Aux matchs de catch foireux et risibles, le chorégraphe américain Mark Tompkins préfère mettre au tapis quatre danseurs cobayes. À la fois mauvais joueur et observateur vicieux des rapports de forces entre ses duettistes, il se moque, sans gène, de nos combats minables et soifs à empoigner l'autre jusqu'à vouloir le dominer.

Baptiste Jacquet

L'institut Lumière présente, en avant-première et en sa présence, le dernier film de David Cronenberg, A History of Violence, et profite de l'évènement pour organiser une rétrospective (dont le génial Crash). Entré dans la cour des grands avec La Mouche, le réalisateur nous a habitué, au fil de ses chefs d'oeuvres, à une réinterprétation des genres cinématographiques.

A History of Violence est l'adaptation d'une bande dessinée qui permet au canadien de se confronter cette fois-ci au thriller et ses frontières invisibles, ténues et fluctuantes, qui font basculer si vite.

Anne LS

3 week-ends Cronenberg

du ven. 21 au dim. 23 octobre
du ven. 11 au dim. 13 novembre
du ven. 2 au dim. 4 décembre

Peut-être ne faut-il pas assister aux premières de spectacles. Peut-être doit-on alors attendre que les comédiens, danseurs ou performers se soient collés au public quelques soirs pour rectifier, s'il y a lieu, leurs rôles et positions. Peut-être, dans cette adaptation de Philippe Faure du roman de Stefan Zweig, le rideau tombera sous les hourras pour la dernière, pour cette dernière semaine de représentations. Le texte est beau et le metteur en scène, même s'il ne révolutionne pas les entrées-sorties des personnages, enrôle le spectateur dans cette histoire de lâcheté organisée et, par la faiblesse de l'homme, sans retour. Reste coincée dans son fauteuil roulant, une Sylvie Testut qui paralyse ses mots dans le trac tout en faisant face à un trio masculin beaucoup plus convaincants. Mais c'était la première. Pas bon d'aller à une première.

Baptiste Jacquet

Les superlatifs sont nombreux pour vanter cette pièce (adaptation de l'infernal Lambeaux par Charles Juliet) comme se révélant être LE spectacle de rentrée à Lyon.

Pour jouer nos suiveurs, et parce que nous n'avons pas encore vu la mise en scène de Sylvie Mongin-Algan et l'interprétation soi-racontant "pleine de justesse" d'Anne de Boissy, la course aux places en salle est ouverte.

Au préalable, nous rappelons aux futurs spectateurs que Lambeaux, c'est l'enfer. L'enfer d'une mère qui, parce qu'elle évolue dans une cambrousse peuplée de gens bien trop ordinaires pour elle, finira par mourir dans un asile psychiatrique. Effectivement pas drôle du tout mais important pour faire bouger les questions existentielles.

"Où est ma place aujourd'hui ? Demain ?"

Baptiste Jacquet

De cet ensemble architectural reconstruit dans la galerie-couloir, les méandres de murs colorés et rectilignes invitent à la perte de repères. Cette pièce aux dimensions réduites devient, par magie, un monde parallèle. Et c'est une nouvelle liberté dans le travail de Frédéric Rouach que cet affranchissement par rapport au lieu (même si celui-ci reste présent) et la création, à partir de la configuration de la galerie, de nouvelles lignes de fuite. Une installation qui laisse entrevoir une belle éclosion de l'artiste, autrefois en partage avec Yves Bélorgey ou en investissement de la galerie Salle de Bains.

État des lieux impératif.

Anne LS

Ce soir là, à l'étage, une tablée d'amoureux des mots suit un cours d'écriture thématique, sur le surréalisme. Les stylos des participants fument avant de se lâcher sur feuilles blanches.

Sous le plancher, le comptoir presse des bières à deux hommes en train d'éplucher la presse du jour. D'autres penchent la tête pour redresser les tranches de romans, bandes dessinées ou petits essais alignés sur les étagères. Enfoncé dans un sofa sixties, un couple discute du temps qui passe tandis que les derniers arrivants questionnent les responsables du lieu sur leurs incitations à échanger expériences de papivores amateurs, à rencontrer des écrivains ou, plus simplement, à boire un café les yeux chapardants quelques vers de poésie. Puis partir ailleurs, un peu moins cons.

Baptiste Jacquet

La relève sera là pour faire mentir ces pessimistes, dépités ou rageurs devant la mondialisation, la fin de l'indépendance de nos ex-journaux favoris ou la globalisation génératrices d'auto-censures et de petites choses stériles et bien marquettées.

On entend là : "Les médias sont faussement informatifs" ou "L'art est en Bourse".

On pleure ici, la "World Compagny" et ses linéaires en supermarchés.

Pourtant, peut-être à tort, j'optimise. Je ne peux que croire en la nature. Non, pas celle des vertes prairies et de ce genre d'oxygène à faire vomir un citadin ultra. Celle qui dicte sans soustraction possible : naissance puis croissance puis mort. Fin.

