Des artistes lyonnais se
réunissent au sein d'un collectif WORX pour annoncer
la mise en route d'un nouveau projet artistique à Lyon.
Une association à géométrie variable
caractérisée par la volonté de passer
à l'action en mettant en commun leur savoir-faire et
énergies complémentaires.
L'occasion pour Beadoa Central Services de rencontrer Pascal
Poulain un des 6 plasticiens membre de ce collectif.
*Beadoa
CS : Vous avez déjà participé
cette année à la proposition d'artistes d'ouvrir
leurs ateliers à une déambulation. Vous rejoignez
un collectif d'artistes qui, de leurs initiatives, crée
un nouveau lieu d'échange artistique. Est-ce que ces
démarches correspondent à une volonté
actuelle de l'artiste de prendre ses distances avec les institutions
?
Pascal Poulain : Ce projet
est né sans esprit de rébellion. Mais plus le
fait que l'on connaisse de plus en plus d'artistes lyonnais
qui participent à des expositions un peu partout en
France et à l'étranger et qui se disent qu'ils
ont à présent la capacité, et la volonté,
de monter leur propre projet où ils exploiteraient
le réseau qu'ils ont tissé chacun de leur coté.
Il y a beaucoup de galeries à Lyon qui font déjà
des choses très bien, sauf que les personnes qui gèrent
ces lieux s'occupent de leur propre programmation en invitant
très rarement des commissaires indépendants.
*Beadoa
CS : D'où votre première invitation proposée
à la structure de production et de diffusion«
The store » ?
Pascal Poulain
: « The store »
est une équipe de 3, 4 personnes basée à
Paris qui réunit à la fois des commissaires
d'exposition indépendants et des artistes. Ils n'ont
plus de lieux actuellement, et notre première démarche
a été de leur démontrer qu'ils pourraient
agir de la même manière à Lyon.
*Beadoa
CS : Quand Sylvie Barré fait appel à vous
pour constituer ce projet, est-ce que votre réponse
se positionne dans un accord opportuniste ou est-ce qu'il
y avait déjà une réelle attente pour
ce type de démarche ?
Pascal Poulain
: En fait, on fait tous le
constat qu'il existe un vide. Il y a des lieux, des artistes,
des artistes dans ces lieux, mais nous avons aussi besoin
de construire des passerelles entre tous ces endroits. Pourquoi
ne pas par exemple inviter la BF15 à sortir
de sa place des Terreaux ? On ne veut surtout pas créer
un lieu qui entrerait en concurrence avec les autres en jouant
sur les mêmes perspectives de diffusion, mais plus un
endroit de connexion entre les lieux qui existent déjà
à Lyon, en France mais aussi à l'étranger.
Comme par exemple inviter l'association autrichienne Rotor,
qui rayonne déjà dans en Europe de l'Est, et
qui pourrait ensuite nous inviter chez eux. C'est peut-être
à ce niveau que l'on pourrait imaginer l'opportunisme
individuel, mais je pense sincèrement que sans tomber
dans la pure philanthropie ce projet est basé sur l'échange,
cumulé à l'envie de progresser individuellement.
*Beadoa
CS : Ou situez-vous la limite entre projet collectif et
expression individuelle ?
Pascal Poulain
: il faut savoir qu'actuellement
un artiste passe environ 70% de son temps sur des taches déconnectées
de sa création. WORX va nous permettre de mutualiser
les efforts perdus pour toutes les démarches administratives
et de communication pour nous libérer du temps pour
créer.
*Beadoa
CS :Ou se situe ce lieu ?
Pascal Poulain
: Pour l'instant le fort
du Bruissin à Francheville va nous servir de lieu
étape pour nous laisser le temps de nous mettre en
place en attendant le lieu définitif. La ville de Lyon
nous a beaucoup aidé dans cette recherche et va nous
mettre d'ici 5 mois une villa à notre disposition.
*Beadoa
CS : Vous avez donc déjà perdu votre indépendance
?
Pascal Poulain
: Vous connaissez des gens,
à part l'Etat ou un rentier, qui peuvent payer
un lieu assez grand pour recevoir des résidences d'artistes
? Nos relations avec la mairie sont basées sur la confiance.
La proposition de départ de Sylvie de rassembler des
énergies artistiques à Lyon leur plaît
beaucoup à l'image de ce qui a été fait
à Toulouse autour du collectif « A la plage
». Mais on ne souhaite pas s'institutionnaliser,
et on espère récolter différentes sources
de financement pour ne pas être trop dépendant.
