INSTINCT NOCTURNE

Écrit par Baptiste Jacquet
a été publié sous l'appellation
"Nuits Mobiles" jusqu'au
22 nov. 06 dans l'hebdomadaire

 
MERCREDI 9 JANVIER 2002 _ #158
 

Star Rings zee Bell (chapitre deux)

Suite du Spécial Rétro Nuit 2001. Après les meilleurs clubs de l'année (Dark's, Medley, Marquise), les personnalités (Reine Claude, Carla, Gaelle Communal et Jérôme d'Art Canut) et les bars (Vertubleu, Modern Bar et Buvette du Pont Wilson), voici, en toute partialité, les fêtes, les disques, les médias et les truands qui ont marqué l'année.

Zee Festen

2001 aura été une année de farniente "à la lyonnaise". À contre-courant du revival punky et rude exploré dans les grandes métropoles européennes, la ville s'est rétamée dans un Lounge vieillot et pantouflard. Si Lyon a gagné de très beaux lieux (àKGB, First, Mushi-Mushi, Seventh's, Millénium, Modern Art Café, Type 34) qui ouvrent des perspectives de sorties autres que la disco avec son miroir à chorégraphie ou le resto à quenelles sur nappe vichy, il s'est en même temps empatté dans une musique soft pour petite bourgeoisie poseuse et peu festive. Difficile ainsi de trouver une grande fête marquante. Restera gravé pour l'année, le mix néo-eighties parfait de Miss Kittin à la soirée Archi 2001 (en mai). La fête de la musique avec le duo 3 mai sera dansée avec l'enthousiasme de funky people et se posera comme un petit classique de bonheur et de délices du 21 juin. Enfin, la Soirée des K de Lyon à feu Cabaret Baroque rafle la mise de la nuit mondaine la plus déjantée (en mars). Sans oublier la soirée inaugurale du Festival de Pérouges à la Centrale du Bugey, verrouillée par la gendarmerie (en mai), et le premier festival électro lyonnais, Aéronite (en octobre), les deux fêtes hors sujet mais les plus mémorables se trouvent loin des clubs locaux : Herbert fera plier le Sonar Festival de Barcelone aux dernières heures de l'édition (en juin) et le week-end organisé par Fred et Pierre-Le-Magnifique dans leur ferme iséroise (en août) exaltera nos tréfonds campagnards. Clignez des paupières.

Da music

Pour ouvrir grand les yeux sur ce qui tourna dans la tête en 2001 (et pour encore plus loin), les boîtiers CD s'ouvrent sur les incompris Daft Punk ("Discovery") et Basement Jaxx ("Rooty"). Suivent Felix Da Housecat ("Kittenz And Thee Glitz"), les grenoblois Miss Kittin & The Hacker ("The First Album") et l'intégral remastéré des Pet Shop Boys (petit faible pour "please").

Médiamants

Heureuse surprise que ce Belles et Bien, sur TLM. Ronny et toute son équipe vous accueillent dans un univers féminin surfait et pimenté de non-reportages. Le nec plus ultra du Blédina télévisuel comatique à rediffuser d'urgence tous les soirs en fermeture des programmes. Tapiole.com continue son bénévolat internet avec toujours autant d'humour et de lite & sexy style. Enfin, pour tous ceux qui se sentent à la traîne des modes, Sleazenation demeure le mensuel le plus prétentieux et adorable de la presse.

Zee Bells

Les prétendants au titre de "grosse cloche 2001" se bousculent et je ne sais par où commencer. Prenons l'inauguration des Subsistances (en janvier) : dîner où les colliers des bourgeoises tanguent sous les coups d'assiettes au centre de la verrière suite à un service débordé par le nombre des convives ; égos explosant des cultureux en tous genres (surtout le mauvais) ou dancefloor vidé prématurément. Autre moment, l'élection historique de Gérard Collomb à la mairie centrale (en mars) m'aura mouillé jusqu'ici dans un appel à voter pour le candidat socialiste. Au final, je ne regrette rien de mon engagement mais me pose la question : "Il est où le changement ?". Plus fort, la Biennale d'Art Contemporain se disperse sur trois lieux pour un ensemble linéairement minable. Les organisateurs sauvent la face et croisent très fort les doigts (bientôt l'amputation ?) pour ne pas se faire piquer l'événement par Paris. Vient la grosse cloche 2001 qui sonne des étrennes toujours creuses pour Lyonpoupoules. com (mèrages), site Internet politiquement partial et "people" auto proclamé. "Souris à l'objectif et je ferais de toi une star-pouffiasse ou un homme politique branchouille", le tout griffonné au Tipex par quelques bimbos et commerciaux entre deux contrats à deux zéros derrière l'euro. Ma première rencontre avec Marco du sus-dit site résume à elle seule le web-bug. Le "farmer" s'étonne en me croisant : "je t'imaginais plus parisien". De loin la phrase la plus stupide de l'année si l'on se pose la question : "Parisien fréquentant Oberkampf ? Le Marais ? Bastille ? Pigalle ? Les Champs ? Saint Germain-des-prés ?". Depuis, le courrier des lecteurs du site (tenu par des "correspondants maison") se déchaîne sur Nuits Mobiles dans un style proche de celui de vieux réacs, lecteurs paumés du Figaro. Presque flatteur au regard de ce que mon maître-nightclubber (Alain Pacadis) se prit dans la gueule jadis ("ses papiers sont écrits par son amant", etc...) Fermez les paupières sur une nouvelle année, un nouveau chemin pour chacun.

