Bande
vitalic
Si
les musiques électroniques se réfléchissent
aujourd'hui comme des compositions raisonnées
et à fortes références ajoutées,
Vitalic rappelle qu'elles sont avant tout des attrape-tripes
et affaires de coeur qui collent au cul. Drague téléphonique
avec le producteur dijonnais, "hardcore party guy"
du futur présent.
Dans
la confidentialité des raves et manèges
à danser électro, réaliser un anthem
(tube liant qui déboîte tous les corps
et colle un sourire aux lèvres) est exceptionnel
: beaucoup de disques produits, des milliers de djs
sans les menottes des majors aux poignets, peu de relais
médiatiques pour fixer hors du lot un bon hit
à matraquer sur la radio du matin. Alors, il
y a des morceaux clandestins qui restent vénérés
par l'underground (mais ignorés des autres) pour
toujours ("Plastic Dream" de Jaydee)
et ceux qui deviennent stars majeures ("Da Funk"
de Daft Punk) ou bâtardisantes ("Go"
de Moby).
"Poney
EP" devient anthem au cours de l'été
2001. Sorti par le label allemand Gigolo Records, la
production est signée Vitalic. À l'étranger,
l'auteur prétend émigrer d'Ukraine et
produire sa musique à Munich. En France, Vitalic
s'appelait aussi Dima. Dima vit à Dijon et déconne
ses nuits à L'An-fer, feu club culte. Suivront
des remixes pour The Hacker ou Björk, quelques
maxis pour gonfler sa réputation de jeune poulain
fougueux et prèt à devenir tête
de file de la nouvelle vague d'électronique nationale,
celle de l'énergie, du traitement salace des
sons et qui fait tout mouiller. En scène, il
fanatise les filles et essoufle les mecs. Sur disque,
il écrit l'air du temps : rageur, sexuel et exaltant.
Allons,
répondez-nous maintenant, beau cowboy.
Baptiste Jacquet
|
beadoa
*
allo ? |
vitalic
* oui, je t'écoute.
|
beadoa
* bonjour. |
vitalic
* bonjour.
|
beadoa
*
Commençons, si vous le voulez bien, par cette
histoire de fausse biographie. Vous n'êtes pas
ukrainien ?
|
vitalic
* Non. Je suis français.
J'ai inventé ma propre biographie avec tous les
ingrédients de films un peu "à la
russe" dans tout ce qu'ils peuvent véhiculer
d'images horribles. En fait, c'était pour faire
une blague. Le coup de la prostitution masculine chez
les ressortissants des pays de l'est, ce genre de choses,
me semblait exotique.
|
beadoa
*
Il y a quelques années, vous étiez Dima.
Comment s'est faite votre "naturalisation"
en Vitalic ?
|
vitalic
* La raison principale est
qu'en tant que Dima, je faisais de la techno pure et
dure. Lorsque mes lives en sortaient, le public
suivait moins. Dès lors, avec Vitalic, musicalement,
je pouvais repartir à zéro vers de nouvelles
directions, peut-être plus disco ou plus rock.
Parallèlement,
Dima était signé sur step 2 house,
un label parisien pourave : les disques sortaient
à l'arrache sans suivi, ni accompagnement des
signatures. Changer de nom me libérait ainsi
d'une partie du contrat me liant avec ce label.
|
beadoa
* Comment avez-vous
"basculé" dans la musique techno ? |
vitalic
* Il n'y a pas eu de révélation.
C'est quelque chose que j'ai eu envie de faire progressivement
: j'ai acheté une machine puis une deuxième...
|
beadoa
* Vous
êtez un fêtard ou du genre autiste planqué
dans son home-studio ? |
vitalic
* Je suis un "hardcore
party guy". Je pourrais faire l'intello de
la musique mais je ne le suis pas.
|
beadoa
* Pourtant, sur
scène, vous portez le costume-cravate bien propret,
limite intello...
|
vitalic
* J'achète de beaux
costumes. Il faut bien que je trouve des occasions pour
les porter. (petit rire)
|
beadoa *
Personne ne se moque de
vous ?
|
vitalic
* Tu veux rire !? Mes potes
trouvent ça classe.
|
beadoa
* On
pourrait te taxer d'étudier ton image...
|
vitalic
* Apparemment
on me parle de plus en plus de ma tenue sur scène.
