins cher ?")
sous une musique loungy indigne du restaurant basque. Clignez
des paupières. vendredi,
en compagnie de Christophe Boum, Laconque roule des
hanches au Mushi-Mushi dès l'intro du générique
de Dallas masterisé par Nassaboy. "Ce sont
ses disques d'enfance ou il les a acheté exprès"
s'exalte Christophe. "Je l'ai mais pas ici" fièrace
Nasser lorsque je demande à Junior s'il possède "Fantasy"
de Mariah Carey, l'un des morceaux les plus putassiers jamais enregistrés
en R'n'B. Tendre Shéra de Koutoubia nous rejoint pour
un Medley obligé. Michel Essertier y cligne
des paupières le torse cabré sur le dancefloor. La
nuit a depuis longtemps ôter son voile obscur lorsque je ferme
les paupières enfin mis en sommeil par un long album de Fréhel,
cru et réel, au son crépiteux et musique désuète.
Facile
à danser. Jeudi,
Get Alive réunira les djs John Thomas, Agoria et Oxia au
Fish. Vendredi, les marteau-pick-uppers de Manu Le Malin,
Torgull et Gaston bastonneront au Monde à L'Envers. Pour
L'Ambassade, ce sera un combat house versus R'n'B soit Thomas
Villard en ping-pong avec Samir. Samedi, Lyon New wave donnera
dans la musique des années 80s (version pop) au Woodlands.
Au même moment, Enjoy People avec Lynn Jordan, D-Troy, Chup's
et Mc Dave amusera le Transbordeur. Le disc-shop Eardrum
fêtera son anniversaire avec Luigi, Olive (et invités)
au Ninkasi-Kafé.
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MERCREDI 27 FEVRIER
2002 _ #165 |
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Tout
commence par un E
Emmerdes,
ce mercredi
avec une nouvelle rechute dans le rhume qui fait mal. À Lax
bar, Sébastien C. s'exerce au chattin gay avant de faire
défiler les petites annonces et finir par poster en ligne
une demande en mariage gentille et loin de sa réalité
de serial fucker. Clignez des paupières. Embrasser Claire,
jeudi,
au Comptoir de La Bourse (angle rue Gentil et rue de
la Bourse), nouveau repère savamment tenu par un Fabien volontaire
et aux petits soins pour une clientèle jeune et jolie. "Je
ne suis pas faite pour souffrir. C'est la raison pour laquelle je
ne suis pas amoureuse de Mezzont malgré la longévité
de notre relation. Vous savez, être amoureux, je pense que
ça se décide. À un moment, dans une histoire,
le choix se présente. Il n'y a pas d'amour surprise."
avance Claire après ma détermination de "juste
tomber amoureux pour les sensations. Après la longévité
et le devenir du couple, je m'en fous. Je ne pense ni vouloir vivre
avec quelqu'un, ni en être capable". Nous rejoignons
Elodie Bouesnard au vernissage de la galerie Néon (41,
rue Burdeau, quartier Pentes). Jérôme Loisy expose
de grandes toiles virginales piquées de stries en relief
qui nous plongent dans un univers sableux et pur. Un "J'aime
le désert parce que c'est propre" de Peter O'Toole dans
Laurence d'Arabie me souffle aux oreilles. "Je pars, il y a
trop de beaux hardeux et d'intermittents du spectacle" cligne
des paupières ma princesse. Enivré par un dîner
dansant chez Christophe Boum et Primabella, samedi.
Laconque se lâche dans des chorégraphies SM.
La ravissable joue de sa ceinture militaire sur le visage de Christophe
et ondule sur l'éternel "Touch Me In The Morning"
de Diana Ross. Stéphane B., hilare, nous entraîne au
Medley. Ennui d'Envie en pleine nuit du jeune homme :
"Je ne peux pas vivre seul. Je sais que, pour mon équilibre,
il me faut quelqu'un" pendant que j'exécute un croche-corps
sur Julien, vif et "hétéro mais ça ne
me dérange pas que tu me touches le cul". Les poings
de Christophe Boum tente de se protéger sur deux proies
inoffensives et nous tirons le colosse hors du club pour fermer
les paupières.
6
millions de pintades... Où presque.