 Haut de page 
MERCREDI 16 JANVIER 2002 _ #159
 

Tu la fermes ou je t'empaille

L'atrium de l'Hôtel de Ville s'ouvre sur une file d'attente qui s'allonge jusqu'à la fontaine dans laquelle je pris jadis un bain clandestin matinal avec Jean-Yves Augagneur, bourré comme un coin et qui criait "Mais regarde enfin ! Regarde le portrait de mon grand-père. Là, en haut, à droite". Les voeux de Gérard Collomb, mercredi, rassemble le Tout Lyon institutionnel dynamité par une foule de jeunes créateurs. Il y a peu, les grappes de cristal scintillantes du Grand Salon éclairaient invariablement des 60 ans et plus. Pour ce nouvel an, cette réception se la joue "cigarettes, champagne, un peu de marijuana et electronica" pour pré-quadra. Nous croisons dans le désordre et dérangés par des défilés de modes inopportuns qui se rythment sur une musique euro-dance malvenue : Helena et Gregoire Roche, Michel Essertier de Rue Royale Architectes, Mon Épouse, Christophe Montfort, Françoise Rey (qui me fait toujours la gueule), Tornon (le regard bienveillant), Guillaume et son amour protégé, ou Philippe Faure que je refélicite pour son "Moi Tout Seul". "C'était bien d'entendre Mirwais en fond sonore ?" se félicite Jean-Pierre Bouchard. "Et puis, la petite odeur de shit dans un salon à côté" surenchérit Hubert Lafférière. Alors que Dj Fraggle s'apprête à mixer et que le champagne s'est évaporé depuis 22h, je félicite Paul Satis (TLM) pour ses prestations télévisuelles de qualité et en rajoute sur Ronny et son merveilleux Belles Et Bien. "Vous me dites ça au second degré" avance le journaliste, persuadé que tout compliment en direction de son antenne est une moquerie. Non, Belles et Bien se pose comme la meilleure émission de la chaîne locale (on se taira sur l'" humour" de Pascal Coulan ou le Lyon-clubimbos nocturne). Nous clignons des paupières sur cette soirée rafraîchissante en offrant à Kamel au Mushi-Mushi une rose blanche chapardée à la maison-mère. Jeudi, au Modern Bar, Christophe Boum devient jaune moutarde : "Hier, je suis allé prendre un verre au Rouge-Gorge, rue de la Bourse. Ce soir, la proprio me voit avec mon jeans de plâtrier et me vire d'un "ici, on ne prend pas les ouvriers". T'y crois ?". Hélas oui et souhaitons à ce bar une courte vie. Vendredi, je me trempe la queue au Double Side et enchaîne, sans y croire, trois mecs sur le skaï d'un cabine. Clignez des paupières. À l'invitation de Dj Arnie et Didier Lestrade, samedi, nous flashgordons un TGV en direction de Paris pour courir un apéro à La Fabrique enchaîné au vernissage du canapé design "Diamond Sofa" de Edra au Le Bihan Show Room (rue Faubourg Saint Antoine, quartier Bastille). Simple occasion pour un siège tubé en plastique rose de se bourrer la gueule entre arty people et fashion victims. Avant un souper au Café De L'industrie, Le Bimb déclare forfait pour nous rejoindre à la K.A.P.B de Lestrade : "Je suis avec des amis et ils sont plutôt branchés pour L'Élysée Montmartre : hétéros, gens de pub et cocaïne". À la Boule Noire, dès 0h30, la disco est à la limite du blindage. K.A.B.P, c'est ça : une communication pointue et ciblée, des djs intransigeants, un dancefloor paraffiné et un public majoritairement gay mais près à danser sur tout ce que Patrick Vidal malaxe. Peu après son mix "warm-up", Roussia nous salue et part au bras de Romain. Dans un backstage transformé en salon VIP pour journalistes et petites frappes R'N'B, Patrick Thévenin (Nova, Têtu) me balance : "Je ne comprends pas pourquoi tu me vouvoies. Pour le papier un peu méchant écrit dans Têtu sur Kylie Minogue, j'ai reçu des appels de mecs qui voulaient m'enculer (c'est plutôt bien) puis me casser la gueule. T'imagines si je touche à Madonna ?". Plus loin, le journaliste amusant se gaufre : "Mon truc, c'est de faire en sorte que chaque fois que je baise avec un mec, il ai envie de me rappeler et qu'il le fasse." Nous clignons des paupières sur une nuit dépaysante et débarquons à 10h sur Lyon endormi. En soirée, Mademoiselle B, pute dans tous ses états et couvant son caniche dans ses bras, m'agrippe au Modern Bar. À chaque aboiement de sa peluche vivante, la dame s'énerve et frappe : "Tu la fermes ou je t'empaille. Les chiens, ça doit se taire et juste remuer la queue quand ils sont contents". Fermez les paupières.

Club operator. Mercredi, Attila Sound System et Ghost Note lutteront féroce à Dub Organic au Monde à L'Envers. Jeudi, Just A Taste Of mélangera la deep house insipide de Lea Lisa et le beaucoup plus inspiré Dj Touch à L'Ambassade. Vendredi, la techno "shpong-shpong" de Jeff Mills accouplée à l'électro plus raffinée de Kiko au Fish rivalisera avec la bande latino des Favela Chic, Spider et Rucangola au Transbordeur sous chapotage de La Marquise. Samedi, Beauty invitera les soul-purists à danser avec Allen et Manoo à L'Ambassade. L'américain dj Spen sera la vedette et le Plan Vital de la Semaine du week-end à la soirée Pure du Fish.