Mais, ce n'est pas quelque chose de prévu. Lorsque
j'arrive dans une ville pour jouer, j'ai tout un tas
de merdier et, au dernier moment, je décide.
Alors, c'est vrai que si je ne m'habille pas comme ça
pendant mon live, il y a parfois une sorte de
déception du genre "ouaih, tu n'es pas
venu avec la cravate". Mais, je n'ai pas envie
que ce soit automatique. Pour
ok cowboy, l'image homogène qu'il y a
autour de l'album ou les vidéos ne sont pas,
non plus, étudiées : j'avais envie que
ce soit comme ça. Nous ne nous sommes pas mis
à douze autour d'une table pour marketer ma tenue
vestimentaire, passer des coups de fils à New-York
pour valider. Peut-être
que, plus tard, je serais habillé comme une merde.
|
beadoa *
Pour appuyer sur ma question
précèdente, on a plus souvent l'habitude
de voir des djs ou producteurs portants des t-shirts
de labels sur un jeans. Quand tu vois Miss Kittin
au Sonar avec une foule au premier rang qui la
vénère, mate son look sexy et la prend
en photo, ça fait un peu rock-star. Toi, c'est
un peu pareil, non ?
|
vitalic
* (agacements dans
la voix) Mais, il n'y a pas de règles.
La techno n'a pas à être "comme
ça" ou le rock, "comme ça".
Toutes les rock stars ne sont pas obligées de
défoncer les chambres d'hôtel et les mecs
de techno d'avoir les lèvres en cul de bouteille
à se prendre la tête sur un live béta
puis d'en parler pendant des heures. Ce dernier peut
très bien avoir un comportement de rock star
et inversément. Personnellement, Caro (Miss
Kittin - NDLR) et, Michel (The Hacker
- NDLR) dans une moindre mesure, on ne fait pas
partie de cette scène là... de lunetteux.
Caro, peut-être un peu plus : elle aime bien les
Kompakt, ce type de milieux un peu intello, et
les fréquente beaucoup. Je ne me sens pas du
tout là dedans. Enfin, je n'aime pas particulièrement
me faire prendre en photo : je ne trouve pas cela très
naturel. Mais pour faire plaisir aux gars, aux meufs,
je peux donner un peu de ma personne sans en faire des
tonnes. Même si j'ai plutôt tendance à
filer dans les backstages après avoir joué.
Je suis distant d'une certaine manière mais pas
tant que ça parce que je n'ai pas envie de suivre
les codes.
|
beadoa
* Dans
le même trip "rock-star" : Avec toutes
les personnes qui t'adulent, tu peux aisément
finir en chambre avec l'une d'entre elles, une fois
ton live terminé ?
|
vitalic
* Tu veux savoir si je rentre avec trois greluches dans le
backstage entre chaque live ? Si on se met des
mains ? Tout ça ? Euh, pas trop, non.
|
beadoa
* Utiliser
les titres Poney Ep pour un maxi et Ok cowboy
pour un album, c'est un peu cavalier tout ça...
|
vitalic
* (sourire)
En fait, je ne me suis rendu compte que très
récemment qu'il y avait une continuité
dans les titres. Il n'y a cependant aucune relation
avec l'environnement du western ou une esthétique
à la Madonna. "Ok Cowboy", c'est
plus par rapport, justement, aux codes du milieu techno
ou de ceux du rock. C'est une attitude, celle de l'outsider
qui trace son chemin. Sur cet album, je n'ai pas composé
des morceaux de dingues pour en mettre plein la vue
ou d'autres plus "tranquilles" parce qu'il
fallait faire des trucs pas techno pour jouer son intéressant.
