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INSTINCT NOCTURNE
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Écrit
par Baptiste Jacquet |
a été publié sous l'appellation
"Nuits Mobiles" jusqu'au
22 nov. 06 dans l'hebdomadaire
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MERCREDI XX XXXXXXXXX 2000 _ #097
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Coeurs
ouverts sur bouches cousues
Mercredi,
le poitrail grippé, Christophe Boum me capture pour
fêter les presque deux fois trente ans de Babby au Modern
Bar (rue Thomassin, République). Événement
surprise pour le gentilhomme et nuit des plus intenses et riches
de l'année : jolis garçons, belles dames en tailleurs
rétros, verts et encanaillés retraités, mâles
virils voire beaucoup moins. Tous portent de larges sourires grossis
par la transparence de coupe-soif extatiques. Après que Comtesse
L. a pointé la croûte d'un carré de pizza et
se soit piquée d'un "Il y a beaucoup trop de farine
sous la pâte. À moins que ce ne soit de la coke",
un solide Querelle s'active à s'effleurer sur un Babby menotte
et à pleine tête sur le corps transpirant du marin.
Dalida en boucle, nous échangeons bras et danses jusqu'à
ce qu'un invité finisse en simple chemise debout sur le bar
à se regarder la queue anesthésiée. Hyperréaliste
et grands moments. jeudi, je colle Le Bimb sous une
couette d'adieu. Mon amour ne m'embrasse pas : "T'embrasser,
ça voudrait trop dire". Baiser d'amour ? de rage ? de
secours ?, peu importe. Bouches cousues, nous clôturons
l'histoire. vendredi, Marie-Hélène et Patrick
Vidal nous mettent à table à L'Escalier.
Pendant que dj Arnie charme le résident de la très
prometteuse soirée régulière K.A.B.P (La Boule
Noire, Paris), Claire passe brièvement nous montrer son bouquet
à offrir : "Regardez, on dirait une bouse de vache
vernie avec trois marguerites au milieu. J'ai honte mais j'assumerai."
Un bref passage à La Tour Rose pour fêter le
cahier Spécial Lyon de Libération suivi d'un
souper dit "entre filles" au VertuBleu (où
Alice, Marie-Êve et Hauviette évitent toute
confession), j'arrive dans le Zaw-Studio où les communicants
et "starteupeux" descendent verres en carton sur projections
vidéos low-teck. Sous le délicieux groove des 3 mai
et Da House Family Project, Petit Poucet, visage rosé
par la chaleur, m'évite et, Claire et Z2 s'invitent enfin.
Ma princesse papillonne alors que Z2 me saute dans les bras et,
la libido toujours explosive, souffle "je veux me faire
la fille au gros cul avec les lunettes sur le dancefloor".
Navré et usé, je plonge vite sur l'oreiller. samedi,
Virginie et Agathe m'excitent à l'entrée de l'École
de Santé des armées à Bron où le méga-gala
annuel des militaires dégouline de tentures bleu-blanc-rouge,
de robes de soirée sur futures jeunes mères-ménagères
et d'uniformes, lourdés par des décorations au kilomètre,
sur de beaux gaillards très sages. Après une bouteille
de champagne, nous fuyons agacés par tant de bonne tenue
et Agathe booste sur le périph en fredonnant "vite,
il faut que j'ai mon coup de sexe hebdomadaire". Z2 nous
rejoint au Bistroy puis direction le Ninkasi Kao pour l'Electrozen.
Sous des bannières chinoises tombant majestueusement du plafond,
les djs se succèdent dans des mixes creux et un dancefloor
triste à partir. dimanche, Sébastien B. me
fait l'exposé de la Loi du Pouce : "Le pouce d'un
mec ressemble exactement à sa queue. Si dans un sauna, il
croise les bras, je regarde ses orteils. C'est la même chose."
lors d'une tournée générale des bars gays.
Nous mélangeons sexe, amour et vin puis chutons.