Jeudi, dès 20h, à l'AX bar (angle rue Coysevox
et René-Leynaud, quartier Pentes), tapiole.com fêtera
ses 20 000 coups torrides... pardon, connections. Pour information,
chers Ab et Fab (les deux dépositaires de ce site de
folles en tutu fushia, ndrl), sachez que, pour bien la moitié
de ces clics énergiques, c'est Christophe Boum et
quelques amis co actifs de Nuits Mobiles qui ont fait exploser le
compteur. Alors, messieurs, il faudra bien nous arroser au bar et
promis, nous danserons sur les tables aux rythmes des Frankie Goes
To Hollywood et tous les tubes eighties prévus pour cette
soirée. Plan "chéri, j'ai oublié mon stérilet"
de la semaine.
Last nite a dj
died on my knife. Beaucoup imaginent
la nuit comme une bulle superficielle et éloignée
des réalités diurnes. Pourtant, l'économie
la pénètre lorsque, par temps de crise, l'ostentatoire
des magnums de champagne s'enveloppe dans une serviette presque
honteuse où, pendant les périodes fastes, les cartes
AmEx se dégainent plus vite que la fonte d'un glaçon.
Simple phénomène cyclique. De façon plus complexe,
s'y imbriquent les cultures et modes de vie. Ces quinze dernières
années, deux événements se sont ainsi invités
simultanément dans les fêtes nocturnes : le sida
et la house-music (ou techno pour les impures). L'histoire
ne dit pas si la vermine a engendré la révolution
musicale. Elle a sûrement remanié les dancefloors jusqu'alors
au service de la drague pure et du sexe plus ou moins facile. La
club-culture s'est fait rogner par la dj-culture, le sexe bouffé
par la défonce musicale. Aujourd'hui, le balancier repart
dans l'autre sens : à force de se la jouer "artiste-star",
élitiste, musical frimeur, alors que la vulgarisation du
"job" invite les MK2 à tourner sur les plateaux
télés et dans les pubs, le dj redescend de son piédestal.
Le désir de fêtes, de déconnades et de variétés
renvoie le dj servir les plats dans les bars et restos loungy pour
Riris (aka les Ringards Riches) ou dans la dégénérescence
consanguine de blancs-becs en free-parties. Un comble pour une House
Nation à l'origine subversive et festive qui a appris aux
clubbers l'exigence du bon son et d'une musique de qualité
mais en a oublié sa légèreté et son
non-sérieux en se supermarketant. Restent et resteront les
djs les plus tarés, psychédéliques, étrangers
au formatage rock et défenseurs de l'originel désordre
propre au mouvement : mélanger et faire danser avec
le sourire (avec ou sans extas). Dans cette catégorie, Laurent
Garnier, ce vendredi au Fish, assume sans faille le poste de
Godfather de la house française. Ceux qui associent Garnier
à "techno" tendront l'oreille : beats techno certes,
mais esprit typiquement housy. Spirit still alive. Plan Vital de
la semaine.
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MERCREDI 06 MARS
2002 _ #166 |
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R-atchoum.
Dans notre précédente édition, suite à
un visionnage répétitif du clip-publicitaire de Kylie
Minogue pour les sous-vêtements Agent Provocateur, le service
PAO a doublonné un ancien Nuits Mobiles dans un élan
trop vigoureux de la main gauche. Mille excuses aux quelques fidèles
lecteurs ainsi qu'à Paul Satis et Jérôme d'Art
Canut pour une photo du journaliste de TLM légendée
du nom du décorateur.
I've
tried the perfect kiss but failed in a perfect mix.
Mardi,
Super Pénélope m'invite au vernissage de la
galerie Le Réverbère pour un accrochage photographique.
"Je n'ai pas eu que des cons comme ex-amants" démontre
la grande brune devant les clichés géants de son ex,
Eric Aurol. Plusieurs artistes nous agitent la rétine dans
une exposition où se côtoient bonnes idées et
déclinaisons discutables. Mathieu parcourt les salles sans
entrain avant un souper chez Super Pénélope
et Julien Micro P.. S'est-on déjà dit
"mais qu'est-ce que je foutais avec elle/il ?" après
une rupture amoureuse ? Selon le couple, il y a toujours eu
un intérêt dans leurs amours passés respectifs
alors que mon dernier Homme m'a plus poussé vers un comportement
réactif qu'une impulsion vers l'avant. Ainsi, oui, je me
demande encore "qu'est-ce qui m'attirait chez lui mis à
part le cul et l'affection que je lui portais et porterai pour toujours".