J'ai fait l'album que j'avais envie de faire : Il y
a une polka, des orgues... Des fois, c'est techno. Des
fois, ça ne l'est pas. Enfin, ce titre a été
un peu trouvé pendant une nuit de débauche
à Lille lorsque Terrence Fixmer m'a dit
que l'ensemble sonnait très
"tarlinlin...lin...tshouing
tshouing"... très texan.
|
beadoa
* As
tu une explication sur le fait que les stars françaises
de l'electro actuelles soient toutes trentenaires. Il
n'y a pratiquement pas de jeunots. Doit-on autant ramer
pour n'être reconnu que sur le tard ?
|
vitalic
* Pardon,
j'en aurai trente que dans deux ans. Tu n'as pas reçu
ma bio ?
|
beadoa
* Non.
Mais j'ai "1973" sur la mienne... la fausse.
|
vitalic
* je
suis né en 76 (énervement
dans la voix) On pourrait dire que j'ai ramé
si je ne m'étais consacré qu'à
ça ; si, à seize ou dix huit ans, je m'étais
dit :"J'arrête les études et je
serai Star à New York". Or, jusqu'en
2000, la musique n'était qu'un hobby. C'était
pour ricaner. Quand je faisais Dima, je tournais et
sortais des disques de temps en temps. Mais cela demeurait
secondaire par rapport à mes études. Je
n'attendais pas un succès particulier ou une
quelconque reconnaissance.
|
beadoa
* D'accord,
mais, depuis le début des 90s, on entend parler
de Miss Kittin, The Hacker ou toi. Il n y a pas vraiment
de petits nouveaux...
|
vitalic
* La musique électronique est censée être
assez libre. Pourtant, elle est très codifiée.
En général, en France (parce que ce n'est
pas valable pour l'Allemagne), les "jeunots"
qui rentrent dans le circuit vont, tout de suite, faire
"comme", mimer, sans se risquer à
adopter une position d'outsider. Ils commencent souvent
par les choses les plus "hard". C'est aussi
très instantané de faire de la techno
basique : elle peut s'écrire très vite
avec les ordinateurs et machines spécialement
étudiées. Du coup, toute cette production
à la chaîne se noie. Encore une fois, cette
remarque n'est valable que pour la France. Je ne sais
pas quel âge à Jackson, un parisien.
Lui, il est complètement outsider. En fait, si
reconnaissance doit arriver, elle se fait bien plus
tard. Il faut avoir une certaine culture et un peu de
couilles pour sortir du chemin. Par exemple, au départ,
Michel faisait du hardcore. Lorsqu'avec Caro, ils ont
sorti "1982", dans la fin des années
90, ils se sont fait laminer en France. Parce que ce
n'était pas du tout ce que l'on attendait d'eux.
Ce n'était plus hardcore techno mais un truc
un peu disco et cheesy. Donc, c'était forcément
"nul". A vingt ans, on ne te remarque même
pas. (silence). Je ne sais
pas. Je pense qu'il y a certainement des "petits
jeunes" mais on ne les repère pas toujours.
Lorsqu'ils sont visibles, c'est souvent en warm up
de soirées et, la plupart du temps, ils sont
à 145 bpm alors qu'il n'est que 23h30 : facile
et efficace tout de suite. Après, trente ans,
c'est encore jeune. Regardes, Beni Benassi, il
a eu son premier succès, "touch me, satisfaction",
à plus de quarante ans. (rires).
|
beadoa
* Pourtant,
en Angleterre, les jeunes producteurs arrivent plus
rapidement à obtenir une reconnaissance internationale...
|
vitalic
* En Angleterre, ils ont une culture plus couillue et, du
coup, partent musicalement dans beaucoup plus de sens.