 Haut de page 
MERCREDI 30 JANVIER 2002 _ #161
 

Le présent te ment

Jeudi marque la reprise effective de la post-période de fin d'année. Tous en sortie. La Galerie Houg prête sa Red Room à la collection privée de Jérôme Vital-Durand. Accompagné du peintre terrien et sexy Philippe Moncorgé, nous buvons le projet du collectionneur pour un Hôtel-Dieu "au quai recouvert de verdure jusqu'aux berges du Rhône. Des galeries d'Art, restaurants, une crèche pour les touristes" à nous faire rêver. Une coupe sur belles toiles nous rapprochent d'un autre vernissage plus bruyant et mondain, moins bourgeois. Le Rectangle ouvre l'exposition de Gérard Traquandi sur de grands tableaux bleutés dont j'oublie la froideur en jouant au lâché des "bonsoir, ça va ?" plus ou moins sincères. Christophe Montfort, en phase de débronzage montagnard, annonce l'arrêt de sa collaboration avec l'Auditorium. Denis Trouxe avance toujours une main conventionnelle et sèche alors que son successeur Patrice Béghain me gifle d'un "vous faites les vernissages d'art maintenant ?". Carla et Z2 nous attrapent afin de se déguinder à la Galerie Tator et son exposition alternative Sidesonic de Matali Crasset. Un boomer en plastique gonflable jaune poussin crépite de beats électro devant une pyramide rose désaxée, ovni à classer entre le radeau pour voyage psychédélique et le landau pour adultes inactifs. Étudiants aux Beaux-Arts aspirent gobelets de rouge, expirent un brouillard de fumée et s'essaient aux discussions présumées engagées. Je chasse quelques turbulents pour une suite nocturne plus libérée. Dans la rue, nous attaquons un Antonin inconnu qui patiente à l'interphone d'un immeuble. Son allure de jeune homme "début du siècle" me plaît autant qu'elle amuse Agnès ("il est tout mignon, le petit"). L'échevelée en jupe-culotte roule sa provocation ("Les mecs me prennent soit pour la gentille fille à pds, soit pour une transsexuelle") avant de montrer ses seins au Comptoir Saint-Hélène où Jean-René frise la crise de nerfs devant notre agitation à faire valser les verres à vin. Gaelle Communal, ultra-" vavavoum" en robe blanche à plumes, et Jérôme d'Art Canut se sauvent sur leur scooter puis notre groupe explose à en perdre Carla. Au Bastringue, sur un plateau de fromage et charcuterie allégé par un Busy Line sirupeux de Rose Murphy, Philippe M. avance que "l'amour ne dure que par la totale liberté que tu donnes à autrui". Je prolonge : "la liberté de l'autre, c'est uniquement ne pas projeter ses propres merdes sur lui, c'est la tranquillité de soi" alors que Marie-Chantal s'énerve au portable : "Vous avez dix minutes pour nous rejoindre à La Ruche". Au bar, tout en classique, Julien-Justin ne se libère toujours pas de ses "j'adooorre". Marie-Chantal aguiche tous les clients ("Rodgers, enfin Roger, il a voulu me piquer ma coupette"), le serveur ("Frédérique !!!!", en hystérique, "Il a l'air li-bi-di-neux", la moue en dégoût) pour finir par bécoter un bellâtre à l'United Café. Nous clignons des paupières devant Laurent Radix recouvrant de neige synthétique Florent de La Table d'Hyppolite, en surchauffe et allongé au milieu du dancefloor. Vendredi, Rue Royale Architectes commet la première belle fête de l'année et se moque des castes : Sophie Descroix (M6), Anne et Pierre Obrecht, Gilles Buna, Christophe Boum et Primabella, Jean-Pierre Bouchard, Paul Satis (TLM) au bras de Philippe Chaslot, Helena et Gregoire Roche, Gaelle qui sort son Eric "sympathique" Thouvenel de cousin, Elie et Jérôme d'Art Canut, Emma et Alain Turgeon, Carla, Vincent Carry (Lyon Poche), Jean-Luc du Vertubleu et tous les borderliners de la ville se brassent dans un carré d'expos authentiques et belles (les photos de nus "boisés" d'Olga Mansilla, la pièce rouge en courbes et lumières des Art Canut ou les dizaines de papillons plombés dans la cour de l'immeuble). Laconque me fait sortir de ce brillant événement et je me retourne une dernière fois sur l'installation grandeur nature de Laurent Vailler : une image en livre-relief pour enfant où Fred de Boccard fait face à un coucher de soleil rougeoyant, son chien assis à ses côtés et tenu en laisse par une guirlande électrique. Un petit effet Forrest Gump, une immensité de poésie naïve. Au Mushi-Mushi, Laconque s'épanche en mangeuse d'homme sur Kamel alors que j'attire un Benjamin, curieux anglais de 1m95 aux yeux doux et à l'accent exotique qui "ne joue pas dans la même équipe" (présumé hétéro). Nous l'embarquons pour fermer un Funambule heureux et transpirant d'afro beats et clignons des paupières au Medley où la beauté de Benjamin fera tourner les yeux de Line et des effrontés Pascal et Laurent. Samedi, ce ne sont ni les caprices de Sylvain assis sur le comptoir de Tombé du Ciel, ni le regard joueur de Carla ou encore mon entrejambage imprévu de Philippe M. et Marie-Charlotte toujours en survolt ("Demain, on va à la messe et à midi, je fais une purée maison. Cette nuit, on partouze"), ni l'invitation à un dimanche à la campagne ("très Philippe M." selon Julien-Justin) qui me relèvera de cette jolie semaine. Fermez les paupières.

