|
INSTINCT NOCTURNE
|
Écrit
par Baptiste Jacquet |
a été publié sous l'appellation
"Nuits Mobiles" jusqu'au
22 nov. 06 dans l'hebdomadaire
|
|
|
|
MERCREDI 10 OCTOBRE
2001 _ #146 |
|
|
|
|
Hopin, lovin, losin
Je
lâche ma plaquette d'anti-bios au fur et à mesure que
mon énergie libère mes bronches encombrées
et que ma libido me mécanise en branleur acharné.
Je veux baiser mais différemment. En fait, après une
bonne année de culbutages plaisants et légers, je
veux être amoureux. L'envie de reconnaître cet état
stupide où notre ego magnifie l'autre jusqu'à vous
embarquer dans un passé pré-pubère, dans un
âge de nigaud, dans un corps qui patauge dans un bac de coton
douillet où chaque coup du quotidien rebondit et se balance
au loin. Mercredi, Franck M.
insiste pour que je l'accompagne au show-case de Sergent Garcia
à La Marquise. Une file d'attente de 50 m borde le
quai du Rhône et, en moins d'une heure, la péniche
en a plein le goulot. Après un concert à jouer avec
des maracasses en plastique rouge et à lever les bras en
collant Anne Huguet, Franck s'échappe. "Je rentre
à Chambéry : j'ai un rencard avec une nouvelle amie"
s'empresse l'éternel étudiant. Plus tôt, il
commettait : "Ca fait un an que je suis avec la même fille
et je ne sais pas pourquoi je vis avec elle. Il n'y a rien entre
nous". Clignez des paupières. Jeudi,
au The Comptoir de Jean-René (Place Gailleton - Quartier
Bellecour), Jérôme d'Art Canut fait goûter
à Claire ses cerises au vinaigre, jambon et pommes dauphines
alors que ma Princesse prend la voie de trouver un nouvel amant
en complément de Mezzont. Nous empruntons le Tapis
Rouge de la rue Auguste Comte, accompagné par Laurent C.,
jusqu'au vernissage de l'exposition de Fred de B. à
la Galerie Archaïa envahie par tout ce que la ville compte
de borderliners, alcooliques, important people et artistes : Jérôme
en passage éclairé ("Fred tourne toujours avec
le même thème mais c'est vraiment beau") ; Emma
au bras d' Alain Turgeon en chemise raillée rouge
("Il est beau Alain mais sa chemise..." scanne Claire de son oeil
de trend-profileuse) ; Carla, toujours aussi intimidante, en sortie
de son nouveau poste au Théâtre des Ateliers
; Helena et Gregoire Roche se dépoussiérant
de leur nouvel appartement en travaux et Bernard Bensoussan portant
une relique ignoble ("je sais, c'est une catastrophe" pince
le photographe). Nous oublions le vernissage de Jean-Yves Augagneur
et nous posons sur l'estrade du Bastringue (14, rue Laurencin -
Quartier Bellecour) à picorer un plateau de charcuterie-fromage
et draguer un journaliste médical présumé conciliant
: "Il a un beau cul" (Primabella) ; "Je l'ai déjà
vu sur les quais du Rhône" (Laurent C.) Après avoir
fermé ce très aimable bar associatif sous le regard
amusé des deux maîtresses de maison qui me lancent un
"ta rubrique, ce ne sont que des conneries. D'ailleurs, je ne la
lis même pas", Laurent me traîne à coup de "tu
as vu mes Nike-couture ?" et autres "je veux boire, fumer,
trouver du poppers et me faire sucer" dans un spring à
haute vitesse : Nous nous faisons éjecter du Motor Men
Bar après avoir renversé cinq mètres de
chaises embriquées. Un jeune touriste, qui nous demande où
trouver du poppers, s'échappe une fois compris que Laurent
veut lui faire visiter les profondeurs du Premier Sous-Sol.
Des ploucs cherchent de "belles putes, des femmes de l'Est, pas
chères" et nous clignons des paupières au Dark's
dans une backroom endormie alors que Laurent affirme : "Les alentours
des Twin sont un lieu de drague terrible. Nous partons à
New-York la semaine prochaine pour nous agenouiller aux pieds de
Puff Daddy". Vendredi, les
émissaires municipaux du clubbing (Hubert Laffèrière)
et des musiques électro (Jean-Pierre Bouchard) s'excercent
à la house atmosphérique et psychédélique
de Isolée à La Marquise. Je tente d'expliquer
au nouveau pensionnaire des Subsistances, et créateur
de casual-mode, que la danse est un acte volumétrique et
non linéaire tout en lâchant le vouvoiement afin de
le décontracter dans ses pas chassés maladroit. Le
dj allemand tape dans les neurones en électrifiant l'ensemble
des synapses. Un vrai moment d'intelligence... pas forcément
suivi. Cricri et Eugénie se courtisent dans
un pseudo affrontement "Je suis à la droite de la droite"
versus "Je suis gauchiste borderline" pendant que je tente de provoquer
une réaction chimique avec une beauté d'étudiant.
Je lâche prise et ferme les paupières tournant un "hoping,
loving, losing" perpétuel.
Short
short short. Toute la semaine, David Mash continue son expo
Crash, Bang, Wallop, certifiée "à vous faire oublier
les merdes de la Biennale", à L'IUFM (5,rue Anselme - Croix
Rousse). Jeudi, le Café 203 inaugure son espace expo L'Ovale
203 pendant que Philippe Moncorgé fait lecture au Bastringue.