En même temps, il y a tellement de soirées
et de musiciens que leurs disques peuvent se noyer dans
l'ensemble encore plus qu'ailleurs. L'Allemagne est
le pays où il est encore possible de se faire
remarquer assez tôt. Même si ça s'est
très assagi, il y a toujours, comme chez les
anglais, cette envie de recherche, de casser les codes.
|
beadoa
* D'Allemagne
est aussi arrivé le mouvement "électroclash",
assez formaté. Comment apprécies-tu ce
retour du rock dans la musique électronique ?
|
vitalic
* Il me fait très chier lorsque je sens que ce n'est
pas rock. Un rock doit sentir un minimum la transpiration
voire la bière. Si c'est pour entendre une petite
rythmique avec des guitares samplées et une meuf
qui hurle (il chante) :
"J'en ai marre ! L'hôtel n'a que quatre
étoiles !" Ça, ça m'énerve.
Tu vois : on fait du rock mais, en même temps,
il ne faut pas que ce soit trop dur. Le rock, c'est
quand même assez "ado". Quand
il devient trop esthétisant, il me fait chier.
Il y a certains trucs de rock où j'ai envie de
prendre un album des Stooges et de le donner
à ces groupes en leurs disant (intonation
dépitée) : "beh, voilà,
ça... voilà. Tiens, écoutes."
|
beadoa
* Ta
culture musicale est plutôt rock ?
|
vitalic
* Non, pas du tout. Ce que j'aime dans le rock, c'est l'énergie.
Il y a quelques choses dans certains morceaux rock :
une violence, une attitude adolescente très libre,
où on se lâche dans un trip d'ébriété.
J'essaie d'intégrer cela dans ma musique mais
je reste, avant tout, très disco.
|
beadoa
* Justement,
le disco est un style hédoniste, charnel, du
genre "I feel love" de Donna Summer.
Je me disais que ton live, tout en demeurant
orienté "techno", pue le sexe disco.
Est-ce que cette culture t'influence dans ta façon
de composer ?
|
vitalic
* Non car, en général, je me donne uniquement
des directions. Savoir si je veux un morceau calme ou
dur. Mais, non, je ne me dis pas grand chose pendant.
|
beadoa
* Lors
de la soirée d'inauguration de Sonar 2004, il
y a eu comme un problème pendant ton live. Le
son était pourri et on te voyait lever les bras
de dépit. Que s'est-il passé au Loft ?
|
vitalic
* Je sentais qu'il y avait un truc qui n'allait pas lorsque
je baissais mes retours. L'ingénieur du son n'était
pas à son poste alors qu'il y avait une colonne
d'enceintes qui crachait. Quand je me suis rendu compte
que je partais sur une seule "jambe",
j'ai préféré arrêter. Puis,
le mec est arrivé et a refait les branchements.
|
beadoa
* Lorsque,
sur scène, tu vois le public hurlait et être
complètement accroc à ta musique, comment
te sens-tu ? Tenir une foule dans tes mains...
|
vitalic
* Je n'y pense pas : ni avant, ni pendant, ni après.
Comme si j'étais une autre personne. Pendant
longtemps, je trouvais ça gênant de monter
sur scène et de me mettre en avant. J'ai toujours
fait du live mais je trouvais difficile d'être
"show off". Je le vivais assez mal. Maintenant,
je ne cherche plus à me cacher derrière
mes machines et évite de réfléchir
à ce qu'il se passe. Quand le public réagit,
c'est plaisant mais je n'intellectualise pas. Ça
fait juste du bien. (sourire).
|
beadoa
* Passer
d'une production musicale en dilletante, en hobby, à
un statut d'artiste globe-trotter médiatisé,
n'est-ce pas le début d'une vie contraignante
?
|
vitalic
* Je ne suis pas obligé de produire. Lorsque j'ai
vaguement émis l'idée de faire un album
après la sortie du Poney EP, tout le monde
s'est dit : "l'album, c'est pour maintenant".