La nature appliquée aux entreprises (au sens large), c'est la même chose : un gros se fera manger par un petit qui lui-même se fera manger par un autre lorsqu'il sera trop gros et plus assez malin pour créer du bien.

Dès lors, une assemblée de désordre-fouteurs, publicateurs autonomes d'objets virtuels (sur le net) ou tactiles (sous presse) en design, dessins, photographie ou graphisme excite forcément. Et, de bonne nature, le Salon Light proposera un bon lot de ces spécimens du futur.

Chopés dans la luciolière de la création moderne et présents pendant ces deux après-midi de mise en lumière, John Magazine ou Kung Fu sont exemplaires dans le do it yourself brillant.

Promus à se diluer dans la masse... ou à en prendre le contrôle.

Baptiste Jacquet

Voilà Buck 65 : voix rocailleuse, débit accéléré sur un flow de visage pale. Même s'il apparaît désormais en duo avec sa girl sur quelques morceaux (sic - NDC), nous resterons définitivement fans du charmeur.

Enfant adoptif de la scène musicale de Halifax (Canada), il a sorti son dernier album, Secret House Against the World, en juin dernier soit un mélange idéal de ce que la musique américaine peut générer de meilleur : phrasé rude, réminissences blues, folk, hip hop, énergie pour le live et textes autobiographiques débridés. Même s'il s'éloigne avec cet album du déséquilibre séducteur présent dans ses précédentes productions pour baliser plus carré, le passage sur scène devrait donner à quelques morceaux trop lisses le décalage atypique qui agitait ce Wicked and Weird, extrait de son album Talkin'Honky Blues.

Anne LS

Belle moustache à l'horizon. Celle de Lucien Nicolet se taille fine. À l'image de sa musique produite pour des labels poils à gratter comme Mental Groove ou Perlon. De ses expéditions musicales sur le continent sud américain, il garde au chaud le groove. De son helvetie polyglote, il balade les sons entre le froid mécanique et les bizarreries acidulés. En équilibre sur une lame faucheuse de jambes, Luciano se positionne comme un dancefloor killer généreux et grand aventurier sonore.

Correction : Trop belle moustache.

Baptiste Jacquet

En prenant résidence mensuelle sur la péniche, le label Bee Records ouvre les vannes à fond les méga-basses.

Pour sa première, le flot électro sortira d'un live junglisant (mais pas seulement) de Milanese, signature du label Warp, de Cosmos 70 (voir en rubrique Spinaround) et de Slush en breaker fou.

Bee ! Bee ! Bee !

Et un de plus. Il ne passe pas un trimestre sans qu'un nouveau festival de musiques électroniques s'insère dans l'agenda culturel français et européens déjà en survolume. Nonobstant, par comparaison avec la surabondance de manifestations en classique, jazz ou rock, le mouvement digital est encore loin de se demander s'il n'est pas trop présent dans le paysage. Quoique à regarder la programmation et le déroulé arty du naissant NAME Festival de Lille (avec ramifications à Dunkerque pour finir à Maubeuge), il y ait de l'interrogatif dans l'air.

En premier lieu, les adeptes de House Music (et ses dérivés), d'électronica ou de jungle sont moins nombreux que les "rockers", poppeux et autres jazzmen de salons. Pour effet, l'envergure de telles manifestations ne peut tailller dans la masse que si elle ratisse sur les bords (parcours urbain et expos affiliées) et ajoute dans le convivial et le basiquement festif voire place des têtes d'affiches fédératrices ou un peu rock aptes à blinder une soirée sans gros risques.

La pure musique n'est pas secondaire. Elle est bien là mais se trouve presque prétexte à une féria fourre-tout vantant le sens de la fête d'une ville. Point. Et ce n'est déjà pas mal.

Ensuite, il y a un sérieux agacement à découvrir le line-up qui rassemble des djs surbookés, nouveaux cachetonneurs en tournée dans tous les festivals à l'instar de groupes de rock à la mode. Ici chez Martine Aubry, et malgrè tout notre bon ressenti à danser sur leurs mixes : Ivan Smagghe, Mandy, Jennifer Cardini ou Ellen Allien.

Enfin, la programmation dans son ensemble n'est qu'un conglomérat de ce que Trax Magazine, le seul et unique outil de visibilité purement électro à grande échelle disponible en France, encense sur la longueur de ses tristes éditions commerciales : une house minimale, blanche, un peu rocky et boostée par les boîtes de com (Phunk) ou grosses maisons de disques. À se demander si les programmateurs lisent la presse spécialisée étrangère ou écoutent les morceaux de jeunes artistes sur les sites internet de petits labels. Ainsi, pour NAME, et bienque fans des genres, les estimés de Trax seront là : Isolée, Losoul, Steve Bug ou My Robot Friend.