La Nuit Des Joueurs (de tennis) se jouera sur le court du First
Club. Vendredi, Telepopmusic expérimentera la new-french
touch à La Marquise pendant que Le Fridge déconnera
avec sa Kitchissim. Samedi, Tom Parris sera au Monde à L'Envers
pour le Vital de la Semaine.
|
Haut de page |
MERCREDI 17 OCTOBRE
2001 _ #147 |
|
|
|
|
Ovale au carré
"Je
me suis fais arrêter à l'aéroport de Genève.
Le détecteur a beepé sur la broche métallique
que j'ai dans le pied. Adieu New York et bonjour la fouille à
poil, debout en relevant mes couilles",
joue de sa main accrochée à un verre, Laurent C.,
jeudi, lors de l'inauguration
de L'Ovale 203, nouveau lieu d'expo des frères Christophe
et Manu Cédat. "Chaque fois que je descends dans
ce type de cave, j'imagine un baisodrome", se mord les lèvres
un visiteur à la sortie de la salle de projections vidéo.
Hors de l'espace expo muré de pierres sablées, Pierre
Budimir prend des nouvelles de mes huissiers : "Ils t'ont
lâché ?". Affirmatif. Après avoir échangé
quelques sourires venimeux devant Bertrand du 2P+C pour lequel je
voue une sympathique antipathie tout en sachant que je suis dans
l'erreur complète de jugement, Mon Épouse apparaît
radieuse au bras de Guillaume. La paire est fin prête pour
la diffusion, encore le 27, de leur docu "Spécial Lyon" sur
France 3 où l'on devrait voir mon directeur de publication
(qui ne se déplace plus qu'en vélo) ainsi qu'une apparition
de Claire en grande tenue à La Marquise. Les neurones
dilatés par les kirs, nous galopons souper au Café
203. Attablés en terrasse autour de Carla, Mon Épouse
et Elli d'Art Canut nous tentons de contenir l'ivresse débordante
de Laurent C. L'infréquentable-attirant switche du "manger-avec-les-doigts"
dans nos assiettes à des enjambées croisées
toujours proches de la chute dans la rue du Garet. Je hurle des
"Je t'aime ! Je t'aime !" d'amour à Carla et nous
ralentissons au calme du Voxx. Accoudé au comptoir et se
brûlant d'un dernier verre de vodka, Nasser frotte le zinc
et place un sourire en coin lorsque je ferme les paupières
devant Mon Épouse.
Aéronite
Heroes.
Samedi, Lyon bondit
le torse et inaugure une nouvelle ère de fête. L'Aéronite
Festival devrait regrouper plus de 5 000 danseurs autour d'une quinzaine
de djs "worldwide" sous le Hangar G de l'aéroport de Bron.
Depuis l'annulation précipitée de la rave Polaris
à la halle Tony-Garnier en 1997 suite à la raideur
de la préfecture conjuguée aux pressions certaines
des discothèques ("on défend notre tiroir-caisse")
sur la municipalité Barre, plus aucune party de cette envergure
n'avait été osée à moins de 20 km de
la place Bellecour. Un événement pour un tournant
? La nouvelle équipe municipale semble comprendre que le
quotidien lyonnais ne s'arrête pas après un bouchon
dans Saint-Jean ou une représentation à l'ONL ; qu'un
jour compte 24h d'éveil et non 10h de sommeil forcé
pour tout le monde. La préfecture a peut-être admis
que la House Nation n'est pas ce groupuscule de drogués qui
se défoncent sur du binaire abrutissant : les drogues (dont
l'alcool) se nichent partout et interdire tout rassemblement electro
sous couvert de consommation présumée de stupéfiants
devrait entraîner logiquement, et pour les mêmes raisons,
la fermeture de la presque totalité des bars et boîtes tout
comme des centaines de descentes de police dans la rue, lors d'un
concert rock ou dans les appartements dorés de la ville.
Ainsi, de part son ampleur et sa communication hors murs, Aéronite
lance Lyon dans son entier à l'assaut du pays : une belle
et grosse locomotive, une vitrine à effet loupe de la vivacité
nocturne et musicale de la cité, et un "attrape-jeunes" potentiel
qui peut favoriser, en partie, le choix de Lyon comme terre d'études
voire d'asile professionnel. Maintenant, dansons. Au regard de la
programmation précieuse lancée, on se ruera sur les
dancefloors avec l'Anglais Gilles Peterson, cuisinier d'un pudding
musical affamant, l'Américain floorkiller certifié
et voleur de jambes, Little Louie Vega, les Frenchies Gilb'R et
The Clones ainsi que notre flèche montante, Flore. Si "petites
bêtes" il fallait trouver, elles gratteraient au niveau de
l'accouplement affiché des deux organisateurs : Le Petit
Paumé et La Marquise présentent l'avantage
et l'inconvénient d'être deux entreprises "commerciales"
avec "pignon sur rue". Elles garantissent une initiative indépendante
des institutions et jouent de leur reconnaissance pour déverrouiller
les mentalités des autorités et booster la réussite
du festival. Cependant, elles y perdent un peu neutralité
commerciale et noblesse d'un projet à venir. "Il faut bien
un commencement", les en excusera-t-on en imaginant, pour la prochaine
édition, une fusion des deux têtes organisatrices en
une entité "anonyme" hors d'atteinte de la critique d'auto-promotion.