En fait, chaque projet développe sa propre économie.
*Beadoa
CS : Pour cette première exposition, quelles ont été
les modalités de votre invitation à «
the store » ?
Pascal Poulain
: Au départ, on souhaitait
leur confier complètement le commissariat, mais avec
la distance ce n'était pas chose facile. On a donc
choisi l'équité, pas comme sur le carton d'invitation
(sic), en divisant en 2 salles le lieu disponible au fort.
D'un coté notre exposition, de l'autre une carte blanche
offerte à « the store » qui a invité
ses artistes autour d'un programme vidéo et des artistes
comme Boris Achour ou Joao Onofre. On veut surtout
donner le ton de ce que sera le projet WORX dans l'avenir,
d'où le nom « Relais Etape » de
cette exposition.
*Beadoa
CS : Si j'essaie de ramener cette initiative à l'actualité
de la « guerre contre l'intelligence », ne pensez-vous
pas que cette volonté de vous regrouper autour d'un
projet commun n'est pas finalement une réponse par
l'action à une lutte qui n'a pas été
tellement entendu du coté des artistes malgré
leur même dépendance au financement de l'état
?
Pascal Poulain
: je refuse de parler au nom
des artistes. Mais je sais que les intermittents on un statut
alors que les plasticiens non. On est dans une précarité
très peu relayée par les médias. Quel
est le statut d'un artiste contemporain ? L'ambiguïté
réside dans le fait qu'on est aidé d'une certaine
manière indirecte mais pas soutenu directement de l'autre.
On vit dans un système D et point barre. La problématique
des intermittents est plus populaire que la notre et on est
exclu de fait du débat. Quand 6 artistes se regroupent
pour réfléchir à la question de «
qu'est-ce qu'une exposition ? quelles peuvent être les
synergies possibles ? » bien sûr que l'on doit
être considéré comme des chercheurs qui
sont menacés par les réformes gouvernementales
actuelles. Si WORX peut aider des artistes qui n'ont pas de
lieu pour s'exprimer, alors oui notre réponse se situe
dans l'action et avec le soutien d'organisations municipales
et régionales. Lyon ne sera jamais Paris, mais je pense
assez bien connaître Lyon pour croire que cette ville
détient le potentiel pour que notre projet fonctionne.
Créer justement une émulation avec des gens
qui viendront de l'extérieur pour dynamiser son ronronnement.
Si on peut aider des artistes comme Zoé Gray
-curatrice indépendante-, qui après Berlin,
ne trouve pas de lieu pour exposer en France, alors on aura
réussi quelque chose de moteur pour tous les artistes
lyonnais. Des artistes qui seront eux-mêmes amener à
nourrir le projet en fonction de leur pratique artistique,
mais également graphique et d'écriture, et qui
en échange bénéficieront de cet ensemble
de données liées aux différentes modalités
individuelles de conception et de diffusion.
merci Pascal Poulain.
itw pour beadoa CS * Z2
L'exposition « RELAIS D'ETAPE » est un projet
de WORX (Lyon) (Sylvie Barré, Jean-Marie Boizeau, Ludovic
Chemarin, Anthony Musso, Pascal Poulain et Sylvie Sepic)
DIRTY BOULEVARD une carte blanche vidéo à
THE STORE (Paris)
Http://perso.wanadoo.fr/thestore /
contact : thestoreparis@hotmail.com
Un programme vidéo avec :
Boris Achour, Brume, 2004
Blanca Casas Brullet, Prendas, 2001
Julien Prévieux, Roulades, 1998
Gillian Wearing, Dancing in Peckham, 1994
+Une installation vidéo de João Onofre, Nothing
Will Go Wrong, 2001
Vernissage*
vendredi 30 avril
à partir de 18 heures
Exposition jusqu'au 3 juin au Fort du Bruissin à Francheville
(Lyon)
Horaires : Vendredi, Samedi, dimanche de 14h à 18h
FORT DU BRUISSIN
CENTRE D'ART
69340 FRANCHEVILLE
Tel : 04 78 59 66 66
mail : culture@mairie-francheville69.fr
Toutes les informations sur
www.mairie-francheville69.fr
Accès (à 20 minutes de Lyon) :
TCL ligne 30
directe Bellecour / Francheville Findez
Voiture direction Francheville - le - Haut
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