Mais, pendant un an et demi, je n'ai rien branlé
parce que je tournais et n'avais pas envie de faire
de musique. Je ne me force jamais de produire si je
n'ai pas envie de produire. Il y a des gros trucs que
j'ai lâché parce que je n'avais pas le
temps... comme un remix de Franz Ferdinand. En
fait, je tiens toujours à ce coté "hobby".
On est pas du tout à l'usine. Après, il
est vrai, qu'il y a des contraintes d'organisation.
Mais tout se fait sans violence. Après mes études,
je me suis demandé ce que je voulais faire. J'ai
cherché du travail mollement parce que je savais
très bien que je n'avais pas envie de bosser
là dedans (il préparait un LEA russe et
anglais - NDLR). Et, progressivement, j'ai commencé
à tourner en France puis en Allemagne. On fait
les choses sérieusement mais toujours avec ce
coté : "j'en ai rien à foutre.
Je suis là pour me faire plaisir".
|
beadoa
* Tu
n'es jamais sous une forme de pression pour produire,
toujours et encore ?
|
vitalic
* Je suis assez mauvais pour me forcer. En général,
j'y mets beaucoup de mauvaise volonté et le résultat
ressemble à rien.
|
beadoa
* Bien.
Je n'ai presque plus de questions. Je t'envoie le rendu
de cet entretien pour simple lecture avant parution
?
|
vitalic
* Tu es libre d'écrire
les pires insanités. Justement, pour le coup
du Sonar, il y a un journaliste qui a écrit
dans Les Inrocks...
|
beadoa
* ...
que c'était le pire live du festival...
|
vitalic
* Exact. John Peel
était présent, ce soir là. Après
mon live, il m'a invité à venir
jouer sur la BBC. Qui avait raison ? le journaliste
des Inrocks ou John Peel ? Je préfère
suivre feu John Peel et jouer dans son émission.
La vraie histoire est que, quelques heures avant la soirée
du Loft, je m'étais pris la tête sur le
toit de l'hôtel avec un journaliste qui, au final,
était celui des Inrocks. Il s'est ensuite
vengé dans son article parce que je l'avais ridiculisé.
Mais il était vraiment trop naze comme gars.
(sourire)
|
beadoa
* les
mauvaises critiques te blessent-elles autant ? |
vitalic
* Il y a des lives qui sont
"des déconvenues" comme ce type
a écrit pour son magazine. Parfois, effectivement,
tout peut partir en vrille. Au Loft, à Barcelone,
il y a eu un problème sur le premier quart d'heure
du live. Oui, c'était catastrophique : le son
était nul. Matériellement, rien ne marchait.
À la suite de cette critique, j'ai visionné
la vidéo du live pour voir si j'étais
vraiment tout seul dans mon trip. C'était bien
sauf le début : à chier. Lorsque c'est
une vraie déconvenue, d'accord, tu vas écrire
que "Vitalic, c'est nul". Enfin, après
quatre jours de Sonar, tu peux avoir vu au moins 300
musiciens. Là, le mec fait son papier sur seulement
quatre artistes et un tiers du contenu s'acharne sur
moi. Cela m'a blessé parce qu'il a mélangé
son ressenti personnel par rapport à notre dispute
en privé et ce qu'il pouvait subjectivement écrire
sur le live.
|
beadoa
* Tu
épluches tout sur toi dans la presse ? Imaginons
qu'Alexis Bernier descende ton album dans Libération,
cela te blesserait ?
|
vitalic
* Il
ne l'a pas encore sorti son article ?
|
beadoa
* Non.
|
vitalic
* Au début, les mauvaises
critiques me choquaient vraiment. J'étais un
peu trop jeune. Après, en vieillissant, je fais
plus ma "vieille conne". (rires)
Elles ont moins d'impact. Cependant les critiques gratuites
m'énervent encore. Par exemple, un pote me transmet
le texte laissé par une meuf dans un forum sur
internet : "De son live aux Transmusicales
de Rennes, il n'y avait pas grand chose à
voir à part un grand chauve froid et distant."