Enfin, si Aéronite aligne qualité musicale massive
et pointue, il n'a pas, pour son baptême, ce petit goût
"fashion" et avant-gardiste que brandit des Aquaplanning (Hyères)
ou Sonar (Barcelone). Ainsi, l'invasion actuelle d'une electronica
abrasive et tek-house acidulée se trouvent étrangement
ignorée de la fête. Peu importe, de loin le plan vital
de la semaine et historique de l'année.
|
Haut de page |
MERCREDI 24 OCTOBRE
2001 _ #148 |
|
|
|
|
Haute résolution
"Fuck
off ! Raise your hands up in the air"
résume la soirée donnée mardi
16, dans le tunnel pourpre de L'Ambassade (rue
Stella, quartier République), par Lyon Capitale à
l'occasion de la sortie du supplément "Fac Off". étudiants-collaborateurs
et l'équipe du journal sucent le son hip hop de Samir sous
des perles blanches égrenées par une boule à
facettes charcutée de faisceaux RVB. Tous bougent de la tête
(syndrome de la poule qui picore) et liquident tout ce qui coule
dans un foie tendu. Moments de doute face à un amusement
généralisé au milieu duquel je me sens le vieux
étranger ringard. à moins que mon rapport au hip hop
ne soit qu'une passion pour un beat violent couvert de riches enchevêtrements
sonores, le tout dénué de toute adhésion à
la "d'jeune-rébellion-attitude". Extasié par des scratches
à dessouder ses pieds du sol, j'ai plaisir à revoir
Chatte Rouge durement condamnée à ne plus boire une
goutte d'alcool pendant trois mois. Clignez des paupières.
Jeudi, au caractériel
et "à la mode" The Comptoir de Jean-René (place Gailleton,
quartier Bellecour), Jérôme d'Art Canut se fait
interviewer puis shooter au foto-jetable par Gaïa ("une horizontale,
une verticale et il faut signer une décharge") pour le Spécial
Nuit du Petit Bulletin. Nous clignons des paupières au Bastringue
où le décorateur aimerait "bien faire une projection
du Locataire de Polanski où chaque spectateur serait isolé
des autres par une cloison en tissu afin qu'il se retrouve seul
face à ce chef-d'oeuvre". Vendredi,
Laconque, Christophe Boum et Primabella fêtent
l'anniversaire de Babby au Modern Bar (rue Thomassin, quartier
République) et, après trinque-sur-trinque, je rentre
m'enfermer et écoute en boucle le dérangé We
are Back de LFO jusqu'à épuisement. Samedi,
du VertuBleu orphelin de Mireille au Koutoubia toujours
aussi aguichant mais surbooké, d'un crochet à la table
de Cricri au Mi Mots Arts à un hypothétique
Bistrot Pizay, je soumets Claire au "grand-public" de L'Entrecôte.
Dj Arnie nous rejoint pour "une formule" à remplir
l'estomac. "C'était une expérience à tenter.
La prochaine fois, on pourrait se faire Pizza Pino", pince Ma
Princesse après l'addition. Les parois vitrés du hangar
G s'électrisent d'éclairs internes bleutées
et battent de pulsions lourdes et excitantes. L'Aéronite
Festival nous ouvre yeux et jambes sur un lieu hors norme pour une
fête réussie. Claire et Laconque m'entraînent
direct au Village VIP qui concentre, autour d'une cave à
champagne sans fond, hommes politiques (la paire inséparable
Hubert-Julien Laferrière et Jean-Pierre Bouchard
; le "Courtisé-Numéro-Un" et fascinant, Patrice
Béghain toujours accompagné de Guillaume et un
"embarrassant" Ours Fort frais sorti du Gala des Santards)
; noceurs certifiés (Carla, Helena et Gregoire Roche, Z2, Kanardo team, Manu Cédat, Elie)
; journalistes amis (Cricri et L'Ange Brun) ou arrivistes
et présumés "j'aimerais-bien-ne-plus-te-croiser-sur-mon-territoire"
(ils se reconnaîtront). Nous tournons sous le village des labels
alors que Dj Cam continue sa descente musicale dans un mix navrant
et peu aidé par une scène mid-tempo mal sonorisée.
C'est sur Les Clones et Carl Craig (guest-dj surprise suite à
l'annulation de Little Louie Vega) que nous plongeons dans une grande
salle où la déco discoïde de Pénélope
éclaire plus de deux mille danseurs "jeunes et jolis" souriants
et agités. Pleins de regrets de n'avoir pu suivre à
temps les pas-dansés de Gilles Peterson ou des Troublemakers,
un peu déçus par l'absence de la première vague
d'electro-fêtards (peut-être justifiée au regard
d'une programmation de "jeunes" artistes), nous fermons les paupières
sur une belle nuit à soutenir et relancer.
Bass
ahead. Jeudi, Saint Jean et Nals tchikboomeront l'History Tekno
du Monde à L'Envers. Vendredi, toujours au coeur du club
techno des Pentes, David Carretta musclera n'importe quel mollet
paresseux lors d'une Tek Control recommandée. Les accros
de drum'n'bass pourront jumper à la TMC Session des Feet
One et Alex Da au Melting Pop Café ou à Jungle Rollerz
sur La Marquise avec, en guest, Tao Paï Paï, Clive Barnes
et Electrosex. Dj Karizma remettra les house-purists de L'Ambassade
à ses pieds. Samedi, en fin d'après-midi, à
15h55, Lyon La Renaissante sur France 3. Plus tard, Jamaican Sounds
réunira Rod Taylor, Reality Sound, Tweed, Dr Bird et le Natty
Bass au Pez Ner. En beaucoup plus calme, le flûtiste Manu
Desestré et le saxophoniste Cyril Dermadru improviseront
au Bastringue. L'Auditorium se colorisera d'une Nuit des Caraïbes.
La grosse fête de la semaine se déroulera au Transbordeur.