 Haut de page 
MERCREDI 06 FEVRIER 2002 _ #162
 

En mimant Dean Martin

Mardi, Gaelle Communal en bob ciré rouge et Jérôme d'Art Canut, qui étrenne sa nouvelle chemise trempée dans un velouté de groseille, m'accompagnent à la petite fête organisée par Cricri, ami rare, pour le 200e numéro de son Petit Bulletin. Mon Épouse attaque direct sur une nouvelle "embrouille" suite à un name-dropping dans Nuits Mobiles. Super Pénélope et Julien Micro-P. m'achèvent après seulement deux cuillerées de paella : "Jamais tu nous appelles ? Puisque c'est ça, je te fais la gueule" feint Super Pénélope avant de rire : "J'ai surpris Julien en train de regarder Belles et Bien". Pulsé par des bleeps eighties, je m'évade quelques minutes avec Françoise Rey pour parler d'amour, d'amitiés, d'un coeur qui vibre fort, ou souhaiterait vibrer plus fort. Je baise et rebaise à compter mes coups comme un couple amoureux compte les jours, puis les semaines, voire les mois, de bonheur partagé. Peu importe, ma vie n'est ni déprimante, ni navrante. Juste trempée d'un joyeux cynisme, d'un façading incassable. Après l'invitation faite par Carla pour Je Crois au Théâtre des Ateliers, Super-Pénélope se déchaîne en petite peste jalouse : "Oui, et à La Croix-Rousse, tu ne viens jamais !". Philippe Chareyron, comédien et "père de famille" ébouriffé, se place dans la provoc sexuelle ("Viens aux Subsistances à partir du 11 février. Je serai nu pour Rire de Gorges Deployées") sous le regard effilé par un sourire de Jean-Paul Brunet. Cricri rase les murs, muet, et après salutations de Petit Poucet, je cligne les paupières sous perfusion du "Is that your boyfriend ? Is that your boyfriend ? Is that your boyfriend, it was last night ?" de Me Shell N'degéocello. Dissertation autour du mot "projet commun", mercredi, sur un dîner au Café de la Mairie (quai Pierre Scize) en compagnie de Tornon, homme d'une douce amourette, toujours aussi affectueux et attentionné. C'est quoi un projet commun dans un couple ? La maison ? La voiture pour les vacances ? Mon projet, c'est le présent. Ma mère passa ses dix dernières années à retaper une grande ferme pour finir coffrée "Six Feet Under", quelques mois après l'occupation présumée définitive et paisible de son "projet". Une nuit, il y a quinze jours, Albert, beau gaillard, glisse sous une barrière de sécurité en moto et sa vie bascule. (Babby du Modern Bar, Christophe Boum et Primabella, tous, nous pensons à toi, Albert, et te souhaitons une nouvelle vie, forcément un peu pas pareil, forcément tout aussi enjouée). Cligner des paupières. Vendredi, l'adaptation du Je Crois d'Emmanuel Bourdieu par Denis Podalydès au Théâtre des Ateliers dérange d'intelligence. Le mot "projet" revient au galop dans la folie jusqu'au-boutiste partagée par un frère et sa sur à travers leur jeu du "je" deviens "tu" et inversement. Cette petite "projection" du Soi sur l'Autre déteint sur le spectateur, à sortir de la représentation un peu changé, beaucoup troublé. Tout s'accélère au Mi Mots Arts où Carla et Z2 écrasent trois mégots avant de courir plus loin. Laconque surveille l'arrivée de Géant Benjamin lorsque Mon Épouse et Marie-Eve s'installent : "Nous sortons des Ateliers. N'allez pas voir La Cheminée. Le genre de pièce où tu regardes ta montre ou pique du nez." En cuisine, Jean-Marc manie les poêles en chantant. Tartine nous frappe d'une "châtaigne" à haut degré de chauffage dans de trop grands verres pour finir sobres. Après courtage du bouquet de lavande de Jean-Marc à Wonderful Kamel au Mushi-Mushi, Laconque freine l'entrain dans un United Café qui soupire de jeunes minets de Bourg-En-Bresse, gays post-pubères en crise "Madonna-Mylène-L5" identitaire. Clignez des paupières. Acoudé au bassin, sur le ventre, le corps laisse pousser sa jambe jusqu'à ma cuisse et, de frôlements tests subaquatiques en frottements sûrs, nous déplongeons du bain à remous pour verrouiller une douche à clé. Samedi, au Double Side, je bouffe du sexe faible et joue au jeu aisé de mes partenaires : branle, suce, sodomie et au suivant. Fascinant. À 4h, le Medley danse dans tous les recoins. Fabrice s'accroche à mon cou et me vole un french kiss défensif. Line me tanne ("Chéri, il faut que tu écrives quelque chose sur moi") lorsque je m'aimante à un Mathieu étrange. L'homme recadre : "Tu m'as déjà abordé, il y a peu et tu as été assez désagréable. Tu voulais m'apprendre à ne pas danser "comme un nigaud" sur la techno. Danser sur du huit temps". Nous prenons en témoin une jeune comédienne et Mathieu se lance dans la romance de La Belle du Seigneur ("Solal a trois heures pour conquérir Ariane avec "il de merlan puis saut de carpe"). Tandis qu'il perd le fil de son jeune convoité plaqué contre un grand rustre, que notre drunky comparse continue dans le littéraire ("Je vais jouer une adaptation de Risibles Amours de Kundera"), je pose les yeux au bout du comptoir où deux travelottes (lookées Demis Roussos) ferment les paupières.