En
attendant Halloween. Début de week-end tranquille qui
ne débutera que vendredi avec Tagadaland au Monde à
L'envers avec Tom Parris et guests. Toujours techno, Marc Twins,
Bastouille et Luigi se réuniront pour la soirée In
Da Mix du Studio. UHT se boira trip-hop, dub et jungle au Kafé
Myzik avec Click, Nino Korta et Vinilisty alors que dans le genre
prétentieux "je me prends pour un jet-setter",
le Titan fera sa Jet Set Party avec Zebulon et Sophie. Samedi, l'Extraxion
Party à la Marquise brassera house, funk et electro avec
dj Moustik, Sir John et Lord MNX. La Cour prend les devants pour
la fête de Halloween en désapant ses Chippendales Halloween.
Dimanche, Las Vegas Factory fera tourner les bandits manchots avec
dj Daniel et D-troy et mardi, les citrouilles se baladeront dans
tous les clubs de la ville. Une mention spéciale à
la Decks & Drums sur la Marquise avec Ranium, Remy et Seek et
au vital de la semaine : Maléfik au Fridge avec l'excellent
Stéphane Mandrax en house.
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MERCREDI XX XXXXXXXXX 2000 _ #098
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Rock
Da House
Lundi
en huit, Ludovic Navarre also know as Saint Germain se planque derrière
ses pupitres au Transbordeur. J'ai longtemps traîné
des pieds avant d'accepter d'aller voir ce que je pressentais comme
un concert raplapla et maniéré, où l'acoustique
d'un quatuor cuivre-piano-batterie-percussions authentifierait l'électronique
(comme si l'on n'avait pas encore réalisé que les
ordinateurs, boîtes à rythmes, platines et samplers
étaient de vrais instruments tout autant "humanisables").
Je me suis trompé. Je me suis trompé sur une prestation
imparfaite mais réussie. Passons la rythmique synthétique
monotone, les entrées cuivrées jazzy parfois dignes
d'un Joe Jackson indigeste et pompeux. Le tout se portait bien et
s'accordait au mieux. Là où le regret reste entier,
c'est sur ce nouveau système de tournées d'artistes
électro envahissant salles de concerts et nightclubs qui
décalquent platement le système pop-rock (une scène,
de "vrais" instruments, un public les yeux rivés
en un point fixe) sur un mouvement musical, à l'origine,
explosif et explosé. La house nation (techno incluse) se
source dans l'échange, la communion, le dimensionnel, la
musique (dont le diffuseur se fait invisible) et non la linéarité
d'une simple scène. Pourquoi Saint Germain et tant d'autres
ne conçoivent-ils pas leurs prestations comme une fête,
un bal ? Concept où la théâtralisation de l'événement
s'investit dans le public et non sur la scène, où
l'important réside dans les pieds agités du public
et non la virtuosité "suréclairée"
d'un saxophoniste ? Certains pleurent que les artistes de musiques
électroniques vendent leur âme au diable en allant
signer chez des Universal ou Sony Music. Si l'on peut craindre qu'il
y ait "nivellement créatif par le bas" afin de
vendre, d'être commercial (ce qui reste à prouver),
le pire est ailleurs : ces artistes acceptent de promouvoir leur
dernière pochette de disque telle la variété
de Lara Fabian ou le rock de Miossec. Et là, on peut se dire
que la house nation en a pris un coup dans l'aile ou se doit de
se réinventer.
Mange
disk. Violons, pianos, petites basses roulantes et hypnotiques,
brins d'électricité sifflants et petits jeux jazzy
remplissent ce Sakura de Susumu Yokota (Leaf-Skinton Rec.) d'un
lent et doux courant psychédélique. Un album captivant
et amplificateur de bien-être ou de spleen. À ne plus
vous lâcher donc à posséder.