Première d'une série de mensuelles, Enjoy tentera
d'attirer deux mille danseurs autour de dj Love, dj Lucy Luck, Luigi,
Scan X ou encore Oxia. Le flyer vaut le détour pour sa prétention
à faire "en vogue" avec son blindage de mots anglais. C'est
tellement "internationoole".
|
Haut de page |
MERCREDI 31 OCTOBRE
2001 _ #149 |
|
|
|
|
In-carnés
"On
a toujours envie de baiser à défaut, ne faire que
dormir avec un mec me suffirait",
accorde Florence, vendredi,
au Dark's. Tout est là. L'envie de chair, ce besoin
de toucher, d'être brutalement touché, un corps-à-corps
libre de tout décorum affectif et petits arrangements avec
l'amour ou l'absurdité d'un couple. Plus tôt, mardi,
une diversion chaleureuse m'échappe au Mushi-Mushi
et les enfantillages footballistiques de Kamel, griffé d'un
maillon de l'OL. Le tendre laisse son comptoir pour s'attabler devant
une pelouse cathodique de 30 cm2 et râle dès les premières
minutes du match. Après une rapide assiette au Café
203 où Cathy tente d'entrer en contact avec un Julien-Justin
muet depuis l'été, mon coeur s'accélère
assis à côté de Lynx pour une séance
de Sur Mes Lèvres en plein dans le mille existentiel : plans
serrés sur la chair, mouvements gauches, frustrations du
touché. Ce grand film froissé, de pulsions mal contenues,
me fait regretter de ne pas aller plus souvent m'enfermer dans une
salle obscure. Dehors, au Cap Opéra, je regarde Lynx
comme un amant perdu : petits cils-aiguilles qui protègent
des yeux transparents ; visage fin taillé au burin. Un homme
imparfait et parfaitement beau. Clignez des paupières. Mercredi,
je traverse l'averse et trempe le Campbell (rue Neuve, quartier
Cordeliers) lessivé par une journée de travail oppressante
et à rendre paranoïaque. Jérôme d'Art
Canut me relève difficilement et conclut : "Allez,
vas faire ta soirée spaghetti-nouveau Miossec. Si ça
te dit, passe ensuite au 203." Clignez des paupières.
"Je suis sur le plateau de la Croix-Rousse et sors du dentiste.
Je vous rejoins dans dix minutes", me sonne au portable, jeudi,
Claire. Ma princesse commet son rituel "une sortie de dentiste mérite
un sachet complet de bonbons plein de sucre". Deux apéritifs
à L'escalier achève ma compagne alors que la table
des "boys" (Jean-René sur la note) du Comptoir Saint-Hélène
refait le monde, les civilisations. De "les médias sont
des pourris et font de la propagande américaine" à
"Les Twin Towers marquent-elles un tournant historique comme
cela fut le cas avec la chute du mur de Berlin ?", Christelle
et Axel prédisent : "Nous vivons nos derniers jours. Notre
civilisation occidentale se meurt et nous serons un jour dirigés
par une civilisation orientale." Clignez des paupières.
Vendredi, au Double Side,
les pimpos se matent et tournent sous néons de fluos bleus,
serviettes humides autour des tailles. Je transpire auprès
d'un Sylvain anonyme, timide voire garçon-benet à
m'attendrir. Je laisser courir mes doigts sur sa peau avec l'unique
excitation du contact moite et apaisant. Au Dark's, Reine
Claude asperge tout le bar de ses gueulantes et verres de gin,
tente de dépoiler un gogo debout sur le comptoir. Richelieu
fait clignoter un "soul-patch" piercing à diodes clignotantes
à la mode, peut-être pour mieux se faire repérer
dans la backroom. "Je viens de me faire percer la langue et c'est
assez douloureux. Je peux te sucer que si tu enfonces bien ta queue
jusqu'à ma glotte. Tu sais comme tu aimes me faire",
prévient Mad-dog assis dans un cloître du sous-sol alors
que les tapiole.com shootent au foto-numeric tels des bandits
mon défrocage. Florence me bise et rebise avec amour. "Ça
ne doit pas être facile pour un homo de trouver quelqu'un
lorsque je vois la concurrence qu'il y a dans votre milieu et le
panel de sélection plus réduit que le nôtre.
Vu comme je rame pour avoir un mec, j'imagine la difficulté
pour vous." Je démens en lui sortant un "ce n'est
pas la quantité qui importe, c'est la ponctualité
: il faut être à la bonne place, au bon moment. On
passe notre temps à côté de la plaque".
Clignez des paupières. Samedi,
après un anniversaire de Laconque à sabrer
le champagne au balcon autour de L'Ange Brun, Z2, Christophe
Boum et Primabella nous testons l'Enjoy au Transbordeur.
Soirée navrante où Julie prend la pose pour Nuits
Mobiles et lâche : "Si tu publies ma photo, tu pourras
dire que beh on part à l'Ambassade tellement c'est nul."
Jean-Albert navigue d'une salle techno presque sympathique
à un Transclub où D-troy sature le son afin de faire
croire au 30 % de kids-clubbers se mouchant le nez pour rhume farineux
qu'il est un bon dj pumpin. Je taxe une bière à 30
F après une entrée à 120 et un taxi à
90 et ferme les paupières à l'arrière d'une
Mercedes qui traverse le jour nouveau le long des quais.
Court
encore. Mercredi, Groove de Là prendra résidence
à L'Ambassade avec dj Samir et Krissfader alors que
l'attraction Snooze à La Marquise devrait en saouler
plus d'un. Au Bec de Jazz (19, rue Burdeau, Lyon Croix-Rousse),
Telephone Love regroupera les aficionados des Nassa Boy et Mc Gerro.
Vendredi, sur les quais du Rhône, le Fish donnera sa
Pure "parisienne" tandis que La Marquise invitera le house-groover
D'Julz. Samedi, Saturday Night Fever au Melting Pop Café
avec Electrosex et dj H. Le Space sera le plan vital de la semaine
avec Josh Wink.
|
Haut de page |
MERCREDI 07 NOVEMBRE
2001 _ #150 |
|
|
|
|
Point
Mort ?