 Haut de page 
MERCREDI 13 FEVRIER 2002 _ #163
 

La nuque surlignée

Le Café Bellecour disserte autour du thème "la mode gay existe-t-elle ?" pour un nouveau rendez-vous des "cafés de la Mode" de Nadine Gelas. Occasion, ce mardi, de retrouver Claire, princesse absente de mes nuits depuis plusieurs semaines. La machine à découdre pique chiffons sur chiffons et se tord l'aiguille sur "Et la mode lesbienne ? Qu'en est-il ?" Nous décrochons de ce débat qui patine dans le vide et marquons un arrêt au Modern Bar (rue Thomassin, quartier République). Le comptoir se chauffe aux discussions pré-électorales où je cale mon premier bulletin pour... François Bayrou. "Vous allez faire croire que c'est du dernier chic que de voter centriste ?" se moque ma Princesse. Non, votez Bayrou, c'est voter mou, sans danger idéologique. Un choix propre et sans incidence. Le genre de vote que l'on ne risque pas de regretter (enfin, je n'en suis pas encore sûr). Nous prolongeons les échanges politisés Chez Carlo (rue des Quatre-Chapeaux, quartier Cordeliers), pizzeria de haute qualité avant de cligner des paupières. "Les chiottes sont propres + jupe en jeans + parfum + Petit T-Shirt" s'inscrit sur le portable, jeudi. Laconque invite Géant Benjamin pour un dîner en tête-à-tête pendant que Sébastien C. s'enfonce dans les profondeurs du cul, attablé au Café 203 : "C'est clair qu'à La Jungle tout n'est pas nickel. Les mecs baisent devant tout le monde sur les canapés du bas..." Rien de surprenant. Le bordel gay sent le sexe et se révèle excitant (et surtout pas "glauque") pour ça. Nous clignons des paupières au Funambule. Seek Julien se défend toujours de sa carrure massive par une pirouette : "Mon sport, c'est faire l'amour". jeudi, Tombé du Ciel (rue du Port-du-Temple, quartier République) croule sous de gentle people pour son cinquième anniversaire. Chatte Rouge enrôle de beaux gaillards sous des tubes frenchies intemporels après une petite prise de température : "Ce soir, j'étais invitée à un Trivial Pursuit sexe mais j'ai décliné l'invitation. Je ne suis plus dans une phase de consommation sexuelle compulsive". Plus avant : "Le film de Daniel Carlin (dans lequel Chatte Rouge est sujette à portrait sur sa sexualité "particulière" -ndrl) sort le 15 avril dans les salles". Julien Micro P. décrit ses fantasmes sur affiche publicitaire devant Carla, le regard brillant et magnétique à rendre aveugle tous ceux qui l'approchent, et un Z2 comme absent, perturbé. Philippe Moncorgé me galoche menotté à une rose blanche givrée dans une feuille de plastique "glaciale" offerte par Marie-Charlotte. "Je crois que nous sommes amoureux" s'enivre le peintre. "Tu ne m'as pas demandé mon avis ?" rechigne d'un coup de tête cabotin Marie-Charlotte pour ajouter, en fin de parcours : "Allez, on rentre. Je dois te sucer". Un frottis du bas-ventre sur Asstouch m'encourage à fermer L'ambassade, rayonnant de bulles blanches lumineuses projetées par une boule à facettes statique. Un clignement de paupières sur un "Stand By Me" à frissons repris par Nikko sur le Paris Dernière - Volume 2 (Disques Naïve). "Nous sommes les pédettes du bar" officialisent Anne-Lise (On Stage Production) et Laconque à l'apéritif-anniversaire de Christophe Boum. vendredi, le Modern Bar se saoule de charcutaille et des élans "dalidesques" de René : "Pour ne pas vivre seule...". Ta gueule en roulant les "r" ! Laconque s'autocongratule : "Je n'ai pas couché avec Géant Benjamin. Nous nous sommes juste embrassés. C'est romantique, non ?" Romantique tel le dîner chez Koutoubia de Guillaume attendri par Loïc ou de Sébastien C. drunky surpris par le franc-ressenti de Shéra, fabuleuse serveuse en quête permanente de l'amour accrocheur. Une danse sur le "Petit Bal Perdu" de Bourvil pour clore le Mushi-Mushi de Wonderful Kamel par çi, une eau de vie giffleuse au Mi Mots Arts où Jean-René du Comptoir Saint Hélène se déchaîne dans la fausse méchanceté, par là et nous chutons au Medley. Christophe Boum et Primabella achèvent la nuit par frottements sexy éthyliques sur tout ce qui bouge lorsque je cligne des paupières. Même club, samedi, je balance deux anciens ASSA (Amant Sans Suite Amoureuse) sur le sexe de Yann pour m'enticher d'un Alexis distant et beau. Dans un dernier sursaut, l'homme m'accompagne pour un café en appartement. A la renverse, je suis de ma langue le chemin dessiné par ses cheveux sur une nuque qui s'abandonne. Un long moment tendre où nous fermons les paupières alors que Vanessa Daou susurre "I think Of You. I think of You, On sunday afternoon".

Rendez-vous. Jeudi, Dj Seek flambera les platines de La Marquise pour l'hebdo Pack The Buzz avec tous ses amis. Vendredi, le Voxx-Mushi-Mushi's crew inaugurera le restaurant des Subsistances. On ne sait pas encore quel est le nom de ce nouveau repère ni si un pot est prévu. A voir. Samedi, Mo'Horizons fera valser La Marquise de musiques funky et soul.