Dancefloors
in the dark. Mercredi, les "artistes dans la nature"
d'Arture se retrouveront dès 20h aux pieds humides du Pont
Wilson. Au Fish, Groove de Là ! bouge de la tête avec
Cutee B (Double H) et dj Kheops (IAM). Jeudi, l'electro-dub de Botom-Botom
et dj Off s'installe au Bistroy. Le Box Office s'exerce aux latinos
flavas avec une Noche Tropicaliente et dj Rucangola. Au Fish, Dan
Ghenacia, Jérôme Pacman et Didier Limonet prendront
le bateau en otage. Le plan Vital de la semaine parce que Dan Ghenacia
est un as du lancer de disques qui fait sautiller. Vendredi, pendant
que Trance Estate "tchik-boome" le Monde à L'Envers
avec Virtuart, Naga, Tall Ced et Gill, La Marquise ondule sur la
drum'n bass québécoise de dj Maüs et du Bordelais
Hallex M. Au Titan, Luigi dirige le dancefloor d'un Bio Booster
electro-tek et Rico mixe groovy-house à la Moody Night du
Kamin's Club (5, rue Royale, Terreaux). Samedi, Wake Up ! Angel
Kiss arrache les ailes de beaux modèles pour sa gay-mensuelle
au Fridge. Dimanche, pendant que La Cour (4, rue Mulet, Terreaux)
ressuscite le Dollar One, L'Ambassade (4, rue Stella, République)
invite les house-purists à W.A.S avec dj Manoo aux platines.
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MERCREDI XX XXXXXXXXX 2000 _ #099
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Méchant
remous
Mardi
de Halloween, après un long apéritif au Modern
Bar (rue Thomassin, Cordeliers) où, sous les soufflets
stridents de nos langues de grand-mères, Babby refuse
de porter le chapeau de sorcière, Christophe Boum
et Primabella m'accompagnent au Fridge et sa file d'épouvante
interminable à l'entrée. L'arène du club grouille
de bouteilles et jeunes kid-clubbers en sueur sur un Stéphane
Mandrax classique mais parfait. Les bras se déchirent des
corps dès la première reprise du One more time
des Daft Punk qui sera certainement à la house ce
que Barbie Girl d'Aqua demeure à l'euro-dance : un
coup de pute, un décalco instantané sur cerveau. Morceau
relancé, jeudi, par Jérôme Pacman au
Fish et qui laissera les étudiants du bateau tourner
en rond sans passion. "Avec la clientèle qui vient
ici, faire venir des djs comme ceux-là, c'est donner du caviar
aux cochons", s'attriste David au bras de son boyfriend.
Vers quatre heures, la piste se régénère de
post-ados plus festifs et pris en tenaille par le ping-pong haut
de gamme entre Pacman et Dan Ghénacia. vendredi, la
rage me prend le corps après un dîner alcoolisé
chez Marie-Êve. Plaqué contre le carrelage et
entouré de chasseurs de queue en serviette blanche, je donne
des coups de poing sur le bouton-pression chronomètre des
douches du Brick System. Tout se fait par le regard et en
relaxation dans le bain à remous, je vise férocement
un aveuglé par l'écume lumineuse prêt à
s'adonner, en deux touchers, à quelques succions aquatiques.
samedi, le Funambule se relaxe jusqu'à ce que
Z2 s'agite devant "l'attitude très érotique de
tenir et tirer sur sa cigarette" d'une fleur brune. Laconque,
pétillante et au look streetwear surgonflé, récupère
son serial-fucker et me perd pour la nuit. Au Village-Club,
Philippe G. pince ses lèvres en virgule haute et sourit des
yeux. Irrésistible. Nous roulons le long des quais vers une
fin de week-end douillet où, dimanche, nous serons
soufflés par le vent sur la grande roue de la Vogue aux marrons
sur le plateau de la Croix-Rousse puis finirons à dix Chez
Carlino entre "anciens" déconneurs et vieille
noblesse décadente. Pendant que Jean-Yves Augagneur
radote l'incendie dans son immeuble ("j'ai tendu un tableau
de Warhol au pompier. Il m'a dit que j'abusais pour sauver un pauvre
poster. poster ? oui, juste un Warhol original"), Comtesse
L. nous invite dans sa ferme ("Cinq chambres, un dortoir
et une backroom. Pour le château, ce ne va pas être
possible"). Sonné, je ferme les yeux et me plaque
contre Philippe dans la dernière rame de métro.
Mange
disk. À un mois des remises de play-lists consacrant
albums de l'année et consorts et même si le Rest d'Isolée,
électro-bizzarerie allemande, possède une belle longueur
d'avance pour rafler le trophée électro 2000, le label
Playhouse signataire de ce déjà standard, en remet
une couche : Losoul et son Belong navigue dans une deep-house heureuse
et hallucinogène. Lies est déjà un classique
repris sur la possessive compilation Back in 10 minutes (Classics
Rec.) tandis qu'Overland pille, la fumette sur les potars, le Billie
Jeans de Mickey Jackson. L'ensemble promet de ne trouver que peu
d'exemplaires de cet album longue durée chez les disquaires
d'occas.