Au
commencement, une longue inspiration-expiration malsaine ouvre Invisible,
premier morceau de l'album de Fisherspooners, formation-electro-sensation
tout en haut de ce qui est en vogue et de ce qu'il FAUT ABSOLUMENT
écouter entre amis-consommateurs des derniers coupe-vent
Barbara Bui et habitués du TGV pour shopper au rayon presse
étrangère du W.H. & Smith ("jolie la couv' hologramme
du Sleazenation") ou taper la bise aux vendeurs de L'éclaireur
à Paris. L'electro 80 est de retour et ce n'est pas vraiment
une nouvelle. Même Alexis Bernier, standardiste à Libération
(rendez-nous Didier Lestrade), ouvre les pages "Culture"
du quotidien avec, dixit le journaliste, "ce revival pour trentenaires
'décadents' chic et snobs préoccupés à
se repoudrer le nez". Allons bon. Après un quinquennat englué
dans une french touch disco-house et musique "lounge" pour débiteurs
de boissons glacées, un bon coup de pied au cul sur les dancefloors
tardait. Une petite resucée d'electro-pop version Boytronic
(je recherche désespérément leur simple Last
Night Satellite, émilez-moi) culbutée par New
Order et tendant vers l'acid house ne peut que faire du bien
aux conservatismes bourgeois ambiants : les djs se la pètent
("Hey les gars, Jean-édouard du Loft est dj tout comme Monsieur
'Boui-Boui Telecon' à la télé alors un peu
de modestie") et gèrent leurs fly-cases comme une petite
entreprise tranquille pour des clubs qui, leur couleur musicale
trouvée, font tourner la caisse plus que les styles musicaux
émergents. Alors peut-être les Fisherspooners, Miss
Kittin & The Hacker ou Chicks On Speed (là,
je ne peux pas) sont rétrogrades. Ils replongent surtout
un jeune mouvement musical (obsédé par un esprit toujours
plus novateur à s'en interdire toute petite marche arrière)
dans ses débuts dérangés, corrosifs et bordéliques.
En somme, un retour au point de départ pour mieux rebondir
et non une simple nostalgie de pré-quadra nantis.
Virgule Vivant ?
Le
versant "gay" nocturne local, même s'il est depuis longtemps
à la traîne musicalement des clubs et mixer-bars hétéros,
trique à fond. à l'instar du gigantisme des soirées
Scream à L'Enfer-Montparnasse ou Empire au Théâtre
de L'Empire (propriété du club surestimé et
déserté par les homos, Le Queen), depuis septembre,
pas moins de quatre mensuelles tentent d'appâter gays et kid-clubbers
sur le thème sous-jacent et fédérateur "encore
plus de mecs donc plus de coups potentiels". Ainsi, Réminiscence
au Ninkasi Kao, Enjoy au Transbordeur, l'importation
du gay club londonien, Trade au Space et le vétéran,
Factory au Fridge se prêtent au gay-clubbing à haut
débit de flyers "king size" annonçant hardhouse cheesy
et gogos "en fantasmes-tu, en voilà". Cette débauche
de grandes fêtes est plus que bienvenue dans une ville homo
surpeuplée de bars en tout genre mais limitée en "vraies"
discos. Le Village-Club vient de fermer sa mythique porte
et il ne demeure, en post-deux heures du matin, que le Dark's
Club, l'United Café, Le Medley et Le Marais
pour finir sa nuit. Ces soirées "gay-oriented" tiendront-elles
la distance ? Réminiscence et Enjoy investissent respectivement
deux salles ennemies (Ninkasi Kao et Transbordeur)
qui ont en commun un tarif de location supérieur à
12 000 francs la nuit et gardent, la plupart du temps, la recette
du bar dans la caisse de l'établissement. Ainsi afin de rentabiliser
l'investissement des organisateurs, un gay-clubber qui a été
habitué à une gratuité d'accès et à
des conso à prix rikiki en centre-ville, doit éjaculer
120 francs à Villeurbanne et 100 à Gerland. Pour quoi
? Pas grand-chose chez Enjoy : deux écrans vidéo,
trois ficelles de lumière et des consommations surtaxées
et dosées au dé à coudre. On tentera de sauver
la mise à Trade ce dimanche et à Réminiscence
le 8 décembre prochain. Si l'arnaque qui consiste à
prendre les "pintades" pour des pigeons se généralise,
le valeureux dynamisme gay du moment risque de rapidement débander.
In
the city. Mercredi, Arture s'installera à la buvette
du pont Wilson comme chaque mois pour un dîner arty-écolo
dès 20h. Vendredi, en fin d'après-midi, il faudra
choisir entre deux stars : Loana au Virgin Megastore ou Brigitte
Fontaine à la Fnac Bellecour dès 18h. Cherchez les
différences. En soirée, la folle exquise (non pas
celle du Loft) ameutera le Tout-Lyon salle Molière pour un
concert de kéké. Plus tard, Fiesta Caliente au Fish
pour une nuit salsa et Smith and Mighty pour le plan vital de la
semaine à La Marquise. Ab & Fab sortiront de l'ordi' pour
une Dk-Tapiole.com au Dark's Club. Samedi, Ambient Vibes vaporisera
le Ninkasi Kao avec Tajmahal. Dimanche, Trade envahira le Space
avec Gonzalo et Ziad.
|
Haut de page |
MERCREDI 14 NOVEMBRE
2001 _ #151 |
|
|
|
|
Beauté
nuisible
"C'est qui ?",
questionnent deux grand-mères en bonnet chauffant avant de
hausser les épaules incrédules face au flot de fans
et curieux venus voir la star actuelle du Néant. "Loana,
t'es bonne !", hurle un petit rebelle-sans-cause dans le peloton
de têtes qui se massent devant la porte du Virgin Megastore,
vendredi. à l'intérieur,
la bimbo du Loft signe des dédicaces de son livre Miette
ou petit carnet collector de signatures illustres (Mylène,
Hélène et les autres). Gentillet. Au Modern Bar
(rue Thomassin, quartier Cordeliers), un air de movida, colorisée
crue et débridée façon Almodovar, m'apporte
la nostalgie de la belle époque du Chez Carmen parisien
: bar de quartier typique pour clientèle magnétique.