Clignez des paupières. "Hier, Carla est venue avec
Z2 à mon anniversaire. Elle est vraiment superbe et bien
roulée" s'égosille, d'un verre de vodka basculé,
Hubert Lafférière. àKGB ouvre son site
"révolutionnaire" par un "Apéro Siberie"
et l'adjoint féru des soirées "poupoule"
commet une pirouette : "Si un mec me prends en photo,
que veux-tu que j'y fasse si, ensuite, il la publie dans ses pages
clubbing ? Et puis, je n'ai jamais été dans Métro-Lyon".
Mathieu tente le jeté de verre dans le potager du Cercle
Souping tout en décryptant l'attitude des invités
présents : "Tout ces gens me font penser à
une sorte de secte. Pour y être accepté, faut-il faire
preuve de mimétisme ?" Pas de réponse
si ce n'est qu'ils semblent s'amuser à jouer les casseurs
de verres en phase pré-éthylique. À La Marquise,
les étudiants bougeottent sur les chansons présumées
à textes de Thérèse. La visite éclair
sur la péniche-en-variétés nous fait grimper
à Lax Bar pour la soirée Tapiole. com Spécial
20000 coups pardon, connexions. Ab et Fab, folles driveuses du site
"fabulous", nous penchent le nez dans un sniffage intensif
du molotov "Perrier + Poppers" à nous boomer
le coeur et agrandir la bouche de rires idiots. Reine Claude
couve Lynx, toujours aussi vavavoum, qui n'a "pas d'adresse
e-mail. L'ordinateur, je ne le touche jamais si ce n'est lorsque
je le dépoussière. Là, je passe uniquement
entre les touches". Mathieu me dispute les faveurs d'un indécisexuel
jusqu'à ce que le croche-corps n'aboutisse plus qu'en un
lourd et fatigué clignement de paupières. vendredi,
Mon Épouse, coiffée d'un bob ciré rouge
et de pluie goutellée, se réfugie au Comptoir de La
Bourse pour un apéritif, pré-marathon nocturne interminable.
Les bulles de ma bière éclatent dans ma gorge sous
les gestes élégants de ma promise. Nous retrouvons
Guillaume et Loïc à l'Hôtel de Ville lors de la
remise de médaille de la Ville aux patineurs Marina Anissina
et Gwendal Peizerat. Toujours une provocation tiltante aux lèvres,
Patrice Béghain me sourit un "vous devenez un
habitué des Palais de la République". Guy
Darmet, scotché sur la rediffusion sur 16/9e des prouesses
"chevelues" du duo gagnant, imagine faire danser la paire
lors du prochain défilé de la Biennale en septembre,
"de là à installer une patinoire sur un char"
Au Fish, Voilalyon. com débute son premier anniversaire sur
un cocktail dînatoire où nous croisons Marie Rigaud
en pré-bouclage du prochain Festival de Musiques Baroques,
le très chic et élégant Christian-Johan Bégaut
ou Renaud Jocteur qui roule des yeux pour Laconque. Super
Pénélope ajuste son regard : "Une fille
comme Laconque, il en existe pas deux à Lyon. Tu as
vu son allure" et lâche l'incompréhensible "elle
fait très parisienne". Nous nous amusons avec la caméra
des Néolab en tournage-commandé pour le site de France
Telecom avant d'affronter le dancefloor. Les départs s'égrainent
sur des "On ne peut plus supporter ces blaireaux". Pourtant,
si la clientèle du bateau n'est plus à décrire
dans sa beauferie en "bouteille-sur-table", Laurent
Garnier se fout de ce monde de trainspotters-frimeurs dans un
mix parfait. J'essaie toute la nuit des baisers parfaits sur mon
amour perdu, Patrick, à me réoxygéner le corps
et me libérer l'esprit en extase sur un "Emerge"
des Fisherspooner. Acid House, disco, electro néo-eighties,
drum'n bass, le godfather de la house française accélère
le battement de jambes local. À Jean-David Perthuis, questionneur (et
beaucoup plus adouci et raffiné que jadis), je concède
sur le 6h : "C'est terriblement bien". Le booker-restaurateur
me lance : "Danse alors". Fermez les paupières
sur des pupilles émerveillées.
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INSTINCT NOCTURNE
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Écrit
par Baptiste Jacquet |
a été publié sous l'appellation
"Nuits Mobiles" jusqu'au
22 nov. 06 dans l'hebdomadaire
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