Popular
clubs nites. Mercredi, Mr Orange pousse la chansonnette au Bistroy
(1, rue Chappet, Pentes) alors qu'au Fish, Kost, Manoo et dj'M se
chargent de rendre groovy l'Urban Metissage. Jeudi, Quoi de Neuf
mensuelle chez Ramdam à Saint-Foy pour les arty-cools et
un peu plus tard, une nuit Afro-Latino avec dj Rucangola à
La Cour. Vendredi, le Kamin Club (15, rue Royale, Terreaux) expérimente
le Mind Control via les sonorités electro-indus de P. Diable
et Dr. Body. Les bimbos et fans de sport iront lécher les
baskets des joueurs de tennis du Grand Prix de Lyon au Fish pour
une Nuit des Joueurs qui s'annonce pipoul à fond. La Marquise
reçoit le label Comet Records pour une Bilongo Party sucrée
de rythmes afro et funky. Samedi, David Vincent pose sa base Alpha
au Titan avec Djul'z et David Maî pendant qu'Uma agite la
Love du Fridge avec Dj Peel. Au Tunnel, Fusion 2000 avec EPO, Greg,
Janus, Olive et plus au 06 87 84 69 69. Dimanche, au Fridge, Jack
de Marseille chargera la nuit Ephémère de groovy sounds
impeccables. Vital de la semaine.
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MERCREDI XX XXXXXXXXX 2000 _ #100
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Gouttes
de pleurs
"Tu
as envie de te faire enlever parce que tu as besoin que l'on s'occupe
de toi. Mais ça ne marche pas. Si tu es de nature à
décider, tu n'attireras que des gens qui ont besoin d'être
pris en main. Il va falloir t'y faire",
m'analyse Roland, jeudi,
au VertuBleu. Ce fantasme de me faire ravir, kidnapper par
un brigand, me lâche en deux coups de fourchette dans un délice
de magret de canard aux figues. Christian Yohan Bégot de
CJB (place Bellecour) nous fait croire que vendre du Paul Smith
est une passion alors que Stéphane H. se rassure que son
homme ait enfin laissé le trio chic, Gucci-Prada-Miu Miu,
pour des tenues plus streetwear. La soirée avait bien commencé
en s'arrosant de petits jaunes au Modern Bar (rue Thomassin,
Cordeliers). Babby faisait des navettes devant le comptoir en trottinette
avant de s'emballer et de courser un travelo particulier derrière
la porte-rideau du Sex Machine d'en face. Enivrés,
nous guettons la fin de nuit au Funambule et Stéphane
se surprend à désirer une belle ondulante : "Je
passe toujours des annonces dans Swing, le magazine échangiste.
J'ai pas mal de contacts avec des mecs seuls. On s'est fait un plan
à trois l'autre soir et mon homme voulait que je participe.
J'ai refusé préférant me branler en les regardant."
Fermez les paupières. vendredi,
Virginie, Laconque et Z2 réveillent mon tête-à-tête
avec le charmant Philippe G. Après une brève apparition
d'un dj Arnie tourmenté et le départ de l'ange brun,
enfin amoureuse, nous embarquons sur La Marquise pour la
Bilongo Party. La péniche s'éthylise de Cointreau
et Julien cache son torse ferme et à renverser sous un tee-shirt
sponsorisé. Z2 force la séduction sur une Aurélie,
executive woman parisianiste, belle et froide comme un glaceur de
bouteille à la sortie d'un supermarché. "Elle
m'excite, elle m'excite", débute Z2. Pendant que
Laconque aguiche un "beau ténébreux"
en compagnie de Philippe, mon bel hétéro joue avec
le clic-flash-jetable de sa proie tout en dégainant sa bite
pour que je lui fasse un cliché en longueur. Mon amant descend
les margaritas comme un étudiant pressé et me vanne
d'un "si le mec que drague Laconque était gay, je
partirais tout de suite avec lui et te laisserais seul ici"
alors que j'arrondis d'une main les fesses d'un rider éméché.