Babby maîtrise son monde à coups de petits jaunes
ou drôlerie d'un "lundi, j'ai été obligé
de le foutre dehors : il s'est déqueuté devant un
client, ma courge d'Halloween en équilibre sur la tête.
Il a failli m'exploser ma courge". Tina, édentée
à ras-le-comptoir, marmonne musique : "Et Kylie Minogue,
beh, tu sais qu'elle redevient à la mode". Dehors, un
gaillard post-pubère beau et frais navigue entre le préau
des 8 Nef et la terrible enseigne du Sex-Machine. "S'il rentre
dans le sex-shop, je le suis de suite", se prépare un
pimpo-gay taillé au carré. Je remonte le cours Vitton
jusqu'à l'apéro donné par Lynx. Chris,
rentier et haut consommateur de sexe, fait barboter trois fraises
Tagada dans son whisky-coke : "On appelle ça un strawberry
mary. C'est vrai ? On peut aussi essayer le chamallow rhum ?".
Lynx penche sa tête et joue, amusé, de sa beauté
nuisible. Je signe à contre-cur une pétition en faveur
des intermittents du spectacle et cligne des paupières. Au
Voxx, tous chantonnent aux rythmes des sixties et Le Petit Poucet
rougit d'ivresse alors que je recherche François Kanardo
en liaison permanente sur le portable. J'oublie le sacrement unanime
de Smith & Mighty à La Marquise dans un long crochet
au Dark's. Un baiser à Reine Claude, notre
Patsy lyonnaise sous effluves de poppers glacé et je me trouve
avalé par la bouche d'un inconnu en sous-sol. Samedi,
le dîner amical organisé par les parents de Laconque
se trinque au champagne rosé et grand "tralala" chic à
table. Nous glissons de la géopolitique moyen-orientale agrippant
les sérieux invités à un "Je ne savais plus
où me mettre. Le mec m'a touché les seins jusqu'à
m'ôter mes 'pushers'. Pfut, plus de bonnet C. La gêne"
d'une amie de la blonde exquise. à la fête état
des Lieux de Sandrine, les pièces mélangent alcools,
bonbons et discussions légères ou "philo-éthyliques".
Dans la chambre, un groupe de corps allongés décachettent
des After Eights et me pousse à l'épreuve. "Comment
!? Tu as signé la pétition des intermittents du spectacle
!? C'est le divorce", menace Mon épouse. Je tente de
racheter ma traîtrise en proposant une contre-pétition en
faveur de la barre de sécurité pour vélo qui
impose une distance entre le deux-roues et les voitures. Chacun
propose un slogan vendeur jusqu'à relancer une nouvelle pétition
: "L'AGL : l'Allocation pour les goûts de luxe. Nous créerons
le BVG (le Bureau de vérification du goût) qui décidera
qui peut en bénéficier et qui devra payer la TGC (Taxe
sur les goûts de chiottes)", organisent Mon Épouse,
Karine et Marie-Êve. Une nuit heureuse de rires et
"bedtimes conneries" pour fermer les paupières.
Zupper
zounds. Mercredi, les djs Mouss et Crazy B de Double H mixeront
hip-hop scratché au City Groove du Fish. Dans la même
veine, jeudi, ce sera la nouvelle fête Version 6.9 au Taktika
(65, quai Gillet, quartier Vaise) avec Duke, Izo et Slider aux platines
et le nouveau numéro du magazine éponyme sous les
yeux (enfin, à lire une fois rentré à la maison).
Vendredi, le Melting Pop Café (1, rue Saint-Benoît, quartier
Terreaux) jouera dans l'electro-bizzaro-taré lors d'une soirée
Warp & Rephlex avec Anaxagore, Cat Montana et Mathilda. David Guetta
jouera certainement son summer-hit Just a little More Love (sic
!) au Fish. La Marquise donnera sa huitième Jungle Rollerz
avec Wallas'n Kselo, Jay, Ranium et Nokman. L'Ambassade fêtera
son anniversaire avec, pour le pétillant champagne, Tommy
Musto. Samedi, pour la cerise sur le gâteau, le club de la
rue Stella (quartier République) invitera Dj Deep. Deux soirées
vigoureusement fréquentables. Le live de Readymade à
La Marquise sera à suivre d'une oreille plus ou moins distraite
alors que Enjoy fera son cheap-cirque simultanément au Transbordeur
et au Taktika. Dimanche, Björk et Matmos s'écouteront
(chèrement) à L'Auditorium. Le Plan Vital de la semaine
même si la maison de disque de l'Islandaise devrait arrêter
la com' massive sur le thème "c'est une chanteuse superintrovertie,
timide, un peu sauvage et tout ça". à force, on va
finir par confondre cette grande artiste avant-gardiste avec Mylène
Farmer.
|
Haut de page |
MERCREDI 21 NOVEMBRE
2001 _ #152 |
|
|
|
|
Crocs
grinçants, morsures d'amour
"J'étais
au lycée et parlais très peu de mes lectures. Un matin,
j'ouvre Libé et apprends la mort d'Alain Pacadis.