 Haut de page 
MERCREDI 20 FEVRIER 2002 _ #164
 

Force est l'obscurité

A quatre pattes dans un cube en verre, nous narguant derrière une vitre sans teint, projetant leurs corps au sol, se tabassant la tête contre la vitre... les acteurs de Gorges Déployées balancent entre le narratif et le sensitif dans un juvénile bordel. Aux Subsistances, mardi, la Compagnie Haut et Court tente de nous faire "rire" et de jouer avec "l'obscénité". Mal tombée. L'ensemble tourne dans le gentillet godiche sans poser question, pire, imprime aucune émotion sur le spectateur. Mathieu se tait sur le chemin du retour : "Je n'ai rien à dire pour l'instant au sujet de cette représentation. Je devrais ?". Nous nous attelons au trio féminin Mon Épouse, Marie-Êve et Karine autour d'une table à La Gousse d'ail (place Sathonay, quartier Terreaux), dressée pour les thèmes "le secret que tu sais mais ne dois pas dire" ou "Pour qui voter au premier tour de la Présidentielle ?". Les petits yeux curieux et en perles, Mathieu suit nos échanges agrémentés d'un service en salle glacial. "Nous vous avions prévenu que c'était un mauvais plan que de venir dîner ici" confirment Mon Épouse et Fred C. Clignez des paupières. Dans la série "sortie culturelle nocturne décevante", nous persistons au Modern Art Café, jeudi, au vernissage de l'expo d'Olivier Auguste. Voilées de tissus blancs perforés pour laisser apparaître quelques morceaux de chair, les oeuvres se découvrent en une double pénétration et un clitoris béant sans véritable surprise ou malaise. "C'était mieux avec le voile" rit un beaux-ardeux affairé à buter les préservatifs en bodruche qui se retirent du plafond. La notion de "transparence" agite mon cerveau : Pourquoi demandons-nous à Tout voir, Tout comprendre ? Les médias nous décortiquent leurs travaux internes et le fonctionnement des sociétés. Les habitants de grandes cités demandent à être surveillés, prêts qu'ils sont à se faire scanner par de sales caméras. On dépouille du regard son environnement, tout en se laissant dépouiller. Que faisons-nous de l'obscur ? des ombres ? du pudique ? Pas trop pudique devant Mathieu que je harcèle ("le romantisme, ça va une semaine. Mais si nous ne couchons pas ensemble d'ici dimanche, ciao") sous les rires de Super Pénélope et Julien Micro P. Au comptoir, les verres s'accumulent. Jean-Pierre Bouchard et Patrice Béghain y vont de concert sur "C'est vous qui avez laissé entendre dans vos colonnes que j'étais un grand nightclubber ?" trinque l'adjoint à la Culture. "Hubert Lafférière l'a mauvaise : Il s'afficherait partout où il ne faudrait pas ?" complète Monsieur Nouvelles Musiques. Non, disons que Hubert Lafférière se charge de la besogne nécessaire des Lyon Clubbimbos (sur TLM) et Lyonpoupoules (sur le net) pendant que la paire fréquente les milieux un peu plus undergrounds et branchouilles. Le trio municipal couvre ainsi toute la nuit locale (j'oublie volontiers Thierry Braillard car son pôle d'action semble trop complexe à définir). "Tu fais trop de lèche aux politiques" me pique Marie-Êve. Non, j'ai juste une réelle sympathie pour l'adjoint à la culture. Z2 hurle en levant un verre, coiffé d'un slip logoté "No Sex Is Sex ?" devant Carla en échange théâtral avec Tornon. Un sourire à Helena et Gregoire Roche pour courir se faire refouler Des Demoiselles de Rochefort malgré une confirmation de Super-Pénélope ("C'est bon. Il y a de la place. Venez" au portable. "J'ai honte : ils ne servent plus" in situ). A La Luz (rue des Feuillants, quartier Terreaux), nous savourons assiettes de jambon et rillettes. Tornon boit le verbe malin et alerte de Mon Épouse. Mathieu joue au pingre provocateur ("Des trois vins que nous avons goûté, lequel est le moins cher ?") sous une musique loungy indigne du restaurant basque. Clignez des paupières. vendredi, en compagnie de Christophe Boum, Laconque roule des hanches au Mushi-Mushi dès l'intro du générique de Dallas masterisé par Nassaboy. "Ce sont ses disques d'enfance ou il les a acheté exprès" s'exalte Christophe. "Je l'ai mais pas ici" fièrace Nasser lorsque je demande à Junior s'il possède "Fantasy" de Mariah Carey, l'un des morceaux les plus putassiers jamais enregistrés en R'n'B. Tendre Shéra de Koutoubia nous rejoint pour un Medley obligé. Michel Essertier y cligne des paupières le torse cabré sur le dancefloor. La nuit a depuis longtemps ôter son voile obscur lorsque je ferme les paupières enfin mis en sommeil par un long album de Fréhel, cru et réel, au son crépiteux et musique désuète.

Facile à danser. Jeudi, Get Alive réunira les djs John Thomas, Agoria et Oxia au Fish. Vendredi, les marteau-pick-uppers de Manu Le Malin, Torgull et Gaston bastonneront au Monde à L'Envers. Pour L'Ambassade, ce sera un combat house versus R'n'B soit Thomas Villard en ping-pong avec Samir. Samedi, Lyon New wave donnera dans la musique des années 80s (version pop) au Woodlands. Au même moment, Enjoy People avec Lynn Jordan, D-Troy, Chup's et Mc Dave amusera le Transbordeur. Le disc-shop Eardrum fêtera son anniversaire avec Luigi, Olive (et invités) au Ninkasi-Kafé.