"Laisse-moi te toucher l'entrejambe", accélère
l'inconnu tout sourire. Nous stoppons le jeu à 7h pour guider
Philippe jusqu'à l'appartement, se coller et en oublier le
week-end chez Comtesse L. Fermez les paupières.
Suck
My Soul. Drôle, sexy et basique. La fête soul de
la Marquise du 25 novembre prochain se paye le flyer le plus chien
du mois. Toujours designés par les brillants Kanardo.com.
Canons
noirs. Mercredi, buvez beaucoup d'eau ou de la vodka chez àKGB
et son Champs-Élysées avec Bob Sinclar pour attaquer,
jeudi, la nuit du beaujolais. Les meilleures adresses pour la piquette
nouvelle sont dans le désordre Le Bistroy avec Super Fresh
Babali jouant du "ponk fonk" (punk-funk ?), Le Modern
Bar (rue Thomassin, Cordeliers) et, le plus délirant et sympathique,
Le Guilain (rue des Quatre-Chapeaux, Cordeliers). Vendredi, tout
le monde cuve (quelques courageux s'aventureront à la Carwash
disco du Fish). Samedi, une Tempête de Neige attend les habitués
du Titan alors qu'au Fridge, Wake Up réchauffe les hommes
en les invitant à se dorer la pilule sur la plage. Au Space,
Excentric s'agite avec David Maï et Phil Rodriguez. Le plus
"excentric" gagnera 1 000 boules alors que le club gagnerait
à revoir ses flyers immondes. Pour ceux qui veulent du sexy,
la lingerie fine défile pour Hot Pose à La Cour. En
plus high quality music, Eva Gardner teste ses rythmes downtempo
aphrodisiaques à la Marquise pour le Vital de la semaine.
Electrozen revient au Ninkasi-Kao avec Electric Indigo, The Hacker,
Olive, Luigi et Onark et promet d'être plus jouissive que
la première édition. Dimanche, Kiko, Agoria, Alex
K et dj Shawn emballe le Box Office lors d'une Pure Wild.
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MERCREDI XX XXXXXXXXX 2000 _ #101
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Un
cou de taureau
Nous dînons, mercredi,
au VertuBleu où Jean-Luc en veut à tous les
journalistes de la terre : "Ta copine de L'Express que tu
m'as envoyée hier, elle avait l'air lisse et transparente."
Goûtant sur du Brel, Claire écoute Dj Arnie
déclarer sa flamme pour un Michel, poète sensible
et fragile : "J'ai maintenant confiance en lui : il m'aime.
Je sais que je vais souffrir mais je l'aime." Ma princesse
pince un sourire affectueux pour le jeune homme et nous partons
pour àKGB. Le carton d'invitation épuré
sous l'enveloppe-calque nous laissait présager une nuit people
haut de gamme. Erreur. Après avoir patienté plus d'une
demi-heure pour obtenir un vestiaire ("Si vous avez une
voiture, madame, sortez et allez mettre votre fourrure dans le coffre",
entendons-nous au comptoir), nous chevauchons un troupeau de bimbos
plus ou moins blondes et sortons nous allonger sur un billard.
"Votre soirée n'est pas people du tout. Mis à
part Gérard Collomb qu'il me semble avoir vu partir,
les Roche et nous, il n'y a personne", se désole
Claire. Nous accélérons les jetés de verres
de vodka au melon et râlons sur cette house cheap et pumpin
balancée par Bob Sinclar suivi par pire encore : Dj M, "qui
a tout dans ses sapes et rien dans ses doigts", crions-nous
en coeur. jeudi,
Le Guilain (rue des Quatre-Chapeaux, Cordeliers) fait sa fête
annuelle au beaujolais. Coincés dans la cuisine et entourés
de joyeux convives, nous débutons une assiette de charcuterie
en attendant le strip-tease de Guy démangeant soudainement
Marie-Êve : "Tout à l'heure ma chérie.