Effectivement, je n'ai pas monté mon live à
8 000 personnes juste pour faire mon intéressant.
Et puis, je suis "chauve" parce que
je n'ai plus de cheveux. Et puis, je suis "froid
et distant" parce que je suis, quand même,
en train de faire de la musique et ne peux pas faire
le flamand rose ou ouvrir une boite de cassoulet en
même temps. Cela ne me blesse pas. Chacun interprète
la musique comme il l'entend. Enfin, qui croire dans
les médias ? Il y a des journalistes avec lesquels
tu fais des interviews et qui sont en train de se vautrer
par terre ou courir les bras en l'air en poussant des
petits cris aigus pour qualifier l'album comme génial.
Et il y en a d'autres qui vont le trouver nul et être
très agressifs. Là, tu ne vas pas envoyer
des gars pour leurs casser les jambes...
|
beadoa
* Ça
se faisait à une époque...
|
vitalic
* Ça se faisait !?
(sourire) Hier soir
(à Aix en Provence - NDLR), je me suis
pris la tête avec un grand saucisson de la région
et un mec qui écrit dans Trax. Juste avant
de rejoindre la scène, ces deux va-nus pieds
traînaient dans le backstage pour essayer de choper
un fond de vodka ou quelques bulles de champagne. Ils
n'avaient rien à branler là. Trois
minutes avant de jouer, celui d'Aix
en rajoute une couche : "Alors ? Tu fais la
tournée des campagnes ?" Il est con
ou quoi !? Il habite ici ! J'ai répondu : "Évidemment.
Et après, je joue dans une boîte à
culs de la région". Puis, je sors de
scène et un autre revient à la charge
: "Salut. Je suis pigiste pour Trax. Mais ?
ton live !? C'est du vrai live ou tu joues des séquences
?" Insupportable. (voix
moqueuse)
|
beadoa
* Tu
as tout de même fait la couverture de Trax
?
|
vitalic
* Oui. Mais avec ces deux
mecs, c'est mort. J'aime bien ne pas être complètement
lisse. Je vois parfois des djs frémir devant
le moindre pigiste parce que ce dernier pourrait écrire
des saloperies sur leur travail. Je n'ai pas envie de
faire de scandales. Mais lorsque les mecs me pètent
les couilles, je ne vois pas pourquoi je ne leurs dirais
pas.
|
beadoa
* Trax,
leur couverture est très souvent vendue aux maisons
de disques...
|
vitalic
* (voix carrée)
Nous ne l'avons pas acheté. Au départ,
je souhaitais ne faire que six interviews par pays.
Et puis, devant l'excitation réelle suscitée
par l'album, je n'ai pas voulu jouer mon Daft Punk
et en donne beaucoup plus. En fait, l'exercice ne me
déplaît pas. Par contre, j'ai toujours
dit à Pias que je ne voulais pas que l'on
achète de couvertures. J'ai fait celle de Trax
parce que certaines personnes de ce magazine me suivent
depuis longtemps et aiment mon travail.
|
beadoa
* Comment
vis-tu ton quotidien ? Es-tu enfermé dans un
"mileu" musical ?
|
vitalic
* En privé, je suis
séparé de la musique. J'aime bien lire
la presse sur les avions et sur les instruments. Pas
celle spécialisée en techno. Ce "milieu"
ne m'est pas essentiel. Mes potes musicaux sont Michel
(The Hacker - NDLR), Terrence Fixmer même si je
ne les vois que lorsque je voyage.
|
beadoa
* Ta
rencontre avec The Hacker ?
|
vitalic
* C'était au Rex
Club : Lors des présentations, j'avais un
sandwich en main. Sa première phrase a été
: "Je peux mordre dans ton sandwich ?"