 Haut de page 
MERCREDI 27 FEVRIER 2002 _ #165
 

Tout commence par un E

Emmerdes, ce mercredi avec une nouvelle rechute dans le rhume qui fait mal. À Lax bar, Sébastien C. s'exerce au chattin gay avant de faire défiler les petites annonces et finir par poster en ligne une demande en mariage gentille et loin de sa réalité de serial fucker. Clignez des paupières. Embrasser Claire, jeudi, au Comptoir de La Bourse (angle rue Gentil et rue de la Bourse), nouveau repère savamment tenu par un Fabien volontaire et aux petits soins pour une clientèle jeune et jolie. "Je ne suis pas faite pour souffrir. C'est la raison pour laquelle je ne suis pas amoureuse de Mezzont malgré la longévité de notre relation. Vous savez, être amoureux, je pense que ça se décide. À un moment, dans une histoire, le choix se présente. Il n'y a pas d'amour surprise." avance Claire après ma détermination de "juste tomber amoureux pour les sensations. Après la longévité et le devenir du couple, je m'en fous. Je ne pense ni vouloir vivre avec quelqu'un, ni en être capable". Nous rejoignons Elodie Bouesnard au vernissage de la galerie Néon (41, rue Burdeau, quartier Pentes). Jérôme Loisy expose de grandes toiles virginales piquées de stries en relief qui nous plongent dans un univers sableux et pur. Un "J'aime le désert parce que c'est propre" de Peter O'Toole dans Laurence d'Arabie me souffle aux oreilles. "Je pars, il y a trop de beaux hardeux et d'intermittents du spectacle" cligne des paupières ma princesse. Enivré par un dîner dansant chez Christophe Boum et Primabella, samedi. Laconque se lâche dans des chorégraphies SM. La ravissable joue de sa ceinture militaire sur le visage de Christophe et ondule sur l'éternel "Touch Me In The Morning" de Diana Ross. Stéphane B., hilare, nous entraîne au Medley. Ennui d'Envie en pleine nuit du jeune homme : "Je ne peux pas vivre seul. Je sais que, pour mon équilibre, il me faut quelqu'un" pendant que j'exécute un croche-corps sur Julien, vif et "hétéro mais ça ne me dérange pas que tu me touches le cul". Les poings de Christophe Boum tente de se protéger sur deux proies inoffensives et nous tirons le colosse hors du club pour fermer les paupières.

6 millions de pintades... Où presque. Jeudi, dès 20h, à l'AX bar (angle rue Coysevox et René-Leynaud, quartier Pentes), tapiole.com fêtera ses 20 000 coups torrides... pardon, connections. Pour information, chers Ab et Fab (les deux dépositaires de ce site de folles en tutu fushia, ndrl), sachez que, pour bien la moitié de ces clics énergiques, c'est Christophe Boum et quelques amis co actifs de Nuits Mobiles qui ont fait exploser le compteur. Alors, messieurs, il faudra bien nous arroser au bar et promis, nous danserons sur les tables aux rythmes des Frankie Goes To Hollywood et tous les tubes eighties prévus pour cette soirée. Plan "chéri, j'ai oublié mon stérilet" de la semaine.

Last nite a dj died on my knife. Beaucoup imaginent la nuit comme une bulle superficielle et éloignée des réalités diurnes. Pourtant, l'économie la pénètre lorsque, par temps de crise, l'ostentatoire des magnums de champagne s'enveloppe dans une serviette presque honteuse où, pendant les périodes fastes, les cartes AmEx se dégainent plus vite que la fonte d'un glaçon. Simple phénomène cyclique. De façon plus complexe, s'y imbriquent les cultures et modes de vie. Ces quinze dernières années, deux événements se sont ainsi invités simultanément dans les fêtes nocturnes : le sida et la house-music (ou techno pour les impures). L'histoire ne dit pas si la vermine a engendré la révolution musicale. Elle a sûrement remanié les dancefloors jusqu'alors au service de la drague pure et du sexe plus ou moins facile. La club-culture s'est fait rogner par la dj-culture, le sexe bouffé par la défonce musicale. Aujourd'hui, le balancier repart dans l'autre sens : à force de se la jouer "artiste-star", élitiste, musical frimeur, alors que la vulgarisation du "job" invite les MK2 à tourner sur les plateaux télés et dans les pubs, le dj redescend de son piédestal. Le désir de fêtes, de déconnades et de variétés renvoie le dj servir les plats dans les bars et restos loungy pour Riris (aka les Ringards Riches) ou dans la dégénérescence consanguine de blancs-becs en free-parties. Un comble pour une House Nation à l'origine subversive et festive qui a appris aux clubbers l'exigence du bon son et d'une musique de qualité mais en a oublié sa légèreté et son non-sérieux en se supermarketant. Restent et resteront les djs les plus tarés, psychédéliques, étrangers au formatage rock et défenseurs de l'originel désordre propre au mouvement : mélanger et faire danser avec le sourire (avec ou sans extas). Dans cette catégorie, Laurent Garnier, ce vendredi au Fish, assume sans faille le poste de Godfather de la house française. Ceux qui associent Garnier à "techno" tendront l'oreille : beats techno certes, mais esprit typiquement housy. Spirit still alive. Plan Vital de la semaine.

 Haut de page 
MERCREDI 06 MARS 2002 _ #166
 

R-atchoum. Dans notre précédente édition, suite à un visionnage répétitif du clip-publicitaire de Kylie Minogue pour les sous-vêtements Agent Provocateur, le service PAO a doublonné un ancien Nuits Mobiles dans un élan trop vigoureux de la main gauche. Mille excuses aux quelques fidèles lecteurs ainsi qu'à Paul Satis et Jérôme d'Art Canut pour une photo du journaliste de TLM légendée du nom du décorateur.

I've tried the perfect kiss but failed in a perfect mix.