Ce premier festival nordique s'affiche, finalement, juste bien. Il ne se teinte, à regrets, d'aucun style fort comme c'est le cas, par exemple, pour Astropolis (résolument techno-puriste) ou Nuits Sonores (sous injections de rock blanc). Ce qui n'empèchera pas de suer comme des bêtes malades sur notre tiercé de favoris également de la party : Abe Duque, Ada et T.Raumschmiere.

Baptiste Jacquet

En produisant Amnesia en 1989, ce natif de Chicago ignorait certainement que, vingt six ans plus tard, les titres inclus dans cet album deviendraient des fondamentaux de la musique électronique : Son Can You Feel It ? fait toujours plein effet sur un dancefloor et de nombreux djs placent cet anthem dans leurs Top 10 de classiques "forever".

Certifié père de la Deep House (on se régale toujours de ces mélodiques Closer ou On My Way), Larry Head se replace dans l'actualité avec un nouvel ouvrage, Soundtrack from the Duality Double-Play et vient se faire idolatrer pour la première fois à Paris derrière les platines.

Sortie définitive de la quinzaine.

Baptiste Jacquet

Brazil ! Brazil !
Samedi 22 Octobre 2005

Région en Scène
Rencontres des
musiques actuelles
Du mer. 26 au ven. 28 Octobre 2005

The return of the
acid planet
feat. Funkstörung
Samedi 29 Octobre 2005

L'été 2004 unissait Uovo et le Palais de Tokyo pour la réalisation d'une exposition à quatre mains avec Richard Kern.

En septembre 2005, les pages du magazine sont projetés sur les vêtements de stylistes au FAD de Barcelone.

Cet automne, Paris les autocélébre au Milliardaire où ils convoquent le son de Keb Darge.

La revue Uovo est née sous l'impulsion d'une graphiste italienne issue du monde de l'art contemporain, désireuse de créer un magazine permettant de laisser s'exprimer, en totale liberté, la création contemporaine aussi bien sur les textes que sur les illustrations.

Trois ans plus tard, le bébé pèse 432 pages de sensualités et textes écrits à la plume fine. Une couleur dominante pour chaque numéro trace l'histoire créative de l'aventure éditoriale : noir, gris, jaune, rouge ou transparent se sont succédés avec cette revendication définitive et in english s'il vous plait : "colour is not a physic entity by itself. Colour is a quality of our visual sensation, and as it, a purely subjective entity".

Bien prétentieuse comme nous l'aimons, l'équipée définit son lectorat comme curieux, intelligent, ennuyeusement attiré par l'art, la philosophie et la Playstation ou encore, comme des insatiables amateurs de musiques, littérature et de cinéma, constamment à la recherche de l'émotion sensuelle offerte par la beauté, la classe et le style.

Pour celles et ceux qui se reconnaîtront, le prochain numéro tout rose est de sortie en novembre.

Anne LS

Résident depuis sa première platine (j'abuse ?) à L'Ambassade, club mythique et orienté Garage new-yorkais luxueux, Manoo fait parti de ces djs qui ont le nez collé au microsillons et peuvent parler pendant des heures d'un mix des Masters At Work ou des dernières productions de Joe Claussel. Pas le genre à fricoter avec le microcosme électro local. Juste trop discret. Ainsi, ce puriste en House Music soulfull et vocale passerait inaperçu dans les clubs de la région si son Traffic EP n'étant pas en train s'arracher des bacs dans les shops spécialisés ou en ligne chez les distributeurs musicaux européens. Pas une seule ligne dans les journaux du coin mais un buzz énorme dans la presse étrangère.

Comme quoi, "personne n'est pr..."

Nouvel enfant de Bee Records, sage-label d'un Paral-lel en pleine croissance (un ep est prévu tout bientôt pour le duo), Cosmos 70 tripote les machines avec des doigts cotoneux pour produire un cinq titres baladeurs entre contemplation et paranoïa sous camisole. De l'electronica à la lyonnaise aventureux. Les deux têtes seront visibles lors de la première résidence du collectif à La Marquise, jeudi 20 octobre 2005.

Jusqu'ici tout va bien pour le dj-producteur habitué à la mise aux culs d'un dandinage féroce à l'écoute du groove chicagoan et acidifié qu'il mixe pour nos soirées Freaks : Le nouveau maxi d'Arnaud Gratigny arrive la première semaine de novembre depuis l'usine helvetique Mental Groove. Et le fada du smiley qui fait rire en dansant testera ce bon sillon au Rex Club (ce samedi 15 octobre) avant de partager la tête d'affiche du Klubb Neat de Stockholm avec Jesper Dahlbäck (le 21 octobre).

Gold Chains
Crowd Control (Topher La Fata's Alternate version)
kitty yo

Lindstrom & Prins Thomas
Turkish Delight
Eskimo Belgium

Justice
Let there be light
Ed Banger France

Kiss Kiss Bang Bang
Every noise could be music
Neon Germany

Skat
Ur Not The Same
Karat

LCD Soundsystem
Tribulations (Tiga's Out Of The trance closet mix)
DFA UK