La nouvelle m'a tellement bouleversé que je voulais en parler
aux autres, plus branchés sur OK Podium et ce genre de trucs
que sur un junkie homo aux cheveux crasseux, dents pourries et qui
venait de se faire assassiner par son amant. Je leur montre la photo
du journal avec un portrait de Pacadis et ses poignets de force
sur ses maigres bras. Ils n'ont rien compris et me suis sentie comme
une extra-terrestre",
se souvient Cécile Vaesen, fidèle du quotidien
au losange rouge et de son regretté chroniqueur "nightclubbing",
le plus illustre des temps modernes. Mercredi,
la soirée Beaujolais Nouveau du Progrès au
Sofitel se traverse ainsi : entre sexagénaires ficelés
de cravates naphtalinées, poupettes liftées et pincées
par le coût du scalpel-de-l'éternelle-jeunesse et grands
écarts sous l'acide du pinard : Fred (Transbordeur)
se masque le visage avant de me shooter au photo-jet et de nous
crocheter mutuellement de quelques-uns de ces venins enfantins.
Mêmes petites méchancetés mondaines avec Marco
de Lyonpoupoules.commérages. "Il est où ? Montre-le
moi. J'adore ce site", feint avec passion Cécile. Présentation
faite, le web-setteur fait preuve d'une répartie agréable
en se qualifiant "gentleman farmer" après le lâcher
d'un "votre site, c'est un truc de campagnard un village plouc
en quelque sorte". Clignez des paupières. Jeudi,
Mon Épousé et Marie-Êve m'invitent au Guilain
(rue des Quatre-Chapeaux, quartier République) pour l'annuelle
"Beaujolais" des deux restaurateurs Guy et Alain, soirée
devenue une réussite traditionnelle et un échappatoire
au champêtre mainstream de la feuille de vigne flétrie
et des canotiers en papier. Une choucroute digérée,
tous frappent les tables lors de la montée de Guy sur le
comptoir, prémice à un strip-tease presque intégral
qui ouvrira le bal des déculottés sous beaujol'pif.
L'échappée dans un sex-shop du quartier République
où Mon épousé questionne un client présumé
chauffagiste sur le choix délicat d'un "radiateur d'appoint
au pétrole ou au gaz" alors qu'elle emballe un jeu de cartes
"spécial queues hors normes" nous amène au Medley
à se tordre le corps sur Peter et Sloane. "Ici, c'est
comme dans ma salle de bains. Vraiment décomplexant. Tu fais
n'importe quoi et tout le monde s'en tape", cligne des paupières
la future mère de mes enfants. Vendredi,
l'inauguration du restaurant thaïlandais, La Rivière
Kwaï (rue Chavanne, quartier Cordeliers) comprime Jérôme
(tombé dans une liaison fraîche d'amour) et Elie d'Art Canut,
la bande du Comptoir Saint-Hélène ou Bernard prêt
pour l'expo collective, début décembre, des Figures
de L'Absence à L'Ovale 203. Après le silence imposé
et admiratif devant un musicien instrumenté d'une vingtaine
de verres d'eau, je rejoins Cécile, Z2 et Julien Micro P.
au Mi Mots Arts. Sur un cassoulet de la mer spécialement
préparé par Jean-Marc, nous échangeons souvenirs
de nos toutes premières masturbations, découverte
de notre tendre main droite. "Ensuite, on y plaque des mots de
plus en plus beaux : branlette puis masturbation et le merveilleux
onanisme", ferme Julien. Une dorure de bière au Dark's
suivie d'une flûte de champagne à L'Ambassade,
enneigée de confettis, enchaîne un after toujours aussi curieux
et salace à La Jungle. Clignez des paupières.
Samedi, au Dark's, Patrick,
héros d'une histoire toujours finie (ou jamais commencée)
et deuxième homme "vavavoum" rencontré pendant cette
année de célibat, m'oxygène l'esprit et ravive,
en un de ses petits sourires en coin, ma naïveté amoureuse.
Je lui propose de faire l'amour à l'arrière d'un taxi
qui nous amènerait nulle part. Il préfère une
couette légère sous laquelle nous faisons fondre jambes,
sexes, torses et bras en un seul être. Une sensation moelleuse
où un simple toucher, un souffle court pénètre
au plus profond. Conjointement, nous rapprochons nos yeux grand
ouverts et souriants l'un vers l'autre jusqu'à tenter de
voir ce qui se passe au fond et fermons les paupières en
riant.
Heat
This. Mercredi, Noche Latina poursuivra son tour du monde chaloupé
à La Cour. Vendredi, Seek (Julien) frictionnera le Mushi-Mushi
de drum'n'bass alors que Le Monde à L'Envers s'emballera
house-electro avec P. Moore et Roussia pour un Serial Love. L'hebdomadaire
Zoom du Plein Gaz Team au Woodland (32, quai Arloing, quartier Vaise)
se pimentera en une Spécial Talkin'Loud avec Pablo Valentino
et le briton Dj Venom en guests. La nuit Buccolic Eclectic Electronic
regroupera Richard D.Sign, Slush, Eric C et Cali au Melting Pop
Café. Samedi, La Marquise empochera encore le plan Vital
de la semaine avec le très "bizarre" Dj Spooky. Dimanche,
le Factory se lancera dans le paranormal et futuriste pour une Roswell
au Fridge.