Tu sais, chez moi, c'est 35 cm. Il n'y a qu'à la foire qu'on
voit ça", sourit le patron. Après quelques
pots, les colliers se desserrent et Guy monte sur le bar pour une
mise à nu érotique. Sous l'effet de l'excitation et
des "À poil ! À poil !", un quadra
suit et "essuie" son entrejambe avec sa cravate pour ne
laisser finalement que son torse à l'air. Le plus sexy du
joli resto, repéré en un coup de rouge dès
notre arrivée, se lève et grimpe sur le bar. Même
s'"il n'est pas gay" selon Guy, le gaillard finit en slip,
fesses nues et provoque chez Alice un "je prends : il a
des cuisses de rugbyman. Car le rugbyman a de la cuisse. Ce n'est
pas comme le beaujolais". Marie-Êve fait la moue
: "Je n'aime pas son cou de taureau mais il a un côté
timide attendrissant." Plus loin, nous fermons le Modern
Bar où Comtesse L. et Babby finissent leur dernier verre
puis pénétrons dans le Sex Machine où godes
chromés or et cabines légèrement spermées
attendent mains fortes. À Euro-Shop, des sexagénaires
papotent poupées gonflables pendant que Marie-Êve fait
la tournée des nouveautés. Nous fermons les paupières
pour mieux cuver.
Regarder le ciel.
Personne n'a pu louper, poché blanc, puis rose sur le macadam
à la sortie des stations de métro et devant les vitrines
de la Presqu'île, ce poétique message : "Regarder
le ciel". Grand coup de respiration sauvage et indélébile
d'un ou d'inconnu(s) toujours recherché(s) par Bapjac-a-free.fr.
Anonymat évidemment garanti.
Don't
lose your daes, make your nites. Mercredi, les étudiants
passeront l'apéro au République (place de l'Hôpital,
Bellecour) avant de rejoindre Drôle de manips à La
Cour. Jeudi, la jungle d'Aïwa frappera à la porte du
Bistroy alors que deux pas plus haut, au Monde à L'envers,
Tajmahal et Gill malaxeront leur Secret Vibes psychédéliques.
Vendredi, le Melting Pot Café ouvrira ses oreilles jour et
nuit tous les styles musicaux. La peinture est encore fraîche
et vous pourrez vous y coller au 1, rue Saint-Benoît (Terreaux).
Pour les kid-clubbers, le Titan leurs réservera sa What's
up Baby Spécial Moby avec plein de cadeaux. En plus petit
et groovy, In Your Face tournera convivial avec dj Toy et Xav au
Kamin Club (15, rue Royale, Terreaux). Samedi, Suck My Soul pompera
à fond La Marquise avec Junior et Éric en pervertisseurs
de vinyles old school. Une des plus douées (et jolies) djettes,
Roussia reviendra à Lyon en compagnie de Didier Sinclair,
OB1 et Diabless au Tunnel (32, quai Arloing, Vaise) pour le Vital
de la semaine. À L'Éclipse (29, rue Neyret, Pentes),
Lem, Ruds et Starmax vous basculeront dans la Lost In Da Groove.
Dimanche, le Fridge plongera sa mensuelle sexy dans l'obscurité
avec D-Troy et Lynn Jordan. Ce sera Black Factory.
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MERCREDI XX XXXXXXXXX 2000 _ #102
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Amourable
mercredi, je réfugie mes bronches
étouffées chez Claire pour descendre grogs au rhum
et soupe en carton. Nous tournons autour de sujets éparpillés
: du "vivre seul heureux" à "Évelyne
Thomas est-elle géniale dans C'est mon choix ?".
vendredi, la boîte à Emile déborde de
messages électro suite à une petite annonce passée
sur un site cul. Je rejoins un inconnu dans son appartement des
Terreaux lorsqu'Anne-Lise et Christophe Boum me sauvent,
via le portable, d'un mauvais plan avec un cadre sup'. Au VertuBleu,
nous nageons dans le blanc éthylique alors qu'un trentenaire
attardé essaie de nous séduire avec son pied plâtré.