Et il me l'a piqué. Sur ce coup là, je
le trouvais un petit peu con. Salaud ! (rires)
Quelques mois plus tard, nous nous sommes revus pour
un remix sur son label Goodlife. Il avait la
même impression pour ma musique que j'avais pour
la sienne : Ne pas savoir pas si l'on aime ou pas ce
que compose l'autre. Je lui ai quand même fait
le remix.
|
beadoa
* On
arrête là ?
|
vitalic
* Comme tu veux.
|
beadoa
* C'est
emmerdant car j'étais parti pour faire une interview
un peu "cul"... |
vitalic
* Tu n'as qu'à piocher
dans tes histoires et broder. Tu veux peut-être
savoir si je fais des trucs en groupe ? (sourire)
|
beadoa
* Non.
En moins intime, revenons sur ton costume. Il fait tomber
les filles ? |
vitalic
* Il installe plutôt une certaine distance.
Il ne donne pas envie de venir me mettre des mains au
cul, de me reluquer de manière général.
Avant, quand j'étais habillé "normalement",
j'avais plus tendance à recevoir des mains (rires).
|
beadoa
* Une
question peu inspirée. Le disque le plus sexy que
tu aies ententu, que tu écoutes ? |
vitalic
* Le morceau qui appelle
le plus à rouler des pelles ? Valérie
Dore, The Night.
|
beadoa
* un
truc italo-dance du milieu des 80's... |
vitalic
* oui, 84 en France.
|
beadoa
* C'était
quoi l'air déjà ?
|
vitalic
* (Il
fredonne à la perfection) "So
many things, we have / Why don't you stay with me tonight
?" Sur ce demi-slow, on peut aisément
imaginer les mains dans les falzars. Sinon, pour agiter
les membres inférieurs, Don't Stop Til she's
Get Enough de Michael Jackson. Ca donne envie
de se frotter.
|
beadoa
* Le
morceau le plus "sexe" que tu aies composé
?
|
vitalic
* (Silence).
Ce serait Repair Machines. Mais, par rapport
à ce genre de question, j'ai du mal à
répondre sur le pourquoi et comment d'un morceau.
J'ai besoin de recul. Il peut y avoir un coté
"cul" dans ma musique mais que je ne définirais
pas comme "sexy". Ce serait plutôt du
cul un peu chelou.
|
beadoa
* Dans
le genre prostitué de l'Est ?
|
vitalic
* Un peu dans ce genre là.
(sourire) Quand je te dis
que les morceaux sexy que j'aime bien sont Valérie
Dore et Michael Jackson, je sais très bien que
ma musique ne se positionne pas du tout là dessus.
Caro, par exemple, est vraiment dedans : Au niveau de
la voix avec son petit accent français. Moi,
c'est un peu plus déviant comme sexe.
|
beadoa
* C'est
quoi déviant ?
|
vitalic
* Non, je n'ai pas d'extravagances
particulières.
|
beadoa
* Pour
finir en "déviant" scabreux, euh, pouquoi
utilises-tu ce petit micro old school dans tes lives
?
|
vitalic
* Je le trouve beau gosse...
(rires) ...mon petit micro. Enfin, non, parce
qu'il est plutôt long. C'est assez subjectif du
coup. Non. Je ne pensais pas à ça lorsque
je l'ai acheté. (rires)
C'est un micro de... (coupure
soudaine dans la phrase) Tu vois, on est près
d'un aérodrome et il y a pleins d'avions qui
passent depuis toute à l'heure. Celui-ci, c'est
un Piaggio Aventi.
|
beadoa
* Tu
connais tous les modèles d'avions ! ?
|
vitalic
* Oui. Pardon. Je disais,
c'est un micro destiné, à la base, au
prise de son sur les percussions. Mais, il a un coté
fin seventies, début Champs Élysée,
que j'aime bien. En plus, c'est phallique... Après
réflexion, oui. Cela t'offre une bonne connexion
pour le sujet de ton article. N'est-ce pas ?
|
FIN
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