|
Haut de page |
MERCREDI 28 NOVEMBRE
2001 _ #153 |
|
|
|
|
Gary
Cooper is still alive
Mardi
20, la scène pentue du Théâtre des Ateliers
déverse son sable sur les premiers spectateurs de Si l'été
revenait d'Arthur Adamov, mise en scène par Gilles
Chavassieux. Claire me prévient : "Ce ne sera pas
une pièce facile. Si vous ne tenez pas, vous pouvez dormir
discrètement." Après un quart d'heure à
se demander "suis-je si bête pour ne rien comprendre ?",
je finis par accrocher à ces rêves fouillis où
se concentrent suicide et rapport homme-femme (où plutôt
homme-mère) qui me gonflent les tempes par la surcharge de
texte et un écho symbolique raisonnant avec mon passé
décomposé de jeune orphelin accidentel. Au cocktail
suivant, je salue Morjane Faraoun (belle Théa dans la pièce)
et cherche d'un regard envieux et craintif, Carla en poste au sein
du théâtre. Je bafouille quelques lieux communs à
la plus étourdissante des jeunes femmes et Ma Princesse m'abandonne
pour cligner des paupières. Mercredi,
la bande du Comptoir Sainte-Hélène finit son verre
et entoure Jérôme d'Art Canut et Gaelle de douillettes
attentions. Nous rions à La Marquise lors d'une représentation
de la Ligue d'Improvisation avant de m'égarer dans l'amour
artificiel que j'offre à Patrick par textos. Clignez des
paupières. Jeudi, l'homme
de mes pensées me souffle des douceurs sur le portable dans
l'obscurité d'une insomnie. Je lui offre mon dévouement
entier d'un "tu es comme Carla. Vous êtes dotés, tous
les deux, d'une beauté généralisée qui
ne peut que déborder de toute part. Face à ça,
on ne peut que vous offrir tout ce que l'on possède : de
ses biens à son imaginaire". Clignez des paupières.
Vendredi, Claire admire le bouquet
stylisé Yves Saint-Laurent offert par Laurent C. : "J'ai
commandé au fleuriste les bases du couturier (rose fuchsia,
orange et jaune). 'Oui, un Yves Saint-Laurent et non un Puff
Daddy', a flairé le boutiquier". Nous tartinons une
terrine au Modern Art Café offerte par un David esthète.
Claire, en séparation cyclique avec Mezzont, commet
le suprême : "Dans le sexe, ce n'est pas la performance
qui compte mais la compétence". Après un dîner
léger à l'irremplaçable Chez Carlo (rue
Palais-Grillet, quartier République), je zappe d'un Cap
Opéra sans envie à une petite vapeur au Double
Side où mes doigts coulent sur la queue d'un colosse
présumé égaré. Le Dark's offre
sa soirée Dk-tapiole.com, petite concentration de borderliners
incorrects : Julien-justin fait son retour de déprime en
compagnie de Marie-Charlotte, gouvernante assise sur le bar à
tomber à la renverse devant son penchant pour une provocation
vive et "vavavoum". Nous branchons un Zadig, rugbyman parfait et
décoffré d'un acier miroitant. "Nous cherchons
des partenaires pour une fin de nuit à cinq. Je suis la princesse.
Tu ne voudrais pas être mon nem géant ? Attention,
ne triche pas : pas de rouleau de printemps", s'agite Marie-Charlotte
devant la "bête". "Je prends ses petits yeux persans et
toi, sa bouche appétissante", défigure-je encore
le beau gosse devant Guillaume, de nouveau amoureux, et Julien-Justin
qui feint l'homosexuel en se fixant sur un Maxémilien torturé
(version Mylène Farmer). Suivra Gaétan, "pour jouer
la soubrette" et Jeantou, petit naïf que je regretterai d'avoir
péniblement sucé dans la backroom. Clignez des paupières
sur une très belle nuit. Samedi,
nous regagnons l'IUFM pour l'exposition fantastique de David
Mach (prolongée jusqu'au 15 décembre) : voitures
bouffées par des rouleaux de magazines et inversement. Première
salle comblée et ouverte sur une seconde, dépouillée
et piquée d'une série de masques précis en
allumettes et de visages en cintres nus aux crochets qui agrippent
l'admiration. En soirée, à La Marquise, Dj
Spooky ennuie par l'incohérence d'un mix, brasseur de
styles musicaux variés mais déliés. Sans grand
intérêt, si ce n'est que le dj sauve son diplôme
de mixeur hautement qualifié et que Cricri le taxe
de "feignant" avant de m'inviter à son anniversaire, vendredi
30. De retour au Dark's, Carla fait la connaissance, à
demi-"je m'en foutiste", d'un Lynx magnifique et mime des
chorégraphies, typées Popstars, sur "tu peux danser,
là, sur cette musique ? C'est naze". Effectivement. Je raccompagne
"ma future" jusqu'à sa porte puis rentre sur le clavier un
texto : "Bonnuit". Destinataires : Carla puis Patrick. Fermez les
paupières.
Essentiels. Vendredi, TMC party au Melting Pop Café
avec Agoria, Alex Da et Mc Emzighen. Alors que le Fish invitera
Dax Riders, la Marquise servira une Moods & Groove housy et junglisée
avec Didier Allyne, Pablo Valentino et Jun. Samedi, l'Ambassade
sera régi par Manoo et Allen lors d'une Beauty soulfull.
Le Plan Vital de la semaine reviendra à l'Electrozen des
Youngsters, Gil Le Gamin, Oliver Twist et Luigi au Ninkasi Kao.
Dimanche, Hypnotik au Box Office avec Patrick Strike, Esteban, Sophie
A et plus au 06 61 78 23 23.
|
Haut de page |
INSTINCT NOCTURNE
|
Écrit
par Baptiste Jacquet |
a été publié sous l'appellation
"Nuits Mobiles" jusqu'au
22 nov. 06 dans l'hebdomadaire
|
|
|
|
|
|