Les têtes embourbées, nous glissons brièvement
jusqu'à l'United Café où, entouré
de jeunes gays surexcités, Ours Fort échange
quelques considérations vestimentaires de RPR encravaté
avec le joli minois d'un élu de gauche en tenue relaxante.
samedi, dîner avec Roussia, Dj Arnie,
Didier Sinclair et les fondateurs de l'association techno Art Fusion
à la brasserie République. Repas insupportable tant
dans l'assiette que dans les décibels coupant court à
toute conversation audible. Au Tunnel, la djette supermodel joliment
dressée d'une robe néo-eigthies observe les jeunes
teuffeurs sautiller : "Ils ne savent pas danser. Ils ne
bougent que leurs pieds." Dans l'ennui d'une soirée
mal sentie, Didier Sinclair nous donne des nouvelles de la capitale
où Radio FG perd de l'argent et s'habille d'une nouvelle
programmation un peu plus large ("Radio Nova peut perdre
1 million par mois : Bizot fait des chèques. Nous, si on
ne veut pas couler, il faut élargir l'audience"),
où la guerre des cachets de djs fait rage ("Pour
une soirée parisienne, en moyenne, tu touches 4 000 francs.
Mais les djs stars internationales, c'est l'hallu' ! À cause
des Anglais et des Suisses, tu dois sortir 20 000 francs pour un
Derrick Carter"). Arnie me fait repérer le
beau photographe de Serial Web qui nous amusera, jusqu'à
notre départ pour La Marquise, en passant son temps,
assis dans un canapé, à s'auto-portraitiser en numérique
(beau reportable en perspective). Sur la péniche, L'Ange
Brun et Laconque nous racontent leurs cafouillages amoureux
respectifs : "Je veux que l'on me mérite. Pas question
de m'emballer. Je ne suis pas amoureuse mais amourable",
assure la brune déterminée. Nous chassons rapidement
un Cédric adorable et attrape-brise-coeur à répétition.
Alors que Gabriella nous expose sa rencontre "sensuelle"
avec le tombeur ("Il était bourré et m'a dit
qu'il me trouvait charmante"), ce dernier part se blottir
contre une nouvelle proie et justifie, plus tard, tant de vagabondages
par un "mais, elle est charmante. Ne trouvez-vous pas ?".
À 6h30, nous chopons sur le marché un bouquet rouge-blanc,
à tarif réduit forcé par un sourire, puis fermons
les paupières.
sCuba. Plutôt
réussi, le flyer de la soirée sCuba Navy au Fish,
prévue ce vendredi : deux beaux marins se galochant à
pleines bouches sur un quai. Seulement voilà, au niveau création,
on n'est pas allé chercher bien loin : En 1995, la marque
de vêtement Diesel commanda cette photo à David LaChapelle
pour une campagne publicitaire. Le Fish s'est-il payé les
droits du photographe des stars pour un simple flyer ?
Let's go dancin.
Mercredi avec Captain Planet atterrira au Monde à L'envers
avec Natty Bass Sound System et Pipon de Cosmik Connection. All
is jungle ! En plus roots, Doctor Eggs balancera son ska au Bistroy.
Pour les apprentis "pipoul", Le Fish nous fait sa Nuit
des Ambassadeurs avec Stéphane Pompougnac aux platines. Jeudi,
dj Love s'éjectera en Electron Libre housy au FBI Café
(2, rue de la Monnaie). Pendant ce temps, les "bouge-la tête-bouge-bouge"
rejoindront Cutee B à L'Ambassade (4, rue Stella, République).
Le plan Vital de la semaine, c'est vendredi, à L'Auditorium
pour La Nuit du Flamenco avec Miguel Poveda, Aguaduce et plus au
04 78 95 95 95. Samedi, la techno de Transvoice, Yellow, Anton'x
and more s'installera au Tunnel lors d'une Fusion 2000. Au château
de Sermenaz, Westland 2 revigorera l'esprit rave festive avec Greg,
Lorenz, Mathias et Switch (rocade est, sortie Rillieux-la-Pape puis
direction Sermenaz) pendant que la Marquise graissera nos rotules
en house luxueuse avec From Disco to Disco et les agents de Solid
Disques, Dr D-sko et Jérôme Kell. Enfin, les fans de
treillis s'entraîneront au Wake Up ! Military Issue du Fridge
avec D-troy et le Doc en résidence pumpin house.
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INSTINCT NOCTURNE
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Écrit
par Baptiste Jacquet |
a été publié sous l'appellation
"Nuits Mobiles" jusqu'au
22 nov. 06 dans l'hebdomadaire
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