Mardi, Super Pénélope m'invite au vernissage de la galerie Le Réverbère pour un accrochage photographique. "Je n'ai pas eu que des cons comme ex-amants" démontre la grande brune devant les clichés géants de son ex, Eric Aurol. Plusieurs artistes nous agitent la rétine dans une exposition où se côtoient bonnes idées et déclinaisons discutables. Mathieu parcourt les salles sans entrain avant un souper chez Super Pénélope et Julien Micro P.. S'est-on déjà dit "mais qu'est-ce que je foutais avec elle/il ?" après une rupture amoureuse ? Selon le couple, il y a toujours eu un intérêt dans leurs amours passés respectifs alors que mon dernier Homme m'a plus poussé vers un comportement réactif qu'une impulsion vers l'avant. Ainsi, oui, je me demande encore "qu'est-ce qui m'attirait chez lui mis à part le cul et l'affection que je lui portais et porterai pour toujours". Clignez des paupières. "Hier, Carla est venue avec Z2 à mon anniversaire. Elle est vraiment superbe et bien roulée" s'égosille, d'un verre de vodka basculé, Hubert Lafférière. àKGB ouvre son site "révolutionnaire" par un "Apéro Siberie" et l'adjoint féru des soirées "poupoule" commet une pirouette : "Si un mec me prends en photo, que veux-tu que j'y fasse si, ensuite, il la publie dans ses pages clubbing ? Et puis, je n'ai jamais été dans Métro-Lyon". Mathieu tente le jeté de verre dans le potager du Cercle Souping tout en décryptant l'attitude des invités présents : "Tout ces gens me font penser à une sorte de secte. Pour y être accepté, faut-il faire preuve de mimétisme ?" Pas de réponse si ce n'est qu'ils semblent s'amuser à jouer les casseurs de verres en phase pré-éthylique. À La Marquise, les étudiants bougeottent sur les chansons présumées à textes de Thérèse. La visite éclair sur la péniche-en-variétés nous fait grimper à Lax Bar pour la soirée Tapiole. com Spécial 20000 coups pardon, connexions. Ab et Fab, folles driveuses du site "fabulous", nous penchent le nez dans un sniffage intensif du molotov "Perrier + Poppers" à nous boomer le coeur et agrandir la bouche de rires idiots. Reine Claude couve Lynx, toujours aussi vavavoum, qui n'a "pas d'adresse e-mail. L'ordinateur, je ne le touche jamais si ce n'est lorsque je le dépoussière. Là, je passe uniquement entre les touches". Mathieu me dispute les faveurs d'un indécisexuel jusqu'à ce que le croche-corps n'aboutisse plus qu'en un lourd et fatigué clignement de paupières. vendredi, Mon Épouse, coiffée d'un bob ciré rouge et de pluie goutellée, se réfugie au Comptoir de La Bourse pour un apéritif, pré-marathon nocturne interminable. Les bulles de ma bière éclatent dans ma gorge sous les gestes élégants de ma promise. Nous retrouvons Guillaume et Loïc à l'Hôtel de Ville lors de la remise de médaille de la Ville aux patineurs Marina Anissina et Gwendal Peizerat. Toujours une provocation tiltante aux lèvres, Patrice Béghain me sourit un "vous devenez un habitué des Palais de la République". Guy Darmet, scotché sur la rediffusion sur 16/9e des prouesses "chevelues" du duo gagnant, imagine faire danser la paire lors du prochain défilé de la Biennale en septembre, "de là à installer une patinoire sur un char" Au Fish, Voilalyon. com débute son premier anniversaire sur un cocktail dînatoire où nous croisons Marie Rigaud en pré-bouclage du prochain Festival de Musiques Baroques, le très chic et élégant Christian-Johan Bégaut ou Renaud Jocteur qui roule des yeux pour Laconque. Super Pénélope ajuste son regard : "Une fille comme Laconque, il en existe pas deux à Lyon. Tu as vu son allure" et lâche l'incompréhensible "elle fait très parisienne". Nous nous amusons avec la caméra des Néolab en tournage-commandé pour le site de France Telecom avant d'affronter le dancefloor. Les départs s'égrainent sur des "On ne peut plus supporter ces blaireaux". Pourtant, si la clientèle du bateau n'est plus à décrire dans sa beauferie en "bouteille-sur-table", Laurent Garnier se fout de ce monde de trainspotters-frimeurs dans un mix parfait. J'essaie toute la nuit des baisers parfaits sur mon amour perdu, Patrick, à me réoxygéner le corps et me libérer l'esprit en extase sur un "Emerge" des Fisherspooner. Acid House, disco, electro néo-eighties, drum'n bass, le godfather de la house française accélère le battement de jambes local. À Jean-David Perthuis, questionneur (et beaucoup plus adouci et raffiné que jadis), je concède sur le 6h : "C'est terriblement bien". Le booker-restaurateur me lance : "Danse alors". Fermez les paupières sur des pupilles émerveillées.

 Haut de page 

INSTINCT NOCTURNE

Écrit par Baptiste Jacquet
a été publié sous l'appellation
"Nuits Mobiles" jusqu'au
22 nov. 06 dans l'hebdomadaire

 

 

 

 Avant   Après 

 

style 1 style 2 print share --


 Home | Netexpress | Netexdirect | Do the B.party | Instinct Nocturne | Beadorama | Spinaround | Flashmob | B.Connections | Netevision | B.guide 
 Rush | Plan du site | Aide | Contact | Partenariats | Haut de page 

© Copyright WWW.BEADOA.ORG 2001-2008| Site emballé par  Au Bon Design